Fiscalité : Trump promet "la plus grande baisse d'impôts de l'histoire"

Les grandes lignes de la réforme fiscale promise par Donald Trump sont présentées ce mercredi par le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin. Les grands bénéficiaires de ces annonces sont les entreprises. Mais la réforme doit encore passer par le Congrès, ce qui pourrait constituer une véritable épreuve pour l'administration américaine.
Grégoire Normand
La réforme fiscale de Donald Trump pourrait se heurter au Congrès dans les mois à venir.

Ce pourrait être "la plus grande baisse d'impôts de l'histoire" a annoncé Donald Trump la semaine dernière. A l'approche du bilan des 100 premiers jours du président américain à la Maison Blanche, le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin vient de présenter le "Trump Tax Plan". Ce programme qui comporte un ensemble de mesures à destination des entreprises et des ménages devrait avoir des conséquences importantes sur les finances publiques du pays.

Une baisse massive de l'impôt sur les sociétés

La réforme fiscale présentée par l'administration américaine se concentre sur trois points pour ce qui concerne les entreprises :

  • Pour les plus grandes entreprises, le taux maximal au niveau fédéral pourrait passer de 35% à 15% ;
  • pour les petites et moyennes entreprises ainsi que pour les sociétés individuelles, le taux plafonné d'IS pourrait passer de 39,6% à 15% ;
  • la Maison Blanche veut également faire passer de 35% à 10% le taux d'imposition des bénéfices réalisés à l'étranger par les multinationales et rapatriés aux Etats-Unis.

D'après des propos de Steven Mnuchin rapportés par l'AFP, "cela ne va pas être une nouvelle niche qui laissera les gens riches payer 15% d'impôts alors qu'ils devraient en payer plus. Cela va être pour les petites entreprises qui font marcher l'économie et elles en auront tous les bénéfices".

M. Mnuchin a également laissé entendre que cette réforme ne comporterait pas de taxes sur les importations. Cette idée pourtant réclamée par le président républicain de la Chambre des représentants Paul Ryan et d'autres élus devait servir en partie à compenser le manque à gagner des recettes fiscales liées à toutes ces coupes drastiques. Mais elle avait été contestée par des entreprises américaines qui indiquaient notamment qu'elle pourrait faire monter les prix dans les magasins au détriment des consommateurs.

Une simplification pour les ménages

Steven Mnuchin n'a pas apporté beaucoup de précisions sur la réforme concernant la fiscalité des ménages. L'ancien banquier de Goldman Sachs a surtout répété que son but était de simplifier l'impôt sur le revenu. "Pour la plupart des Américains, nous pensons qu'ils devront être en mesure de remplir leur déclaration d'impôts sur une grande carte postale", a-t-il dit. Cette simplification pourrait également passer par une diminution du nombre de tranches fiscales passant de sept à trois. Pour l'instant, le seuil du taux maximal et du taux minimal font encore l'objet de débats à la Maison Blanche.

Selon des analystes interrogés par Reuters, le projet de Trump pourrait plafonner le taux d'impôt sur le revenu à 33%, supprimer les droits de succession ou encore réduire les impôts des classes moyennes.

Pour les foyers américains, le plan prévoit également une exemption d'impôts pour 73 millions d'Américains qui gagnent moins de 50.000 dollars chaque année. Enfin, près de 30 millions de contribuables pourraient bénéficier d'une réduction d'environ 1.000 dollars tous les ans.

Un manque à gagner crucial pour les finances de l'Etat

La baisse spectaculaire de la fiscalité des ménages et des entreprises pourrait représenter un manque à gagner considérable pour les caisses de l'Etat. Surtout que Trump a prévu un budget avec des dépenses conséquentes notamment pour la défense et un plan d'investissements de 1.000 milliards dans les infrastructures.

>> Lire aussi : Budget américain : des coupes massives pour la diplomatie, l'environnement et les pauvres

Selon des estimations du think tank américain Tax Foundation, le manque à gagner pour le trésor public américain pourrait s'élever entre 2.600 milliards de dollars et 5.900 milliards de dollars sur la prochaine décennie. Les analystes expliquent une telle fourchette par les différentes hypothèses de réforme.

Un financement très incertain

Si les mesures concernant la baisse de la fiscalité des entreprises sont relativement précises, le financement de cette réforme semble beaucoup plus incertain. L'administration américaine soutient que de telles coupes pourraient relancer la croissance et que les recettes supplémentaires dégagées par une accélération de l'économie pourraient compenser le manque à gagner pour les finances publiques. Steven Mnuchin a ainsi déclaré que :

"Le président, moi et d'autres dans l'administration pensons fermement que nous pouvons atteindre un rythme durable de croissance de 3%. C'est tout à fait réalisable et la réforme fiscale en est un élément essentiel ainsi que la réforme des régulations".

Le secrétaire au Trésor a ajouté que le plan fiscal de Trump "se financera lui-même" en stimulant la croissance économique.

L'obstacle du Congrès

Bien que Trump veuille marquer les esprits avec ces annonces sur la fiscalité, ces mesures sont loin d'être approuvées. En effet, le paquet fiscal présenté par l'équipe du président américain doit encore obtenir l'aval de la Chambre des représentants et du Sénat. Selon Reuters, la réforme fiscale présentée par l'équipe du dirigeant américain pourrait "se heurter à certaines propositions déjà introduites dans un projet fiscal plus large mis au point par les républicains de la Chambre des représentants, ce qui pourrait compliquer l'émergence d'un consensus".

Par ailleurs, même si les deux assemblées sont contrôlées par les républicains, Trump ne cesse d'éprouver des difficultés pour mettre ses projets en oeuvre dans le pays. Ses deux mesures phares concernant l'abrogation de la loi sur la santé "Obamacare" et la fermeture des frontières réservée à certaines communautés ont échoué. Le projet fiscal du milliardaire pourrait également connaître le même sort.

>> Lire aussi : Trump gouvernera-t-il les mains libres ?

*Un graphique de notre partenaire Statista

Grégoire Normand

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Commentaires 4
à écrit le 27/04/2017 à 12:32
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Une baisse d'impôt pour les tres riche surtous, car vas falloir payer les hausse du budget de La Défense....ou alors recours à la dette ....

à écrit le 27/04/2017 à 11:58
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Les Grecs ne peuvent pas mettre en œuvre une telle politique étant donné que la grande majorité des entreprises et les salariés du privé ne paient pas d'impôts :-)

à écrit le 27/04/2017 à 7:52
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Pour lui et ses copains.....avant tout.....

à écrit le 26/04/2017 à 19:28
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Et pour les monceaux d'argent stockés hors USA, dont Apple avec toutes ses ventes à l'étranger, il prévoit quoi ? Une amnistie ? 5% ?

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