L'épargne toujours autant plébiscitée par les Français : près de 6.000 milliards d'euros sont placés

Le patrimoine financier des Français reste largement investi en assurance vie, loin devant l'épargne réglementée de type Livret A, malgré un rendement plus intéressant cette année. Des centaines de millions d'euros dorment également sur les comptes courants alors qu'ils ne sont pas ou extrêmement peu rémunérés. Plus étonnant : près de huit billets en euros sur dix en circulation seraient gardés à la maison.
L'épargne des Français est en hausse de 54% par rapport à fin 2010 mais moindre qu'en fin décembre 2021, où elle a culminé juste au-dessus des 6.000 milliards d'euros.
L'épargne des Français est en hausse de 54% par rapport à fin 2010 mais moindre qu'en fin décembre 2021, où elle a culminé juste au-dessus des 6.000 milliards d'euros. (Crédits : Reuters)

5.726 milliards d'euros : tel est le patrimoine financier des ménages en France fin juin, selon les derniers chiffres disponibles de la Banque de France. Une somme difficile à se représenter qui est près de deux fois supérieure à la dette publique, et près de trois fois supérieure à l'ensemble de la capitalisation boursière des entreprises du CAC40.

Cette manne financière est en hausse de 54% par rapport à fin 2010 mais moindre qu'en fin décembre 2021, où elle a culminé juste au-dessus des 6.000 milliards d'euros, selon la banque centrale qui réalise un pointage tous les trimestres.

Surtout, les Français poursuivent une tendance déjà accentuée lors de la crise du Covid-19 pendant laquelle 142 milliards d'euros avaient été épargnés en plus. En période de crise, les foyers ont en effet tendance à moins consommer pour mieux anticiper l'avenir.

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L'assurance vie fléchit légèrement

L'épargne des Français repose dans de multiples supports : assurance vie, actions cotées, organismes de placement collectif (OPC), livrets réglementés, dépôts à vue... Parmi eux, l'assurance vie est le plus plébiscité. Quelque 18 millions de personnes disposent d'une assurance vie, soit un capital d'environ 100.000 euros par souscripteurs, souvent investi dans plusieurs contrats. Les sommes sont réparties en deux grandes catégories : les fonds euros, dont le capital est garanti et le rendement fixé chaque année par l'assureur, et les unités de compte (UC), des placements plus risqués qui n'offrent pas de garantie en capital pour l'assuré mais qui peuvent, les bonnes années, rapporter davantage.

Reste que, cette année, l'assurance vie tremble sur son piédestal. Elle est prise en étau par la concurrence de l'épargne réglementée et la piètre performance des marchés. Selon la Banque de France, son encours en valeur de marché a baissé de 220 milliards d'euros au premier semestre 2022, principalement sur les fonds euros.

Selon les derniers chiffres publiés par la fédération professionnelle France Assureurs ce jeudi 1er décembre, l'encours s'élevait à 1.827 milliards d'euros à fin octobre. En octobre, comme en août d'ailleurs, les sorties ont été supérieures aux versements sur les contrats faisant apparaître une décollecte de 300 millions d'euros (elle était de 700 millions en août). « Cela traduit un climat d'incertitude. La dégradation de l'environnement économique et financier et du climat des affaires génère des inquiétudes chez nos compatriotes et, au fond, un attentisme de la part des épargnants », explique Franck Le Vallois, directeur général de France Assureurs.

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Le livret A en outsider

Le livret A aussi a enregistré une décollecte en octobre. Les Français ont retiré 1,1 milliard d'euros de plus qu'ils n'en ont déposé, pour un encours de 368,5 milliards d'euros, d'après les chiffres publiés mi-novembre par la Caisse des dépôts et consignations (CDC).

Malgré ce changement de tendance après plusieurs mois de collecte record, ce mois d'octobre reste historiquement plutôt bon. Octobre est en effet un mois traditionnellement défavorable pour l'épargne et d'autant plus pour le Livret A, très liquide, notamment du fait des impôts locaux. Il faut ainsi remonter à 2012 pour avoir un mois d'octobre où les dépôts ont excédé les retraits.

Le livret A est souvent présenté comme le placement préféré des Français puisque 55 millions en ont un. Reste que son encours est cinq fois inférieur à celui de l'assurance vie. En cause ? Un plafond fixé à 22.950 euros, répondent ses détracteurs. En réalité seuls 4,3 millions de personnes (7,8%) avaient, du fait des intérêts capitalisés, dépassé ce plafond fin 2021, selon le rapport annuel de l'Epargne réglementée de la Banque de France. Les livrets A ne sont remplis en moyenne que de 5.800 euros à fin 2021, soit à peine le quart de leur capacité.

Ce produit, garanti, défiscalisé et qui permet de récupérer ses fonds très facilement, est regardé en coin par les banques puisque la rémunération qu'elles doivent servir - 2% depuis le 1er août, plus à venir en février prochain - pèse sur leurs marges. Ce rendement est aussi meilleur que nombre de fonds euros de l'assurance vie.

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700 milliards dorment sur les comptes courants, quelques milliers sous les matelas

S'il existe une grande variété de produits financiers en dehors de l'assurance vie et de l'épargne réglementée, une partie de l'argent des ménages n'est pas investie ou placée. La réserve qui dort sur ces comptes courants est même supérieure à celle déposée sur les livrets A et les LDDS réunis : près de 700 milliards d'euros à fin juin, selon la Banque de France.

Cet argent, pas ou extrêmement peu rémunéré, subit plus encore que les autres placements l'impact de l'inflation, mesurée à 6,2% sur un an au mois de novembre, selon une première estimation de l'Insee publiée mercredi (les chiffres définitifs seront connus mi-décembre).

La liasse de billets sous le matelas n'a enfin pas disparu. Près de huit billets en euros sur dix en circulation sont « thésaurisés », c'est-à-dire gardés à la maison, affirme la Banque de France.

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(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 01/12/2022 à 19:07
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Qui peut croire que les dépôts des comptes courants dorment? En réalité les banques font travailler tout le temps les dépôts de leurs clients (cf. EONIA) bien qu'elles ne rémunèrent pas les comptes courants.

à écrit le 01/12/2022 à 18:51
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Quand l'épargne est toujours autant plébiscitée par les Français cela... ne signifie qu'une chose... l'inquiètude et le peu de confiance dans l'avenir ! Rien de rose ! ;-)

à écrit le 01/12/2022 à 18:12
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"Surtout, les Français poursuivent une tendance déjà accentuée lors de la crise du Covid-19 pendant laquelle 142 milliards d'euros avaient été épargnés en plus." Oui, mais lesquels ? Souvenir : Les économies accumulées pendant la pandémie ont c...

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