Elle avait été annoncée le 22 février dernier, soit quasiment deux ans jour pour jour après l'invasion russe : l'Ukraine va recevoir une troisième tranche d'aide qui a été approuvée, jeudi, par le Conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI). D'un montant de 880 millions de dollars, elle s'inscrit dans un plan d'aide de 15,6 milliards de dollars, adopté en mars 2023, accordé dans le cadre du mécanisme élargi de crédit (MEDC) et qui s'étale sur quatre années.
Un soutien qui est conditionné à la réalisation d'objectifs fixés un an plus tôt, lors de l'adoption de cette aide. Or, mi-février, une équipe du FMI a tenu des discussions à Varsovie avec des responsables ukrainiens et a ainsi mesuré les avancées du pays dont les besoins de reconstruction s'élèvent à 486 milliards de dollars, a-t-elle évalué.
À cette occasion, l'équipe du FMI a relevé que les autorités ukrainiennes avaient satisfait à tous les critères de réalisation quantitatifs - excepté un léger manque à gagner en matière de recettes fiscales en raison des blocus aux frontières - et aux quatre critères structurels prévus pour l'examen.
Le responsable de la mission du FMI en Ukraine, Gavin Gray, a également rappelé, lors d'une conférence vidéo, que le programme de soutien prenait comme hypothèse que le conflit entre Russie et Ukraine s'achèverait fin 2024. « Nous sommes toujours sur ce scénario », a-t-il expliqué.
Blocage de l'aide américaine
Si Kiev peut se réjouir du déblocage de cette nouvelle tranche d'aide, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a, elle, prévenu que « le rétablissement (du pays) devrait ralentir » cette année, pour cause, notamment, « de retards dans les financements extérieurs », tout en saluant la résilience de l'économie ukrainienne en 2023.
Des propos qui visent, notamment, les Etats-Unis. De loin le premier soutien militaire à l'Ukraine, ces derniers n'ont plus envoyé de grande enveloppe à Kiev depuis décembre 2022.
Et pour cause, l'adoption d'une nouvelle aide fait l'objet d'âpres négociations au Congrès américain depuis plusieurs mois, sans qu'une issue ne paraisse imminente à ce stade. Au total, la somme destinée à l'Ukraine s'élève à 60 milliards de dollars - sur une enveloppe totale de 95 milliards prévue également pour Taïwan et Israël. Elle reste toutefois bloquée en raison d'un veto d'élus républicains trumpistes. Si le Sénat a validé cette tranche d'aide, son adoption finale dépend en effet des partisans de l'ancien président républicain à la Chambre des représentants, qui refusent en l'état d'examiner le texte.
« Nous voyons déjà l'impact du fait que les États-Unis n'aient pas été capables de prendre une décision », a regretté, le 15 février dernier, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, interrogé sur le manque de munitions des forces ukrainiennes. « Mais je m'attends à ce que les États-Unis prennent une décision et que le Congrès (...) se mette d'accord pour aider l'Ukraine », a-t-il ajouté.
Utiliser les bénéfices des avoirs gelées de Russie
Du côté de l'Europe, les Vingt-Sept, réunis jeudi à Bruxelles, ont timidement progressé sur la voie d'une aide militaire accrue. Ils ont décidé « d'aller de l'avant » avec un projet visant à utiliser les bénéfices générés par les avoirs gelés de la Russie dans l'UE pour armer l'Ukraine.
C'est, en effet, la proposition du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, formulée mercredi. Une manne qui représente entre 2,5 et 3 milliards d'euros par an, selon lui. « Nous sommes déterminés à agir très rapidement afin de pouvoir utiliser une partie de cet argent pour soutenir l'Ukraine », a martelé jeudi soir le président du Conseil européen, Charles Michel, lors d'une conférence de presse.
Du « banditisme » et du « vol » dénonce Moscou
Cette mesure n'a pas manqué de faire réagir Moscou. La Russie a averti que « les Européens doivent être bien conscients des dégâts que de telles décisions pourront causer à leur économie, leur image, leur réputation de garants fiables de l'inviolabilité de la propriété », avait menacé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, mercredi.
« Les personnes, les États, qui seront impliqués dans la prise de telles décisions, deviendront naturellement l'objet de poursuites pendant de nombreuses décennies », avait-il ajouté.
La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a de son côté dénoncé une initiative qui s'apparente à du « banditisme » et du « vol ». « Ces actions constituent une violation flagrante et sans précédent des normes internationales fondamentales », a-t-elle affirmé, promettant une réplique de Moscou.
(Avec AFP)
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