Le Fonds européen de stabilité financière s'adapte lentement

Suite à l'accord européen du 26 octobre dernier, le fonds de stabilité financière met en place des structures de protection de la dette souveraine promise, une manière de démultiplier sa capacité d'intervention.
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On ne l?attendait plus. Le Fonds européen de stabilité financière (FESF), pour lequel les marchés financiers exigeaient l?an passé un renforcement des moyens pour faire face à une éventuelle contagion de la crise grecque à d?autres pays européens, a dévoilé vendredi la mise en place d?une facilité de protection des dettes souveraines européennes.

Le 26 octobre, l?Europe s?était entendue sur la façon de démultiplier la puissance de feu du FESF, dont la capacité d?intervention de 440 milliards d?euros semblait limitée face à d'éventuelles difficultés de l'Espagne ou de l'Italie à se financer. Restait à en écrire les modalités pratiques. Via une société anonyme créée à Luxembourg le 5 janvier dernier et désormais opérationnelle, le FESF pourra à l?avenir garantir partiellement une émission obligataire d?un Etat. L?entité nouvellement créée émettra un certificat de protection du risque qui sera attaché à l?obligation au moment de l?émission primaire, garantissant ainsi 20 à 30% du montant nominal de l?emprunt. Ce certificat pouvant, une fois l?émission réalisée, être négocié séparément.
 

Un levier activé à la demande d'un Etat

« Cette protection, via un certificat, pourra être demandée par tout Etat qui aurait des difficultés à émettre de la dette sur le marché", explique Christian Parisot, économiste chez Aurel-BGC. « La décision d?augmenter les moyens du FESF avait été prise au plus fort des inquiétudes d?une contagion de la situation grecque à l?Espagne et à l?Italie ».

L?accord du 26 octobre prévoyait une deuxième option pour augmenter la capacité financière du fonds, en associant des fonds étrangers. Mais cette deuxième option, qui consiste en un fonds de co-investissement capable d?acquérir des emprunts d?Etat sur les marchés primaire et secondaire dont la première tranche de pertes serait assumée par le FESF, n?est pas encore opérationnelle. Il s?agirait plus que d?une question de semaines, le temps de rédiger certains documents. La Chine ou d?autres pays pourrpnt alors « aider » l?Europe via ce mécanisme.

Un marché obligataire apaisé, en apparence

Aujourd?hui, ces nouveaux outils apparaissent presque décalés, hors actualité. Du moins si le problème grec est résolu à court terme. Car les tensions obligataires observées à l?automne dernier se sont apaisées. Le taux des emprunts d?Etat italien à dix ans, qui avait flirté avec les 7,40% au mois de novembre 2011, s?est ainsi détendu de près de 200 points de base. Le taux à dix ans espagnol, qui s?était envolé jusqu?à 6,70%, évolue désormais autour de 5,15%.

« Aujourd?hui, les marchés se sont calmés, aidés par l?impression que la BCE, via les opérations de prêt à long terme au secteur bancaire, pratique à sa manière une sorte d?assouplissement quantitatif. Les intervenants ont en outre été rassurés par la publication d?indicateurs d?activité ou des commentaires d?entreprises. De fait, on a laissé de côté la nécessité d?un pare-feu », explique Christian Parisot.

« Mais au moindre indicateur d?activité décevant, au moindre signe qu?un pays pourrait rencontrer des besoins de financement supérieurs aux prévisions, les inquiétudes pourraient resurgir. Et là se posera la question de la crédibilité de ces nouveaux outils ».
 

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