Le marché de l’art s’échappe des salles de ventes

La vente en ligne d’objets d’art a le vent en poupe. Au niveau mondial, la croissance est phénoménale, au détriment des salles de vente. Et la prépondérance du digital chez les nouveaux acheteurs pourrait bien amplifier le phénomène dans les prochaines années.
Hugo Baudino
Le site Expertissim.com vous permet d'acheter des œuvres rares en quelques clics.

Acheter une œuvre d'art avec son index n'est pas chose nouvelle. En effet, lever la main est traditionnellement la méthode utilisée pour enchérir en salles des ventes. Mais votre doigt peut désormais être utilisé pour acheter une œuvre d'art sur votre smartphone ou votre ordinateur.

Ainsi, une démarche qu'on pensait trop lourde d'implication personnelle pour être complètement dématérialisée peut maintenant être réalisée sur de nombreuses plateformes numériques, et cet usage gagne du terrain. Pour preuve, une étude réalisée par Hiscox évoque un marché de la vente d'art en ligne représentant 2,848 milliards d'euros en 2015 au niveau mondial, soit une augmentation de 24% sur un an. La hausse est d'autant plus significative qu'elle est couplée au recul du nombre de ventes aux enchères traditionnelles, évalué entre 7 et 11% selon les analystes.

La France à la traîne ?

Barneby's a publié un rapport sur la vente aux enchères en ligne pour lequel cet acteur majeur du secteur a réalisé un sondage auprès de 1.407 personnes réparties dans ses cinq principaux marchés (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Allemagne et Suède). Les sondés français n'étaient que 29% à être également des acheteurs sur les plateformes de vente aux enchères en ligne. Les quatre autre pays font mieux, avec une mention spéciale pour l'Allemagne, pays dans lequel 63% des personnes interrogées ont déclaré avoir acheté aux enchères via internet.

Sondage Barneby's

La France serait-elle en retard sur la vente en ligne d'objets d'art ? A voir la multiplication des sites spécialisés ces dernières années ; Expertissim, Artsper ou encore Artdesannonces.com pour ne citer qu'eux, un tel constat serait un jugement hâtif. Artdesannonces.com, créé en 2012, vient même de tenter une diversification en lançant une application mobile. Ainsi, en tant que féru d'art, il vous sera possible d'acheter une des 2.000 œuvres proposées par le site directement depuis votre mobile, presque aussi facilement qu'une commande de VTC ou de livraison de nourriture à domicile.

Ces nouvelles façons d'aborder l'achat d'objet d'art sont également destinées à conquérir un nouveau public, plus jeune, moins réticent au fait de se passer d'une salle de vente traditionnelle, et donc la possibilité de voir "en vrai" les œuvres proposées. Ainsi, Barneby's évoque "l'attrait des jeunes Français" pour la vente en ligne d'objets d'arts. Le taux de sondés ayant déjà acheté une œuvre d'art aux enchères digitales grimpe d'ailleurs à 37% pour les 18-35 ans. Harold Hessel, commissaire-priseur chez Expertissim, corrobore ce constat en évoquant des acheteurs ayant pour la plupart "entre 30 et 40 ans". L'étude Hiscox nous apprend que les personnes de la génération Y (18-35 ans) ayant déjà acheté en ligne sur l'année écoulée sont 68% à déclarer avoir l'intention d'acheter davantage d'œuvres d'arts en ligne lors des 12 prochains mois et 27% à avoir envie d'acheter autant. La tendance pourrait donc bien s'amplifier.

La vente en ligne réservée aux biens d'une valeur "modeste"

C'est donc assez logiquement que la vente en ligne d'objets d'art se porte plutôt sur les biens de faible valeur. Comme le rappelle, tableau à l'appui, l'étude effectuée par Hiscox, les ventes d'art en ligne "concernent en majorité le segment des prix inférieurs du marché (soit les œuvres vendues à un prix inférieur ou égal à 10.000 dollars)". Sur la plateforme digitale de Barneby's, 40% des ventes sur le marché français concernaient des biens d'une valeur inférieure à 100 euros et 44% des biens dont le prix était situé entre 100 et 1.000 euros, ne laissant donc plus beaucoup de place pour les objets de grande valeur.

Prix moyen par objet d'art acheté en ligne

Pour parler de la vente en ligne d'objets d'art en France, Barneby's évoque un "vaste marché avec un fort potentiel". Avec des spécialistes français déjà bien installés, il est à parier que la pratique pourra continuer à se démocratiser dans notre pays, trouvant un nouveau public, qui n'aurait peut-être jamais mis les pieds dans une salle des ventes.

Hugo Baudino

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Commentaires 2
à écrit le 29/09/2016 à 9:57
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Crise aidant on se doute que clients et fournisseurs préfèrent se passer des intermédiaires bien souvent luxueux prenant des marges généreuses au nom d'on ne sait pas trop quoi en fait, comme tous les intermédiaires d'ailleurs.

à écrit le 29/09/2016 à 9:57
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Crise aidant on se doute que clients et fournisseurs préfèrent se passer des intermédiaires bien souvent luxueux prenant des marges généreuses au nom d'on ne sait pas trop quoi en fait, comme tous les intermédiaires d'ailleurs.

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