Les banques courtisent Vivendi pour mettre en Bourse Universal

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Les banques courtisent vivendi pour mettre en bourse universal[reuters.com]
(Crédits : Arnd Wiegmann)

par Gwénaëlle Barzic, Mathieu Rosemain et Sophie Sassard

PARIS/LONDRES (Reuters) - Des banques courtisent Vivendi en vue d'une introduction en Bourse de sa filiale Universal Music Group, une opération qui valoriserait le numéro un mondial de la musique enregistrée en plein redressement jusqu'à 20 milliards d'euros, ont déclaré mardi les dirigeants du géant français des médias.

Plusieurs sources au fait du dossier ont dit à Reuters que les banques se pressaient depuis plusieurs mois pour vanter les mérites d'une mise en Bourse qui permettrait à la fois de faire ressortir la valeur de la pépite de Vivendi tout en permettant potentiellement au groupe de lever de l'argent en vue d'éventuelles acquisitions.

Selon certaines de ces sources, le groupe contrôlé par le milliardaire Vincent Bolloré pourrait coter dans un premier temps une part réduite du capital d'UMG - possiblement entre 10 et 15% - ce qui lui permettrait de garder un pied dans un marché de la musique en pleine rémission grâce à l'essor du streaming et des offres d'abonnement.

En 2016, Universal Music Group dont l'exceptionnel catalogue compte entre autres les Beatles, Serge Gainsbourg et Rihanna, a vu ses ventes progresser de 4,4%, porté par le bond de près de 60% des revenus tirés du streaming, ce qui a permis de compenser les difficultés en France de l'autre grande filiale de Vivendi, Canal+.

"Aujourd'hui, les estimations des banques qui nous proposent une introduction en Bourse peuvent aller jusqu'à 20 milliards d'euros", a déclaré le secrétaire général de Vivendi, Frédéric Crépin, en réponse à une question écrite d'un actionnaire lors de l'assemblée générale du groupe à l'Olympia.

"Le temps précisera la valeur de ce magnifique contenu et pour les autres questions, il est trop tôt pour y répondre, le marché de la musique étant en pleine mutation".

MARQUE D'INTÉRÊT À €13,5 MDS

Il a révélé à la même occasion que Vivendi avait reçu en 2015 une marque d'intérêt pour le label valorisant ce dernier à 13,5 milliards d'euros, plus du double d'une première offre reçue en 2013 d'un montant de 6,5 milliards d'euros.

Selon des sources concordantes, la marque d'intérêt la plus récente émane du magnat américain du câble John Malone, président de Liberty Media.

"Donc vous avez noté, ça valait 6,5 milliards, puis indication manifeste de 13,5, certaines banques disent 20 : Personne n'est capable de le dire tant que vous ne l'avez pas mis en Bourse un jour", a ajouté Vincent Bolloré, premier actionnaire et président du conseil de surveillance de Vivendi.

"Ces sommes évidemment sont à mettre en regard de la valeur comptable de la musique dans les comptes de Vivendi qui, je vous rappelle, est de l'ordre de six milliards et surtout de la capitalisation boursière totale de Vivendi qui n'est que de 22-23 milliards", a-t-il poursuivi.

L'entrepreneur s'est dit déterminé ce mardi à s'atteler au redressement de l'action Vivendi en Bourse, qui accuse une baisse de 2,7% depuis son accession à la présidence du conseil en juin 2014.

Les spéculations sont récurrentes sur la place d'UMG au sein du périmètre de Vivendi en raison notamment de la relative autonomie dont bénéficie ses dirigeants et des synergies jugées par certains limitées vis-à-vis des autres actifs du groupe.

En 2015, le fonds américain PSAM, actionnaire de Vivendi, avait argumenté en faveur d'une scission du label afin de faire ressortir sa véritable valeur, un scénario qui avait alors été catégoriquement exclu par les dirigeants de Vivendi.

Les analystes financiers évaluent en moyenne UMG entre 12 et 13 milliards d'euros.

Selon les sources, il n'y a pas de banque mandatée à ce jour pour travailler sur une éventuelle opération.

Interrogé par Reuters, Vivendi n'a pas souhaité faire de commentaire.

(Edité par Jean-Michel Bélot)