Amazon va payer ses salariés pour quitter leur job... et devenir livreur

L'ogre du e-commerce incite ses salariés actuels à démissionner pour créer leur propre entreprise de livraison. Amazon promet d'offrir 10.000 dollars et trois mois de salaire brut à chaque employé souscrivant au programme. Le but : assouvir ses besoins de livraison toujours plus importants, sans en supporter les coûts logistiques et salariaux.
Anaïs Cherif
(Crédits : Mike Segar)

Pour se constituer une armée de livreurs et maintenir sa position de leader du e-commerce, Amazon est prêt à tout. L'ogre du commerce en ligne incite ses salariés actuels à quitter leur job au sein de la firme... Pour créer leur propre entreprise de livraison. A la clé : la société de Jeff Bezos promet de fournir 10.000 dollars d'aides financières pour lancer son entreprise et trois mois de salaire brut, selon une annonce réalisée lundi 13 mai. Ces entreprises ont vocation à assurer la livraison sur "le dernier kilomètre".

Les employés qui choisissent de créer une entreprise de livraison devront officiellement quitter Amazon, a précisé la société. En contrepartie, elle promet de leur fournir un flux régulier de commandes et un accès à sa technologie de livraison. Les livreurs auront la possibilité de louer des fourgonnettes à l'effigie d'Amazon ainsi que des uniformes... De quoi garder les livreurs dans le giron de l'entreprise, à l'instar des techniques utilisées par les sociétés de livraison de repas, comme Deliveroo ou Frichti, qui incitent fortement leurs coursiers pourtant auto-entrepreneurs à porter des uniformes à l'effigie de leur marque. D'autres avantages seront négociables, comme "un soutien juridique et des options d'assurance", selon Amazon.

200 entreprises de livraisons créées depuis juin 2018

Valable aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Espagne, cette incitation fait partie du programme "Partenaire du service de livraison Amazon", lancé en juin dernier. Environ 200 entreprises ont déjà été créées, selon la société de Jeff Bezos. Un bon moyen pour la firme de Seattle d'externaliser sa livraison - pour livrer davantage de produits, toujours plus rapidement - mais sans avoir à supporter tous les coûts logistiques et salariaux. Les livreurs de ce programme pourraient traiter environ la moitié des commandes d'Amazon sur le "dernier kilomètre" d'ici 2022, selon un analyste interrogé par le Wall Street Journal. Amazon souhaite en effet réduire sa dépendance aux grands services de livraison, comme FedEx ou UPS, qui grèvent ses marges.

En s'imposant des délais de livraison toujours plus rapides, la société de Jeff Bezos a d'énormes coûts de distribution. Par exemple, elle propose à ses abonnés au programme Prime une livraison en un jour ouvré sur certains produits (Amazon revendiquait 100 millions d'abonnés dans le monde en avril 2018, Ndlr).

La livraison, le talon d'Achille des bénéfices d'Amazon

Au premier trimestre 2018, le bénéfice net réalisé par l'activité de e-commerce aux États-Unis et à l'international est de 2,19 milliards pour un chiffre d'affaires largement supérieur (52 milliards de dollars). L'entreprise est d'ailleurs uniquement rentable sur son marché domestique, les Etats-Unis, mais elle continue à perdre de l'argent dans le reste du monde (90 millions de dollars, contre 622 millions il y a un an) car elle n'a pas encore atteint un pallier d'utilisateurs suffisant pour compenser ses énormes coûts de distribution.

Fin avril, le directeur financier d'Amazon, Brian Olsavsky, a affirmé que le groupe s'apprêtait à débourser 800 millions de dollars au cours du deuxième trimestre 2019 pour améliorer ses entrepôts, ses infrastructures de livraison et réduire le temps d'acheminement.

Anaïs Cherif

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Commentaires 10
à écrit le 16/05/2019 à 9:19
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pure folie a double titre......la multiplication des camionettes de livraison.....en pleine taxe carbone, et l esclavage programmé...... une chose est certaine, je m interdis amazone......boycotte total....sans aucune concession

à écrit le 15/05/2019 à 20:57
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Ce serait bien qu'Amazon/DHL/... toutes ces boites étrangères, lisent les lois des pays dans lesquelles elles travaillent. Les colis devant les portes, jetés dans les balcons, jardins, chez les voisins qu'on connait pas ... C'est peut être autorisé ...

à écrit le 15/05/2019 à 20:53
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Eiffage aussi poussent certaines de ses catégories de salariés à se mettre en nom propre, en leur promettant du CA, avec l'illusion qu'ils gagnerait plus, bien sûr c'est faux. Et les désillusions sont grandes, entrepreneur en pauvreté, pas de droits ...

le 16/05/2019 à 9:01
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Et du jour au lendemain, la société peut couper les vivres à ces entreprises composées d'anciens salariés… …Hi! hi! Au revoir les indemnités de licenciement conventionnel ou les indemnités prud'homales…

à écrit le 15/05/2019 à 12:21
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du macronisme à l'état pur, le plein emploi de misère, travailleur pauvre statut bientôt unique ? il pourra se vanter de la baisse du chômage pour les prochaines élections....

à écrit le 15/05/2019 à 12:05
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Le paradoxe du truc, en fait l'E-commerce réduit nos déplacements, CO2, radars et cie, d'où la désertification des centres villes. Cerise sur le gâteau, des parcmètres de plus en plus chers ... bravo les élus. Fixer de...

à écrit le 15/05/2019 à 11:45
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La robotique prend son essor dans le domaine privé. Pas encore dans la rue (c'est très complexe avec les lois), d'où cette proposition. Le serpent va bientôt se mordre la queue, faute de clients avec du fric. Je suis ...

à écrit le 15/05/2019 à 10:12
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Un dumping social plus intelligent que celui de UBER. ON aimerait surtout que AMAZONE arrête d'humilier ses salariés dans ses entrepôts les humiliant tellement qu'obligés d'obéir à des machines. C'est un procès pour maltraitances qui devrait ...

à écrit le 15/05/2019 à 9:01
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L'esclavage moderne en plein développement après les chauffeurs Uber voici les livreurs Amazon rémunérés au lance pierre, horaire de travail non limité, pas de protection sociale, pas de retraite,... et tout bénéfice pour la société Amazon de Jeff Be...

à écrit le 14/05/2019 à 18:47
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Considérant l’empreinte carbone de ces livraisons du dernier kilomètre, l'impact sur le congestionnent des villes, les évasions fiscales pratiquées par ces entreprises et l'impact sur la concurrence, cad les petits commerces qui eux payent tout plein...

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