Crise grecque : discussions de "Fonds" dans la zone euro

Le Fonds européen de stabilité financière (FESF) est au cœur des tractations au sein de la zone euro alors que débute une semaine cruciale pour la Grèce. Etendre un peu plus ses attributions et sa dotation pour tenter de sauver les pays membres en difficulté ou bien s'en tenir à l'accord du 21 juillet ? Les dirigeants sont divisés. Tour d'Europe.
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L'échéance se rapproche pour la zone euro. Athènes devrait se retrouver à court de liquidités dès le mois d'octobre et aucun accord sur le versement de la sixième tranche d'aide internationale n'est encore trouvé.

Bruxelles, au premier plan, met en avant le renforcement du Fonds européen de stabilité financière (FESF). "Nous réfléchissons à la possibilité de doter le FESF d'un effet de levier plus important pour lui conférer plus de force", a déclaré Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires économiques dans un entretien au quotidien allemand Die Welt.

Ce nouveau mécanisme pourrait consister, par exemple, à permettre au FESF d'emprunter directement des liquidités à la Banque centrale européenne (BCE) pour ensuite le réinjecter dans des économies en difficulté. L'autre proposition envisagée par la Commission consiste à revoir à la hausse la dotation de ce Fonds qui est pour l'instant de 440 milliards d'euros. "L'augmentation des moyens fait partie des discussions", a confirmé Amadeu Altafaj, porte-parole du commissaire européen.

Il est déjà prévu que les attributions du FESF, créé en 2010 pour venir en aide aux Etats de la zone euro qui affrontaient déjà des difficultés financières, soient élargies. Le 21 juillet, un accord signé par les représentants des dix-sept pays de l'union monétaire lui donne la possibilité de racheter de la dette publique d'Etats en difficulté sur le marché "secondaire". Il doit en outre être remplacé après 2013 par le mécanisme européen de stabilité (MES), qui aura les mêmes capacités de prêts. Le processus de ratification de cet accord par les membres de la zone euro est en cours.

Dotation du Fonds européen de stabilité financière

Prochains à voter, les membres du Bundestag en Allemagne se prononceront jeudi 29 septembre. A priori le vote est acquis puisque, non seulement le parti conservateur d'Angela Merkel (CDU), mais aussi l'opposition (SPD et Verts) ont prévu de donner leur feu vert à cette décision prise le 21 juillet, lors de l'accord international sur le deuxième plan de sauvetage de la Grèce. Il n'est pas question dans ce vote d'une augmentation de la dotation du FESF. Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, l'a réaffirmé ce lundi. "Nous n'avons pas l'intention de renflouer (le FESF)", a-t-il martelé au cours d'une interview télévisée.

L'idée d'augmenter la dotation ne fait pas non plus partie du "plan" néerlandais. "Il n'y a pas de plan aux Pays-Bas, et d'après ce que je sais pas non plus en Finlande, pour augmenter la somme d'argent mise dans le FESF", a en effet déclaré le Premier ministre néerlandais. Mark Rutte s'exprimait lors d'une conférence de presse à La Haye à l'issue d'une rencontre avec son homologue finlandais Jyrki Katainen. Le chef du gouvernement néerlandais a seulement indiqué qu'il discutait d'une amélioration de la flexibilité du Fonds de secours européen.

La Finlande, de son côté, n'a pas renoncé à ses exigences particulières de la part de la Grèce. Des demandes indépendantes du reste de la zone euro qui ont contribuer à faire ralentir les discussions.

L'Autriche, elle aussi, a fait savoir qu'elle n'envisageait pas d'accroître les capacités de financement du FESF. Elle s'oppose par ailleurs à l'idée d'une réduction de la dette grecque. "Nous n'avons pas besoin d'envisager maintenant si une décote est nécessaire ou pas. Peut-être qu'elle ne l'est pas", a expliqué Maria Fekter, ministre autrichienne des Finances à l'agence de presse autrichienne.

Audit en Grèce

Les regards se tourneront surtout vers Athènes. Le chef du gouvernement grec doit rencontrer son homologue allemande mardi dans la soirée. Surtout, les inspecteurs envoyés par la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) doivent retourner en Grèce cette semaine. La date de leur retour n'est pas encore précisée. Ils en étaient partis le 2 septembre, critiquant les retards pris par le pays sur son plan de rigueur.

Depuis, les craintes d'un défaut de paiement ont poussé le gouvernement socialiste de Georges Papandreou à mettre les bouchées doubles pour rassurer ses créanciers et s'assurer le versement des 8 milliards d'euros attendus en octobre. Trois annonces de privatisations devraient intervenir cette semaine. C'est ce qu'a indiqué ce lundi le secrétaire général chargé de ces dossiers au ministère des Finances, George Christodoulakis. D'ici la fin de l'année, Athènes a promis de récolter 5 milliards d'euros en dénationalisant certaines de ses entreprises.

Recapitaliser les banques

L'hypothèse d'une recapitalisation des banques est bien prise en compte à Bruxelles. "Nous devons assortir le travail de réparation du secteur financier d'une recapitalisation des banques", a ainsi affirmé Olli Rehn. Mais ce projet, déjà évoqué la semaine dernière, à contribué à l'inquiétude des marchés.

En France, où les établissements financiers sont en première ligne, le gouvernement a démenti avoir proposé notamment aux banques BNP Paribas, Société générale et Crédit Agricole, de les renflouer à hauteur de 10 à 15 milliards, contrairement à ce qu'affirmait le Journal du Dimanche ce week-end.

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