Les Etats-Unis sont-ils à nouveau la locomotive du monde ?

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, les Etats-Unis sont-ils à nouveau la locomotive du monde ?
Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision de Xerfi./ DR

Le monde, et tout particulièrement l'Europe, a les yeux tournés vers les Etats-Unis. Et pour cause avec un PIB en hausse de 4,2% en rythme annualisé, la déconvenue du 1er trimestre a vite été effacée et le pays se dirige vers une croissance de 2,1%, sur l'ensemble de l'année, après déjà 2,2% en 2013.

Cela a l'apparence d'une bonne nouvelle. Une très bonne nouvelle, même pour les Européens tant les deux économies sont liées, la conjoncture américaine précédant généralement de 2 à 3 trimestres l'activité en Europe. Mais, attention, le lien est tout sauf mécanique et il s'est peu à peu distendu. Et c'est bien la crainte d'après l'institut Xerfi, la capacité d'entrainement des Etats-Unis est remise en question.

Le moteur a perdu de sa puissance

C'est ce que montre l'évolution sur longue période du PIB américain. Du milieu des années 80 jusqu'en 2007, la croissance progresse de 3,1% l'an en moyenne malgré des incidents de parcours, au début des années 90 avec la guerre du Golfe, puis au début des années 2000 après l'éclatement de la bulle internet. Mais ce qui change cette fois-ci, c'est que la crise de 2008-2009 semble bien avoir altéré le potentiel US, les Etats-Unis tombant à un rythme de croisière proche de 2% seulement. Un moteur moins puissant, c'est une capacité d'entrainement moins forte.

Mais ce n'est pas tout. Les composants de la croissance se sont également déplacés. Longtemps consommateurs en dernier ressort, les Etats-Unis par leurs importations diffusaient au reste du monde leur dynamisme. Un modèle totalement déséquilibré dont la conséquence fut une dégradation sans fin du déficit courant, un déficit tombé à près de 850 milliards de dollars courant 2006 (soit environ 5,5% du PIB de l'époque).

Si la remontée de 2008-2009 doit pour beaucoup à l'effondrement des importations, crise oblige, il faut voir dans la poursuite du mouvement la marque d'un modèle de croissance moins déséquilibré et beaucoup plus recentré : et cette année, le déficit courant sera ramené à 2,4% du PIB, alors même que le décalage conjoncturel des Etats-Unis avec le reste du monde devrait l'aggraver. Autrement dit la croissance américaine sollicite un peu moins le reste du monde.

Plus fourmis, moins cigales

Les Américains ont mis le holà sur leurs dépenses à crédit. Comme le montre l'évolution de la consommation sur longue période, le rythme tombant de 3,4% dans les années fastes à 2,2% aujourd'hui.

Mais les Etats-Unis ont aussi mis le cap sur la ré-industrialisation en misant sur des choix énergétiques radicaux, en jouant sur le faible niveau du coût du travail principalement dans les Etats du Sud avec en bout de course une production industrielle en hausse qui a restauré, puis dépassé son ancien record, de quoi mettre sous tension le parc de machines existant et relancer l'investissement. Dans un monde dynamique, cela ne pose aucun problème.

Mais dans un monde en surcapacité, une offre additionnelle c'est plus de pression sur les marges, c'est plus de pressions déflationnistes. C'est aussi une configuration où ce qui est gagné par les uns est perdu par les autres. La croissance revient aux Etats-Unis, c'est une bonne nouvelle... du moins pour les Américains... et eux seuls.

>> Plus de vidéo sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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Commentaires 17
à écrit le 06/10/2014 à 20:49
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Le miracle conjugué de la planche à billets et du dollar pécu, du vent..

à écrit le 03/10/2014 à 8:41
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Non, môssieu, c'est pas les US qui sont la locomotive du monde mais LA FRANCE !!!!

le 03/10/2014 à 11:51
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en tout cas ce n'est pas la même opinion des patrons anglo-saxons.

à écrit le 02/10/2014 à 15:56
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Il y a l'énergie que l'on achète et qui appauvrit, et l'énergie que l'on produit qui enrichit.

à écrit le 02/10/2014 à 12:29
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Y etant depuis 15 ans je confirme: ca repart fort et personne ne se plaint. Un monde de difference...!

le 02/10/2014 à 14:10
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personne ne se plaint ? c'est pas vraiment ce que l'on peut ressentir en lisant les commentaires sur les grands sites US d'info financière. on a plutôt l'impression que les gens ne se font pas vraiment d'illusions sur la qualité de la reprise.

à écrit le 01/10/2014 à 19:03
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surement pas. Tout y est malsain.

le 01/10/2014 à 20:45
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D'ailleurs je ne comprends pas le bien-fondé (si il y en a un !) de La Tribune en publier un tel billet. Du cirage de pompes ?

à écrit le 01/10/2014 à 17:21
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Je travaille beaucoup avec les US et cette année c'est reparti très fort. Les gens sont heureux, optimistes. Heureusement, car le marché français est en train de rattraper celui de la russie soviétique.

le 01/10/2014 à 19:04
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Rêve, toto...

le 01/10/2014 à 19:05
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Vous avez fait "Maïdan" aussi ?

le 01/10/2014 à 20:43
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Ce zozo du "vive la croissance US" me fait penser à ce mot de Coluche : "De tous ceux qui n'ont rien à dire, les plus agréables sont ceux qui se taisent."

à écrit le 01/10/2014 à 15:19
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La locomotive as besoin d'énergie pour avancer mais pour l'instant ils ont juste une puissance électrique mais pas de moyen de production propre infini .Son coût (général) est sous évaluer (mensonge de taux sur dette et actif) avec une façon guerriè...

le 01/10/2014 à 19:08
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Non sans rappeller les anciennes "locomotives de l'Europe", France et Allemagne, aujourd'hui sans plus de combustible tirent la gueule l'une à l'autre confinées au dépôt.

le 04/10/2014 à 17:23
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n'y a t il pas un côté un peu homo dans ces histoires de "moi je fais la locomotive tu fais le tandem, après c'est moi qui fait le tandem tu fais la locomotive…" ???

à écrit le 01/10/2014 à 15:03
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De nos jours avec tout ce qu'on sait des Etats-Unis, de leur dette astronomqiue, de leur sabotage en créer des faux taux de croissance, de leur planche à billets qui tourne sans plus de provisions, alors quand je lis un titre pareil mon envie c'est d...

à écrit le 01/10/2014 à 14:47
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"Les USA" n'est pas une locomotive mais plutôt un "trou noir"!

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