Cette fois, il ne s?agit plus de marcher sur les plates bandes du voisin. En déclarant dans un entretien accordé mardi aux Echos qu?il était temps pour le Medef et la CGPME d'envisager « un rapprochement, pour être plus puissants, plus lisibles », Laurence Parisot, la présidente du Medef a déterré la hache de guerre, guerre qui était larvée depuis quelques années entre l?organisation patronale des grands groupes et celle des PME, la seconde reprochant notamment à la première d?empiéter sur ses prérogatives avec la promotion de la « PME attitude ».
Ce n'est pas la première fois que la patronne du Medef fait des appels du pied à la CGPME. Laurence Parisot avait déjà commencer à préciser sa pensée dans le programme du Medef pour la présidentielle " Besoin d'aire ". "Pour que le dialogue social soit efficace, il faut que ses acteurs soient puissants. Il convient, tant du côté syndical que du côté patronal, de favoriser les regroupements et d'éviter les morcellements qui provoquent des effets de surenchère ", avait-elle écrit.
Une chose est sure, il ne s?agit pas d?une main tendue, les responsables de la CGPME ayant déclaré ne pas avoir été informé de l?initiative de Laurence Parisot. "Pas un coup de fil, pas une lettre, rien, ce ne sont pas des méthodes", s'insurge-t-on à la Confédération. "Nous devions nous rencontrer dans les prochaines semaines pour tenter de nous accorder sur la représentativité".
Faire taire les voix discordantes sur la représentativité patronale
Cette question oppose depuis de nombreux mois les deux organisations. La CGPME souhaite que la représentativité repose désormais sur des élections et non plus sur le nombre d'entreprises adhérentes, comme le souhaite toujours le Medef.
Ainsi, en absorbant la CGPME, le Medef ferait une pierre deux coups. D'une part, elle ferait taire les voix discordantes qui, à l?initiative de la CGPME plaident pour une refonte de la représentativité patronale, à l?image de celle qui a été imposée en 2008 aux syndicats de salariés. D'autre part, elle deviendrait l'unique représentante des PME et donc de la quasi totalité des entreprises françaises.
Le Medef a des ressources financières quatre fois plus importantes que celles de la CGPME
Pourquoi un tel appétit ? Au Medef, à mots couverts, on s'agace depuis longtemps de la notoriété grandissante de la « petite » CGPME qui, sur le plan financier fait figure de nain en comparaison de l?organisation de Laurence Parisot. Quand les ressources annuelles de la CGPME frôlent les 10 millions d?euros, celles du Medef dépassent les 36 millions. Or, le soutien de l'UIMM, la puissante fédération de la metallurgie, proche historique de la CGPME, n'est plus certain, l'UIMM devant annoncer incessamment sous peu la suspension de sa cotisation annuelle à la CGPME. "Ce retrait de l'UIMM et les tentatives de séduction du Medef interviennent en même temps, est ce une coïncidence ?", s'interroge-t-on à Puteaux, au siège de la CGPME.
Arrivée de nouveaux adhérents et hausse des cotisations à la CGPME
Le montant de la cotisation annuelle de l'UIMM s'élevant à 150.000 euros, sa décision est-elle de nature à fragiliser financièrement la CGPME ? A la Confédération, on balaie cette hypothèse. "Nous avons enregistré 190.000 euros de cotisations supplémentaires depuis le 1er janvier. Si l'UIMM devait nous quitter, notre exercice ne sera plus 'excellent', simplement 'bon'", précise un de ses cadres qui se réjouit de voir de nouveaux adhérents gonfler les rangs de la CGPME, comme la bijouterie, la plasturgie, l'hospitalisation privée... "Certains d'entre eux viennent d'ailleurs de quitter le Medef. Quant aux membres fidèles comme les fédérations de la mécanique, du bâtiment, de l'alimentaire, entre autres, ils restent autour de la table avec nous. Notre avenir financier est assuré ", indique-t-il.
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