L'accord sur les céréales ukrainiennes au cœur des préoccupations du G7

En dépit d'un accord trouvé le mois dernier pour la prolongation des exportations de céréales ukrainiennes, les tensions restent vives sur l'Initiative céréalière de la mer Noire. Face à la pression mise par Moscou, les pays du G7 répliquent et demande l'application pleine et entière de l'accord.
Bien que l'accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes ait été prorogé, Moscou et Kiev ne se sont accordés sur la durée de validité du texte.
Bien que l'accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes ait été prorogé, Moscou et Kiev ne se sont accordés sur la durée de validité du texte. (Crédits : DADO RUVIC)

La question céréalière ukrainienne mobilise largement les esprits au cours des réunions des ministres du G7, préparatoires au sommet des chefs d'Etat qui se tiendra à Hiroshima du 19 au 21 mai sous présidence japonaise. Plus précisément, c'est l'Initiative céréalière de la mer Noire qui est au cœur des discussions, notamment en raison de la pression que fait peser la Russie sur cet accord qui permet l'exportation par bateau des céréales produites en Ukraine via des corridors sécurisés en dépit de la guerre qui sévit sur son territoire.

Cette Initiative s'est ainsi retrouvée au cœur du communiqué final publié ce dimanche par les ministres de l'Agriculture des pays membres du Groupe des Sept (ou G7, composé de l'Allemagne, le Canada, les États-Unis, la France, l'Italie, le Japon et le Royaume-Uni.), réunis pendant deux jours à Miyazaki pour « discuter des défis et des opportunités pour les futures politiques agricoles et alimentaires ». Ils ont appelé à « la prolongation, l'entière mise en œuvre et l'élargissement » de cet accord.

Déjà le 18 avril, les ministres des Affaires étrangères du G7 réunis à Karuizawa, avaient reconnus « le rôle capital que jouent les corridors de solidarité, l'Initiative céréalière de la mer Noire et le Programme sur les céréales en provenance d'Ukraine pour soutenir le rétablissement du secteur agricole ukrainien et prévenir l'apparition de nouveaux chocs dans les systèmes alimentaires. » Ils avaient dès lors appelé « la Russie à cesser de menacer l'approvisionnement mondial en denrées alimentaires et à permettre à l'Initiative céréalière de la mer Noire de fonctionner indéfiniment et au maximum de ses capacités. »

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Plusieurs millions de tonnes de céréales

Signée en juillet 2022 par la Russie, l'Ukraine, la Turquie et les Nations Unies, l'Initiative céréalière de la mer Noire a pourtant été prolongée le 18 mars 2023. Mais des tensions sont encore bien présentes. Communiquant sur la nouvelle, l'ONU ou Istanbul s'étaient alors bien gardés d'annoncer la durée de cette extension, quand les Ukrainiens se félicitaient d'une prorogation de 120 jours et que les Russes insistaient sur 60 jours.

Et comme l'indique Reuters, la Russie a prévenu à plusieurs reprises que l'accord ne serait pas reconduit au-delà du 18 mai à moins que les Occidentaux ne lèvent les obstacles visant les exportations russes de céréales et d'engrais. Ce sujet sera d'ailleurs sur la table lors de la rencontre prévue la semaine prochaine à New York entre le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.

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L'enjeu est de taille : en l'espace de huit mois, cet accord a permis l'exportation d'un peu plus de 23 millions de tonnes de céréales selon les Nations Unies. Près de la moitié a été livrée à des pays en développement (49 %), et quasiment à des pays développés (45 %) Seuls 6 % du total ont rejoint les pays les moins développés. La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement estime néanmoins que cela a « contribué à faire baisser les prix des produits alimentaires et à stabiliser les marchés mondiaux ».

Un avis qui n'est pas partagé par la Pologne, pourtant soutien de l'Ukraine, et la Hongrie qui ont interdit les importations de céréales ukrainiennes, accusées de déstabiliser leurs marchés agricoles. Ce qui a déclenché l'ire de Bruxelles.

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10 millions de personnes de plus touchées par la faim

Après avoir à nouveau condamné « la guerre d'agression illégale de la Russie contre l'Ukraine » ainsi que « les tentatives de la Russie d'utiliser la nourriture comme moyen de déstabilisation et comme outil de coercition géopolitique », les ministres de l'Agriculture se sont dits « préoccupés par l'impact dévastateur de la guerre sur la sécurité alimentaire dans le monde, notamment en raison de la flambée des prix des céréales, des carburants et des engrais, qui touche de manière disproportionnée les plus vulnérables. »

De fait, toujours selon les membres du G7, « la pandémie de COVID-19 et la guerre d'agression illégale de la Russie contre l'Ukraine ont exacerbé la situation alimentaire et nutritionnelle mondiale déjà difficile ». En se basant sur les estimations de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), ils déclarent que cette guerre a poussé 10,7 millions de personnes supplémentaires en situation de faim chronique en 2022, s'ajoutant aux 800 millions de personnes déjà touchées. L'impact est néanmoins bien plus faible que celui de la pandémie de Covid-19, estimé à 150 millions de personnes supplémentaires en 2020.

Les membres du G7 se sont dit également « prêts à soutenir le redressement et la reconstruction de l'Ukraine, notamment en partageant notre expérience, nos connaissances et notre expertise en matière de déminage des terres agricoles et en reconstruisant les infrastructures agricoles telles que les systèmes d'irrigation, les entrepôts et les installations de transformation des aliments détruits par la Russie ».

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