Tout mettre sur la table. Tel est l'objectif du gouvernement en lançant, ce mardi 28 novembre, un questionnaire en ligne à destination des startups. Pendant trois semaines, toutes les pépites françaises qui le souhaitent sont invitées à répondre à une série de questions, pour faire remonter du terrain les préoccupations des entrepreneurs et les freins qui pénalisent le développement de leur startup.
Ce questionnaire se divise en cinq grands thèmes : une présentation de la startup, l'identification de freins majeurs et les solutions que l'entrepreneur propose pour y remédier, puis trois parties qui entrent dans le détail de chaque frein qui pourrait être rencontré : loi ou règlement contraignant, instabilité réglementaire ou fiscale, difficultés d'accès à la commande publique, aux bases de données publiques, aux grands groupes ou encore aux organismes administratifs (Bpifrance, Service des impôts des entreprises (SIE), Régime social des indépendants (RSI), Ursaf, Pôle Emploi, Business France...). Le gouvernement veut aussi savoir si vous avez des difficultés de financement, d'accès au marché international ou de recrutement.
Enfin, les entrepreneurs peuvent s'exprimer librement sur tout autre sujet et déposer les documents qu'ils jugent utiles pour appuyer leurs propos. "Il n'y a aucun tabou, on veut vraiment tout entendre pour nous permettre de mieux vous connaître, mieux comprendre vos préoccupations et mieux y répondre", a expliqué Mounir Mahjoubi, le secrétaire d'Etat au Numérique, lors de la présentation du projet à l'Ecole 42.
Approche sectorielle et tour de France
L'approche est volontairement sectorielle, afin d'avoir une vision des besoins sur chaque secteur d'activité de la tech : Fintech/AssurTech, AdTech, IoT, HealthTech/BioTech/MedTech, FoodTech/AgriTech, RetailTech, GreenTech/CleanTech, Mobilité, Sécurité, Social, EdTech ou encore Tourisme.
A partir du 22 décembre, lors de la fin de la phase du questionnaire, commencera une grande consultation en ligne ouverte à tout l'écosystème des startups (entrepreneurs, investisseurs, fédérations professionnelles...), jusqu'à fin janvier.
Parallèlement, l'initiative a débuté depuis fin octobre un tour de France dans plusieurs métropoles françaises, qui doit se tenir jusqu'à fin janvier, pour aller à la rencontre, à l'occasion d'événements dédiés, d'une poignée d'entrepreneurs réunis autour de Mounir Mahjoubi. Des escales ont déjà eu lieu à Angers, Dijon, Lille, Paris et Montpellier. Lyon (6 décembre), Bordeaux (12 décembre) et Toulouse (21 décembre) sont prévues ensuite.
A partir de février, toutes les propositions seront traitées. Le gouvernement "réfléchira" ensuite à répondre aux besoins identifiés via des textes législatifs et des plans d'actions divers, par exemple un plan pour la croissance et la transformation des entreprises, ou encore une loi sur la mobilité.
Mieux vaut tard que jamais
Une telle initiative aurait probablement été plus utile il y a quelques années, lors que l'écosystème de la French Tech était balbutiant et que les freins au développement des startups étaient plus nombreux et bien plus contraignants.
Depuis 2012, une série d'initiatives gouvernementales (création de Bpifrance qui a irrigué le financement de l'ensemble de l'écosystème, Crédit Impôt Recherche, Mission French Tech et ses multiples opérations comme le French Tech Ticket, le Pass French Tech ou French Tech Diversité...) ont déjà traité les principaux freins, ce qui a permis à l'écosystème français de se développer très rapidement, au point de rattraper l'Allemagne et de concurrencer sérieusement le Royaume-Uni.
Les freins globaux que rencontrent aujourd'hui les startups françaises (difficulté à financer les très gros tours de table pour devenir des licornes, accès à la commande publique, relations toujours très embryonnaires avec les grands groupes) sont déjà identifiés par les médias, les fédérations professionnelles et même l'Etat, comme en témoigne la récente initiative de la Mission French Tech pour réveiller les grands groupes, ou encore le programme du candidat Macron.
Il y a donc dans cette initiative un volet "communication" visant à valoriser les progrès effectués et les initiatives en jachère. Quoi qu'il en soit, la bonne idée de cette consultation est de donner une plateforme d'expression à la société civile, et de chercher à aller dans le détail des enjeux des startups, secteur par secteur. Cette approche lui vaut d'ailleurs le soutien d'une trentaine de partenaires représentant l'ensemble de l'écosystème. La French Tech, Bpifrance, des fédérations professionnelles comme France Digitale, des incubateurs et accélérateurs comme Paris Pionnières, des fonds comme Ventech ou encore des entreprises comme Ubisoft ont répondu à l'appel.
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