Pourquoi Paris se vide de ses grandes entreprises

Cette semaine a débuté le déménagement de LCL de Paris à Villejuif, concomitant à celui du Crédit Agricole à Montrouge, autre commune de la banlieue. Les gros employeurs, y compris l'État, sont de plus en plus nombreux à traverser le périphérique.
Sources : Insee, sociétés.

Lundi dernier, 2.000 salariés de la banque LCL dont l'ensemble du comité de direction générale se sont installés dans leurs nouveaux bureaux, à Villejuif. Non loin du métro qui dessert depuis vingt-cinq ans cette ville communiste de 51.000 habitants située à 8 kilomètres de Notre-Dame. L'adieu au célèbre immeuble parisien du Crédit Lyonnais situé à deux pas de la Bourse, s'est fait sans effusion.

Et pour cause, traverser le périphérique n'est plus une aventure. Il s'agirait même plutôt d'une tendance de fond qui s'est accentuée avec la crise. Selon les données de l'Insee, la capitale comptait officiellement 138 établissements de plus de 1.000 salariés en 2008. Ils n'étaient plus que 123 l'an dernier. Une bonne partie de cette décrue est liée à des transferts au sein même de la région. En 2007, Paris concentrait encore 32 % des sociétés, divisions et autres filiales installées en Île-de-France employant plus d'un millier de personnes. Deux ans plus tard, la proportion n'atteint plus que 29,7 % (voir graphique).

« Dans le triangle d'or parisien, les bureaux haussmanniens se louent 700 euros du mètre carré alors que, dans la petite couronne, on en trouve de bien mieux conçus pour 350 euros », souligne Christophe Clamageran, le PDG du groupe foncier Gecina, le plus gros propriétaire de bureaux de France. Même les dirigeants attachés aux avantages d'une adresse parisienne savent qu'ils manqueront d'arguments pour défendre devant leur conseil d'administration le maintien de leurs troupes dans la capitale. D'autant que les bureaux parisiens sont, dans l'ensemble, très mal conçus.

Christophe Clamageran l'assure : « Rénover en respectant les normes environnementales relève, à Paris, de la mission impossible dans les immeubles anciens. De plus, dans un bureau contemporain, sur un grand plateau, 12 mètres carrés par salarié suffisent alors qu'il faut compter 16 à 20 mètres carrés à Paris. »

Autre argument qui fait mouche : le manque d'offres. Selon les professionnels de l'immobilier, une entreprise qui chercherait 10.000 mètres carrés de bureaux à Paris se voit proposer au mieux trois adresses. Alors qu'une société qui ne doit loger que 70 salariés a l'embarras du choix. Résultat : pour les grandes surfaces, les prix sont 10 à 15 % supérieurs. « L'extension continue du métro parisien au-delà du périphérique encourage ces déménagements car les employeurs veulent éviter que leurs salariés passent plusieurs heures dans les transports », souligne-t-on à la chambre de commerce et d'industrie de Paris.

Mais disposer d'une adresse parisienne reste un élément de communication très apprécié. De nombreuses entreprises se débrouillent donc pour garder un pied-à-terre dans la capitale leur permettant de recevoir des clients importants ou d'organiser leur conseil d'administration. Voilà pourquoi 25 entreprises du CAC 40 ont encore officiellement leur siège social dans la capitale. D'ailleurs, Paris a beau se vider de ses grandes entreprises, il y a peu de risque que ses immeubles de bureaux soient tous transformés en logements. Car, pour l'heure, ce sont les petites, voire très petites entreprises qui s'installent dans les immeubles quittés par les grands employeurs. Paris concentre désormais 45 % des entreprises franciliennes employant... zéro salarié.

Commentaires 21
à écrit le 06/03/2011 à 16:10
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article tres interessant. Saviez vous que le loyer est le deuxième poste de cout d'une entreprise apres les salaires? les entreprises ne peuvent plus se permettre de rester dans Paris intra muros, c'est une réalité. Il est temps que le grand paris et...

à écrit le 13/12/2010 à 9:11
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Et SFR qui déménage à Saint-Denis.

à écrit le 13/12/2010 à 7:57
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C'est le début de la fin de la bulle immobilière sur Paris...Préparez vous au crash !

à écrit le 12/12/2010 à 9:57
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Les Sièges quittent les grandes villes, puis, les villes, puis... le pays!! comme tout le monde (ceux qui le peuvent)

à écrit le 11/12/2010 à 15:11
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Quel est l'intérêt d'avoir un siège à Paris mis à part pour satisfaire l'égo des dirigeants. Bon sang, quand comprendront les décideurs que la France ne se limite pas à Paris ??? Paris est invivable, se déplacer est un enfer. Paris n'est qu'une vil...

le 11/12/2010 à 20:38
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vous avez entièrement raison la dessu, paris est devenu invivable, qu'est ce que Paris a que les autres regions n'en ont pas ???? fetes aussi profiter les autres regions. Paris Paris .... je ne vois rien d 'extraordinaire.....

le 12/12/2010 à 0:53
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Les remarques des provinciaux jaloux n'ont aucun sens : - Paris regarde Londres et Berlin, pas de petites métropoles régionales - Dans 20 ou 30 ans, les Régions seront toutes autonomes, et tant mieux, car elles ont plus besoin de Paris que Paris ...

le 12/12/2010 à 12:28
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L'arrogance Française serait donc parisienne... Dois je vous rappeler que la France est un pays et Paris seulement une capitale? Je suis provinciale (vous l'aurez compris) et je peux vous dire que je ne vous envie rien du tout!! Je préfère ampleme...

le 12/12/2010 à 16:38
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Comme je vous comprends ! personne ne parle des couloirs du métro, de la pollution et du bruit que subissent nombre de parisiens ... je demeure à l'ouest de Paris et profite des forêts, chateaux, et de la proximité parisienne sans vivre dans la capi...

le 13/12/2010 à 10:00
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Et puis si c'est pour se taper une heure et demie de transport tous les matins, autant venir de la campagne plutôt que de l'autre bout de la banlieue !

à écrit le 11/12/2010 à 12:24
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D'abord, il a fallu faire 70.000 logements sociaux en plus... En suite, c'est bien moins cher de construire des blocs de béton éclairés avec des tubes néons en petite couronne. Si les salariés deviennent malades... ça en fera toujours moins...-)

à écrit le 11/12/2010 à 11:29
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Ce serait bien que les maires soient beaucoup moins dépensiers. Les impots locaux ne cessent d'augmenter. Regardez bien autour de vous les amenagements souvent ridicules dans les villes, ils se payent le luxe en ecrasant le contribuable.si vous calcu...

le 12/12/2010 à 16:40
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ne vous étonnez donc pas ! l'état a retiré ses aides aux collectivités et les pauvres deviennent chaque jour plus nombreux ... c'est "le système" qui ne fonctionne plus ....

à écrit le 11/12/2010 à 10:55
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L'exemple donné, du LCL, est amusant, car en fait le déménagement à commencé il y à 2 ans je crois. Ils déménagent au fur et à mesure que leurs immeubles de bureau se construisent. C'est de l'info réchauffée au micro-ondes pour remplir les pages ça.

le 11/12/2010 à 12:46
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L'exemple de LCL, comme vous le dites est là pour illustrer une tendance qui s'accentue. Regardez les graphiques... Par ailleurs, le déménagement de LCL auquel nous faisons allusion concernait notamment les membres du comité de direction qui quittent...

le 30/12/2010 à 12:14
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Salariée de ce groupe je suis concernée par ces délocalisations qui interviennent bien sûr dans un contexte de crise ou le changement d'emploi n'est pas d'actualité. Nous sommes donc touchés de plein fouet par ces changements dans notre vie personnel...

à écrit le 11/12/2010 à 8:58
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S'ils pouvaient de temps en temps descendre en Province, comme c'est le cas des autres pays européens, ce serait pas mal non plus. Histoire qu'il n'existe pas d'un côté une ville ingérable étouffée par la circulation ; et d'autre part un désert écono...

à écrit le 11/12/2010 à 6:57
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Ni fait, ni à faire pour certaines banques vu le nombre de filiales dans les paradis fiscaux autant déménager totalement la bas.

à écrit le 10/12/2010 à 23:30
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une entreprise qui emploie 0 salarié est soit une profession liberale soit un autoentrepreneur compte tenu des loyers de bureaux à 95% ils travaillent dans leur propre appartement............

le 11/12/2010 à 14:35
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On trouve des TPE employant zéro salarié et qui ne concernent pas des professions libérales ou des autoentrepreneurs. Je le sais bien, j'en dirige une.

à écrit le 10/12/2010 à 22:40
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Ben, ils sont pas dingues. Ils savent que le marché de l'immobilier parisien est nettement surévalué, et comme on dit en bourse, ils prennent leurs bénefs :-)

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