"L'Europe a besoin de davantage d'incubateurs de startups innovantes"

Peter Olesen, président de l'Institut européen de technologie, qui distinguera mercredi soir trois projets au potentiel disruptif de start-up de l'Union européenne, en est convaincu: l'avenir de l'Europe dépend de l'alliance entre entreprises et éducation à l'intérieur de hubs performants.
Pour le Danois Peter Olesen, qui préside depuis 2014 le Conseil d'administration de l'EIT, "il devient également de plus en plus indispensable d'attirer les investissement privés, y compris en dehors de l'Europe".

600 entrepreneurs, chercheurs, décideurs et étudiants provenant des quatre coins du Vieux-Continent pour discuter de l'Europe de l'innovation. Et 17 jeunes pousses sélectionnées pour se disputer trois prix, qui les consacreront en tant que startups, futurs leaders ou équipes les mieux capables de transformer les sociétés ou les économies européennes. L'édition 2015 d'InnovEIT, le forum organisé chaque année depuis 2012 par l'Institut européen de technologie (European Institute of Technology, EIT) - organe indépendant de l'Union européenne créé en 2008 afin d'encourager l'innovation - a ouvert ses portes mardi 5 mai à Budapest.

La kermesse vise à récompenser les meilleurs projets issus d'incubateurs disséminés sur le territoire de l'Europe mais encore peu connus: les Communautés de connaissance et innovation (Knowledge and Innovation Communities, KICs), partenariats transfrontaliers entre trois pôles: les entreprises, l'enseignement et la recherche. Depuis leur création, en 2010, ces synergies, qui gèrent aussi parfois des formations, s'enorgueillissent d'avoir été à l'origine du lancement sur le marché de plus de 120 nouveaux produits et services et de la naissance de 141 start-up. Pour Peter Olesen, qui préside depuis 2014 le Conseil d'administration de l'EIT, Il s'agit d'une démarche indispensable et qui a encore de l'avenir devant elle.

La Tribune: Quelles sont selon vous les forces et les faiblesses de l'Europe en matière d'innovation?

Peter Olesen: Par rapport aux Etats-Unis et à certains pays d'Asie, l'Europe se trouve clairement aujourd'hui face à un paradoxe. D'une part, elle dispose de nombreuses ressources et d'industries performantes. De l'autre, le développement d'une véritable capacité d'innovation a été trop longtemps négligé. Pour des raisons culturelles, ainsi qu'en raison de la fragmentation de l'Europe en divers systèmes nationaux, les trois éléments du puissant triangle vertueux de l'innovation - entreprises, enseignement et recherche - ne sont pas suffisamment intégrés. L'esprit entrepreneurial n'est pas encouragé à l'Université, les enseignants et les étudiants n'interagissent pas assez avec l'industrie. Ceci est exactement ce que l'EIT veut contribuer à changer, en favorisant la coordination entre pays et institutions. La diversité, si mise à profit, est une ressource avant d'être un obstacle pour l'innovation.

Quelles doivent être, selon vous, les priorités en termes d'innovation en Europe pendant la prochaine décennie?

Il faut mettre l'accent sur le développement d'une culture entrepreneuriale, d'un porte-feuille d'idées de valeur. L'Europe a donc besoin de nouveaux incubateurs, non seulement plus nombreux mais aussi conçus à une plus large échelle et à plus long terme. La durée de vie des KICs, supérieure à sept ans, est justement ce qui les rend plus efficaces dans l'identification et l'accompagnement des projets qui ont un avenir, des innovateurs de demain.

Il devient également de plus en plus indispensable d'attirer les investissement privés, y compris en dehors de l'Europe. C'est pour cette raison que les KICs ne sont financés qu'à 25% par l'Union européenne: le fait d'avoir été capables d'attirer 75% d'investissements privés est la meilleure preuve de leur efficacité.

Comment améliorer encore l'apport de l'UE, notamment de l'EIT, à l'innovation?

Nous devons élargir encore notre action, en installant des KICs dans davantage de pays, mais aussi en les étendant à davantage de secteurs. Aujourd'hui, seuls cinq domaines sont couverts: le climat, les technologies de la communication, l'énergie, la santé, les matières premières, auxquels s'ajouteront d'ici à 2020 l'alimentaire, l'industrie manufacturière et la mobilité urbaine. Il s'agit maintenant de commencer à réfléchir à ceux qui devront suivre. La décision, politique, appartient à la Commission européenne, en accord avec le Parlement et le Conseil de l'UE, en fonction de l'impact stratégique que chaque choix pourrait avoir sur la société européenne.

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Commentaires 3
à écrit le 06/05/2015 à 17:02
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Nos élites n'ont pas d'idées ? Ils ont tué l'esprit d'initiative dans les entreprises, et cherchent à s'approprier les idées des jeunes qui croient encore qu'il suffit d'une bonne idée pour devenir riche... C'est comme quand ont dit que devenir indép...

à écrit le 06/05/2015 à 16:09
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Mouais... Ces incubateurs sont de fait des exceptions au droit commun, en particulier fiscal, et subventionnés. Tout ça pour quoi? Pour que nous servions de relais de croissance aux multinationales? Quel intérêt?

à écrit le 06/05/2015 à 16:08
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Mouais... Ces incubateurs sont de fait des exceptions au droit commun, en particulier fiscal, et subventionnés. Tout ça pour quoi? Pour que nous servions de relais de croissance aux multinationales? Quel intérêt?

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