Le compteur intelligent d'ERDF, baptisé Linky, va remplacer trois millions de dispositifs « classiques » d'ici la fin de l'année 2016. Une première tranche qui s'inscrit dans le processus de remplacement des 35 millions de compteurs électriques qui équipent actuellement les foyers français. Il s'agit de répondre à une directive européenne qui prescrit que 80% des compteurs domestiques devront être communicants à l'horizon 2020.

Satisfaire « aux nouvelles attentes de la société »

L'objectif de Linky est chiffré : d'ici 2021, le compteur communicant doit remplacer 35 millions de de dispositifs actuels, soit 90% du parc installé dans les foyers français. En termes de performances, ce système doit satisfaire aux « nouvelles attentes de la société », selon ERDF : les nouveaux usages de l'électricité (mobilité électrique, développement des énergies renouvelables), la préoccupation accrue pour la maîtrise de la demande d'énergie et la volonté des consommateurs de devenir des « consomm'acteurs ».

Un client maître de sa consommation ?

Linky doit permettre aux consommateurs « mieux informés sur leurs habitudes », grâce au suivi de consommation en temps réel, d'optimiser et de maîtriser leurs dépenses d'énergie. ERDF précise également que le dispositif aidera à réaliser des interventions chez le particulier « dans un délai plus rapide -de 1 à 5 jours-» et donc de diminuer les temps de coupure. Il développe aussi, rappelle son concepteur, « les possibilités de pilotage des équipements du logement (en plus de celle du ballon d'eau chaude), en fonction des signaux tarifaires ».

A noter que le remplacement du compteur, obligatoire, est gratuit pour le client. Linky promet en outre de protéger les données de consommation. « Le programme fait l'objet d'échanges réguliers avec la CNIL (Commission nationale informatique et liberté) et l'ANSSI (Agence nationale pour la sécurité des systèmes d'information) », ajoute-t-on chez ERDF.

Une information qui remonte

Le système mis en place autour de Linky repose sur trois composantes. Le compteur lui-même, installé chez le client, qui mesure la consommation, l'intensité et la puissance de l'électricité utilisée dans le foyer (consultables à tout moment).

Il exécute des demandes de téléopérations et transmet des données (index de consommation, courbe de charges, informations techniques...) -via un réseau basse tension- à un concentrateur, situé la plupart du temps dans un poste de distribution. Le tout grâce aux Courants Porteurs en Ligne -CPL-. C'est dans ces postes que sont traitées et stockées les informations reçues des compteurs. Informations transmises ensuite, grâce au réseau télécoms (GPRS), à un système d'information centralisé, installé dans une agence de supervision.

Celle-ci traite ces données de façon automatisée, les demandes des fournisseurs étant reçues par le biais d'un portail d'échange entre eux et ERDF.

Deux années de test

Linky a fait l'objet d'une phase d'expérimentation entre mars 2009 et mars 2011, dans l'agglomération de Lyon et dans plusieurs communes rurales d'Indre-et-Loire. Près de 300.000 clients ont ainsi pu jauger du processus d'installation du compteur et confirmer le coût global de l'opération. Ces deux années ont également permis de construire et de tester le système d'information.

Au total, dix entreprises et plus de 350 techniciens ont été mobilisés, rapporte ERDF. Il ressort de cette phase de test que 30 minutes sont nécessaires en moyenne à la pose d'un compteur, « moins de 1% des opérations de pose ayant donné lieu à une réclamation ».

Plus de 10 000 emplois à la clé

La conception, la fabrication du compteur Linky et de certains de ses composants ainsi que la pose doit générer, selon ERDF, « une activité correspondant à 10.000 emplois ».

L'installation des compteurs mobilisera à elle seule « jusqu'à 5.000 techniciens au quotidien, dans toutes les régions de France ». Les gains réalisés grâce au compteur Linky doivent venir compenser les investissements consentis par ERDF.

Pour ERDF, un enjeu commercial mondial

Ce nouveau compteur intelligent doit permettre à l'entreprise « de créer un standard de l'industrie du comptage évolué ». En clair, en faire une référence mondiale. La multiplication des projets de comptage communicants en Italie, en Suède ou aux Etats-Unis laisse malgré tout des perspectives internationales à Linky. « Il existe un fort potentiel de développement en Asie et en Amérique Latine », assure ERDF.

Selon un rapport du cabinet Navigant Research, le déploiement de ces nouveaux compteurs pourrait dépasser le milliard d'unités installées dans le monde à l'horizon 2020-2022. « Avec 35 millions de compteurs électriques à remplacer par des compteurs communicants, le programme Linky est aujourd'hui l'un des plus importants au monde dans ce domaine », affirme-t-on chez ERDF.