Zimbabwe : Les députés engagent la procédure de destitution

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Zimbabwe: mnangagwa dit avoir fui, appelle mugabe a demissionner[reuters.com]
(Crédits : Philimon Bulawayo)

par MacDonald Dzirutwe

HARARE (Reuters) - Le parlement zimbabwéen a engagé mardi le processus de destitution du président Robert Mugabe, alors que des milliers de manifestants étaient rassemblés dans les rues de la capitale Harare pour réclamer son départ.

Le président du parlement, Jacob Mudenda, a déclaré avoir reçu la résolution de destitution et les députés devaient se rendre dans un hôtel dans la journée pour entamer les procédures.

Parallèlement, des milliers de personnes étaient rassemblées aux abords du parlement pour appeler à la démission du chef de l'Etat, âgé de 93 ans, qui est au pouvoir depuis l'indépendance, en 1980. Les appels se sont multipliés pour réclamer ainsi sa démission, et mardi, c'est l'ex-vice-président Emmerson Mnangagwa qui a ajouté sa voix à ceux qui exigent son départ.

Robert Mugabe, qui s'accroche au pouvoir malgré l'intervention de l'armée mercredi dernier, a présidé mardi le conseil des ministres hebdomadaire, mais seuls cinq ministres étaient présents. Dix-sept autres avaient choisi de participer au même moment à une réunion de préparation de sa destitution.

"Le peuple du Zimbabwe a parlé d'une même voix et j'appelle le président Mugabe à entendre cette sonnerie de clairon (...) et à démissionner, de sorte que le pays puisse aller de l'avant", a déclaré dans un communiqué Emmerson Mnangagwa, qui a été porté à la tête du parti au pouvoir, la Zanu-PF, en remplacement de Robert Mugabe.

Le président sud-africain Jacob Zuma et son homologue angolais, Joao Lourenço, doivent se rendre mercredi au Zimbabwe pour accentuer les pressions diplomatiques sur le vieux chef de l'Etat.

Robert Mugabe est assigné à résidence dans sa villa, le "Blue Roof" (le Toit bleu), depuis l'intervention de l'armée dans la nuit de mardi à mercredi dernier pour l'écarter du pouvoir.

COMPLOT

L'armée est intervenue parce qu'elle craignait que l'épouse de Robert Mugabe, Grace, impopulaire, en raison notamment de son goût affiché pour le luxe dans un pays très pauvre, n'en profite pour succéder à son mari.

Emmerson Mnangagwa a toutefois été un homme clé de Mugabe pendant des décennies. Il est accusé d'avoir participé à la répression de ceux qui contestaient l'autorité du président.

Reuters avait rapporté en septembre que Mnangagwa complotait en vue de prendre la succession de Mugabe avec l'appui de l'armée. Ce complot prévoyait la mise en place d'un gouvernement d'union et de transition, avec la bénédiction de la communauté internationale, afin de permettre que le Zimbabwe se réinsère dans le concert des nations. L'objectif essentiel était de stabiliser l'économie du pays.

L'ancien vice-président explique avoir fui le Zimbabwe parce qu'il estimait sa vie menacée. Il dit avoir été en contact avec Mugabe et avoir été invité à rentrer mais annonce qu'il ne le fera pas avant que sa sécurité ne soit garantie.

"J'ai dit au président que je ne rentrerai pas chez moi tant que je n'aurais pas des garanties concernant ma sécurité personnelle, du fait de la manière dont j'ai été traité quand j'ai été limogé", déclare Emmerson Mnangagwa dans son communiqué.

Son souhait, dit-il, est de participer, avec tous les Zimbabwéens, à une "nouvelle ère" qui permette de reconstruire l'économie du pays pour le bénéfice de tous.

Sans attendre la destitution de Robert Mugabe, des centaines de milliers de personnes ont défilé samedi dernier dans les rues de Harare. Elles attendaient sa démission dimanche, mais, dans un discours prononcé en soirée, le chef de l'Etat est resté muet sur ce sujet.

(Danielle Rouquié et Eric Faye pour le service français)