C'est entendu, la république d'Irlande n'est pas la Grèce. Dublin n'a pas truqué ses statistiques pour faire croire que le pays respectait les critères de Maastricht et était digne d'entrer dans la zone euro. Ses citoyens paient leurs impôts et il n'est nul besoin de photos par satellite pour débusquer des fraudeurs ayant « oublié » de déclarer leur piscine au fisc. L'Irlande n'est même pas le Portugal. Elle affichait avant la crise un confortable excédent budgétaire quand Lisbonne était déjà « accro » aux déficits. L'ex-Tigre celtique a même été le premier des fameux « Pigs », selon l'acronyme anglo-saxon, à adopter de sévères mesures d'austérité. Dès février, le gouvernement de Brian Cowen a réduit le salaire moyen des fonctionnaires de 7,5 %. Et si le déficit du pays est abyssal, puisqu'il dépasse 32 % du produit intérieur brut, il est aussi ponctuellement gonflé par les aides massives que l'île a été contrainte d'apporter à son système bancaire. Des aides qui ne seront versées qu'une fois, ce qui laisse espérer un retour relativement rapide à meilleure fortune. Enfin, l'Eire peut légitimement arguer qu'elle n'a nul besoin de liquidités dans l'immédiat et peut attendre de recueillir les fruits de sa politique. Son refus de l'aide européenne que les Vingt-Sept veulent lui imposer pour calmer les marchés, est donc compréhensible. Tout comme son rejet de la mise sous tutelle qui va avec. Mais cela ne saurait justifier le compromis en cours de négociation à Bruxelles, qui verrait le plan de sauvetage s'appliquer, non à la république d'Irlande, mais à ses banques nationalisées. Laborieusement créé en juin, le fonds d'urgence pour la zone euro, le FESF, n'a pas pour objet de renflouer des établissements financiers, mais bien d'aider des États. Le chantage de Dublin est d'autant plus inacceptable qu'il n'a d'autre objectif que de protéger une souveraineté budgétaire et fiscale qui lui permet de maintenir à 12,5 % son impôt sur les sociétés. Un taux exceptionnellement bas, largement à l'origine du miracle économique irlandais, mais qui est aussi source de dumping fiscal. La crise irlandaise trouve son origine dans une bulle immobilière et une hypertrophie du système bancaire que les autorités de Dublin ont laissé prospérer. L'appartenance à la zone euro exige une forme de solidarité entre ses membres. L'Irlande ne saurait s'en exonérer.
L'Irlande, la dette et le dumping
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