"J'appelle publiquement tous les propriétaires à baisser les loyers de 5 euros par mois." Par cette déclaration prononcée mardi lors d'un discours devant les préfets à l'Elysée, Emmanuel Macron a surpris son monde. Si le président de la République réclame une baisse des loyers pour compenser celle de 5 euros des APL, qui va entrer en vigueur au mois d'octobre, le marché locatif n'avait pas attendu cette annonce pour faire son office.
Selon les données de l'observatoire Clameur publiées le 5 septembre 2017, les loyers ont baissé depuis le début de l'année (de janvier à août 2017) dans 64,1% des villes de plus de 100.000 habitants. Si on ajoute à cela les 25,6% de villes dans lesquelles les loyers progressent moins vite que l'inflation, on arrive à près de 90% de grandes villes dans lesquelles les loyers ont été contenus. En réalité, la hausse des loyers en 2017 n'est supérieure à l'inflation (0,6%) que dans trois villes : Lyon (2,1%), Nîmes (+2%) et Lille (+1%).
Les baisses records ont été constatées à Rennes, - 3,6% pour descendre à 11,7 euros le mètre carré et au Havre, -3,5% à 10,7 euros le m2. Viennent ensuite Marseille, -2,7% à 12 euros le m2, Villeurbanne, -1,8 % à 12 euros le m2 également, et Grenoble, -1,8% à 12 euros le m2.
Une demande atone et en difficulté
Pour ce qui est des variations de loyers à la relocation (entre deux locataires), ils sont en baisse de 0,8% en 2017, augmentant toutefois légèrement à Paris (+1,7%), et à Lyon (0,2%). Mais si on se base sur les relocations sans travaux, alors "les loyers baissent partout et fortement lors du changement de locataire : 5,5% sur Paris... et même 8,7% sur Marseille", note Clameur dans son baromètre.
L'auteur de l'observatoire Clameur, Michel Mouillart, professeur d'Economie à l'Université Paris Ouest, explique cette baisse générale des loyers par "l'affaiblissement général de la demande". Il relativise, voire réfute, l'impact de l'encadrement des loyers (entré en vigueur à Paris en 2015 et à Lille en février 2017) car la baisse "se constate aussi sur des territoires non concernés par l'encadrement", avec des "baisses de loyer de plus de 3% dans 6 départements sans marchés "tendus" (Aisne, Ardèche, Haute Marne, Nièvre, Vosges et Territoire de Belfort". Il ne faut donc "pas confondre efficacité des dispositifs d'encadrement des loyers et conséquences de l'atonie de la demande et de ses difficultés budgétaires", conclut-il.
Pourtant, l'efficacité de l'encadrement des loyers avait été évoquée par la dernière enquête annuelle de l'Olap (observatoire des loyers de l'agglomération parisienne), qui faisait état d'un très net ralentissement de la hausse des loyers à partir de 2014, année d'adoption de la loi Alur. C'est justement le "saut à la relocation" qui avait été considérablement réduit.
*Graphique réalisé par notre partenaire Statista.
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