Construisons les réseaux d'une nouvelle Europe de l'énergie !

Le réseau européen du futur ne se contentera pas de transporter l'électricité et d'assurer la sécurité de l'approvisionnement. Il contribuera à la construction d'une "Europe durable", grâce à la "mutualisation" et l'optimisation des ressources énergétiques, d'une "Europe compétitive", grâce à des réseaux intelligents et innovants et d'une "Europe solidaire" et ouverte vers le monde.

Malgré les doutes exprimés de manière récurrente par certains, l'Europe de l'énergie est en marche. Et l'adoption définitive mercredi dernier par le Parlement européen du 3e paquet énergie, ensemble de textes stratégiques pour l'industrie électrique et gazière européenne, en est un nouveau témoignage. Dans ce cadre, les réseaux de transport d'électricité sont et resteront des infrastructures névralgiques, à la convergence des enjeux de demain, qui participent activement à la construction d'une Europe énergétique durable, solidaire et compétitive.

Ils contribuent d'abord, et depuis leur origine, à une "Europe durable", grâce à la mutualisation et l'optimisation des ressources énergétiques entre pays. Cette dimension sera renforcée demain, car il faudra à l'évidence de nouvelles infrastructures de réseau pour aller dans le sens d'un développement énergétique durable sur le continent européen. Le réseau est en effet nécessaire à l'atteinte des objectifs "20-20-20" que l'Union s'est fixés d'ici à 2020. Comme l'affirme le livre vert, récemment publié par la Commission européenne, "l'UE ne sera pas en mesure d'atteindre ses objectifs climatiques et énergétiques si de nouveaux réseaux, de meilleure qualité, ne sont pas mis en place". À titre d'exemple, les projets actuels de développement massif de l'éolien en mer du Nord ou de l'énergie photovoltaïque dans le sud de l'Europe ou en Afrique du Nord nécessiteront des réseaux entièrement nouveaux pour collecter et acheminer l'énergie depuis ces nouvelles zones de production jusqu'aux consommateurs. Ainsi, l'essor des énergies renouvelables, loin de supposer la disparition des réseaux européens, leur donnera au XXIe siècle un nouveau sens.

Les réseaux électriques sont aussi les vecteurs essentiels d'une "Europe solidaire". Les nouvelles lignes électriques transfrontalières sont utiles pour garantir une meilleure sécurité d'approvisionnement et plus de solidarité entre les pays, et pas seulement pour le développement du marché. Démonstration parlante lorsqu'en janvier dernier, suite à la tempête Klaus, l'alimentation électrique du département des Pyrénées-Orientales n'a tenu pendant cinq jours qu'au "fil "de la ligne haute tension venant d'Espagne. Ce qui, à l'évidence, confirme l'intérêt du projet, enfin en bonne voie, de renforcement des liaisons entre nos deux pays. Cette "Europe solidaire" doit être encouragée par l'Union européenne, et la logique des projets d'intérêt communautaire (réseaux transeuropéens d'énergie) doit être poursuivie et amplifiée. Pourquoi pas une participation européenne au financement de ces projets d'intérêt communautaire, notamment là où les interconnexions emploient des technologies innovantes, souvent plus onéreuses? Citons, encore, l'exemple du projet France-Espagne: le choix d'une solution technique novatrice (liaison souterraine à 400 kV en technologie courant continu) coûtera entre 500 et 750 millions d'euros, contre 80 millions pour le projet initial (ligne aérienne à 400 kV). C'est un signal fort de voir l'Union européenne, sous réserve de l'approbation du Parlement européen, envisager aujourd'hui d'aider ce projet à hauteur de 225 millions. Demain, le réseau européen sera aussi solidaire avec les pays tiers. En consolidant le marché intérieur avec l'appui des pays voisins, il accompagnera la politique extérieure de l'Union européenne. La "boucle électrique méditerranéenne", qui consiste à relier le réseau européen aux pays du pourtour sud de la Méditerranée sur 8.000 km, est un projet exemplaire, facteur de développement économique coordonné.

Les réseaux électriques européens sont enfin incontournables pour bâtir une "Europe compétitive". À court terme, l'investissement dans ces infrastructures s'inscrit au c?ur de la démarche des plans de relance européens. Les dépenses réalisées par les gestionnaires de réseaux de transport (GRT), qui sont dans chaque pays des "monopoles naturels", sont créatrices d'emplois non délocalisables, constituant ainsi un soutien conjoncturel particulièrement opportun à l'échelon européen. À plus long terme, l'étroite implication des opérateurs de transport dans la stratégie européenne de R&D sur les réseaux intelligents et innovants est aussi essentielle, à la fois pour définir de nouveaux matériels, garantir le bon accueil en toute sécurité sur le réseau des énergies renouvelables, anticiper et surveiller des flux électriques de plus en plus variables, et mettre en ?uvre des solutions technico-économiques innovantes en vue du rapprochement progressif des marchés. Barack Obama a fait de cette "révolution des réseaux" une de ses priorités; à l'Europe d'être à la hauteur de cet enjeu mondial !

Mais, pour développer les réseaux d'interconnexions européens, l'acceptabilité par les citoyens est un défi majeur. De plus en plus, les projets sont contestés, malgré la modernisation et le développement de nouvelles modalités de concertation. Nous devrons donc, demain, faire preuve d'encore plus de pédagogie pour expliquer nos missions de service public, répondre mieux aux craintes environnementales et sanitaires des citoyens européens, expliquer les enjeux d'intérêt général liés à l'énergie. À sept semaines du scrutin européen, c'est un beau défi que nous devons impérativement relever si l'on veut que l'Europe prenne une dimension concrète pour toutes et tous.
 

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Commentaires 2
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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L'exemple de la liaison France-Espagne (ligne 400 kV enfouie pour 500 à 750 M? au lieu de 80 M? initialement prévu) pris par M. Maillard doit être analysé avec la responsabilité que le choix opéré impose : si le coût d'une intégration non impactante ...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Pourquoi ne pas lancer l'étude d'un réseau EUROPEEN > 750Kv ?

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