Le CSA refuse d'élargir l'offre de chaînes gratuites

reuters.com  |   |  983  mots

par Gwénaëlle Barzic et Matthieu Protard

PARIS (Reuters) - Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a annoncé mardi refuser le passage du payant au gratuit des chaînes de télévision LCI et Paris Première, infligeant un revers à leurs maisons mères TF1 et M6.

Dans un communiqué, le gendarme de l'audiovisuel, qui a également rejeté une demande similaire de Canal+ (Vivendi) pour sa chaîne de documentaire Planète+, précise avoir tenu compte de la conjoncture actuelle du marché publicitaire, de la situation encore fragile de certaines chaînes de la TNT et du risque de saturation de l'offre gratuite.

"Il lui est apparu qu'en dépit de leur intérêt et de leur qualité, toutes étaient de nature à créer des difficultés et des déséquilibres, portant atteinte à la préservation de la diversité éditoriale des chaînes diffusant actuellement sur la TNT gratuite", ajoute le CSA dans son communiqué.

Le régulateur ouvre toutefois la porte à une révision ultérieure de sa décision en faisant valoir que des "conditions de marché plus favorables" pourraient justifier un réexamen.

Sa décision en l'état remet en question le devenir de LCI et Paris Première, TF1 et M6 ayant signifié qu'elles ne leur voyaient pas d'avenir si elles restaient payantes.

Début mai, lors de son audition devant le CSA, Nonce Paolini, le PDG de TF1, avait clairement menacé de fermer la chaîne LCI, déficitaire et qui emploie 247 personnes, si elle devait rester dans le "ghetto sans avenir" du payant.

Lors d'une conférence téléphonique organisée mardi soir après la décision du CSA, Nonce Paolini n'a pas voulu dire si TF1 envisageait de fermer LCI. Il a en revanche indiqué que la chaîne d'informations en continu pourrait cesser d'émettre après le 31 décembre 2014 à la suite de la décision du CSA.

Prié de dire si LCI pourrait arrêter d'émettre après le 31 décembre 2014, le PDG de TF1 a répondu: "En l'état du dossier, c'est probable."

FORTES PRESSIONS

Nonce Paolini a aussi indiqué que le groupe allait étudier toutes les voies de recours contre la décision du CSA.

"La question, c'est celle de la pérennité de la chaîne", a pour sa part dit à Reuters Jérôme Bureau, le président de Paris Première. "On va tout faire, on va se battre pour que cette chaîne puisse donc vivre en 'payant' dans un univers qui va devenir certes compliqué mais où on essaiera de trouver notre place."

Sa maison-mère, le groupe M6, qui va reprendre les discussions avec les distributeurs de Paris Première, étudie parallèlement les recours possibles contre la décision du CSA, a fait savoir le groupe dans un communiqué.

En dépit des pressions, notamment sur l'emploi, le CSA, qui était appelé à prendre sa première décision majeure sous la présidence d'Olivier Schrameck, a finalement décidé d'opposer une fin de non recevoir à un nouvel agrandissement de l'offre de télévision gratuite, déjà élargie à 25 chaînes fin 2012.

La situation délicate du marché publicitaire a sans doute pesé lourd dans cette décision, l'arrivée de trois nouveaux acteurs gratuits risquant de saturer des ressources déjà limitées.

"Autoriser trois chaînes en clair dans le contexte actuel d'un marché publicitaire particulièrement morose était difficile", dit une source gouvernementale au fait du dossier.

Elle ajoute qu'il aurait été délicat pour le CSA de donner son feu vert à TF1 tout en bloquant M6. "A partir du moment où c'était trois ou zéro, ça devenait très difficile".

VERS UNE CONSOLIDATION ?

Interrogé sur RTL sur les conséquences sociales potentielles pour LCI, Olivier Schrameck a indiqué que cela relevait d'une décision propre à TF1.

"C'est la décision de TF1 et notre décision est claire c'est une analyse du contexte du moment c'est à TF1 de décider comment elle entend se projeter dans l'avenir", a insisté le président du CSA.

Selon les données de l'Irep et France Pub, les investissements publicitaires à la télévision en France se sont contractés de 3,5% l'an dernier. L'agence ZenithOptimedia table quant à elle sur une baisse de 1% pour cette année.

"La décision du CSA est selon nous positive pour l'ensemble du paysage audiovisuel français", estiment les analystes d'Exane BNP Paribas dans une note, en soulignant notamment que TF1 et M6, qui auraient dû consentir des investissements importants en cas de passage en gratuit, vont probablement être amenés à fermer leurs chaînes déficitaires ou tout juste à l'équilibre.

"Cela pourrait ouvrir la voie à de la consolidation et à une réparation du marché", ajoutent-ils.

Les actionnaires du journal Le Monde Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse se sont dits prêts mardi soir à reprendre LCI suite à la décision du CSA. Mais Nonce Paolini a souligné lors de la conférence téléphonique que la chaîne d'information en continu n'était pas à vendre.

NextRadioTV et l'Association des chaînes indépendantes ont salué la décision du régulateur.

"Le groupe Canal+ considère que cette décision du CSA est sage et responsable car elle tient compte à juste titre de l'équilibre économique global de la TNT en France", a quant à lui réagi le groupe de télévision payante dans un communiqué.

A la différence de TF1 et M6, Canal+ souhaitait le maintien de sa chaîne documentaire dans l'univers du payant mais avait sollicité son passage au gratuit en faisant valoir qu'un départ des chaînes phares LCI et Paris Première aurait condamné la TNT payante et ainsi privé de perspectives Planète+.

(Avec Alexandre Boksenbaum-Granier, Natalie Huet et Julien Ponthus, édité par Wilfrid Exbrayat)

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