Compétitivité : rapprocher les entreprises et les chercheurs, est-ce la solution ?

En attendant la publication du rapport de Louis Gallois sur la compétitivité, prévue le 5 novembre, un rapport du Centre d'analyse stratégique (CAS) plaide pour un rapprochement entre le monde de la recherche et les entreprises dans le secteur du dispositif médical. Une préconisation qui pourrait valoir pour la plupart des secteurs économiques.
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Dévoilé ce mardi, un rapport du Centre d'analyse stratégique (CAS), l?ex-Plan, intitulé «Le dispositif médical innovant. Attractivité de la France et développement de la filière» pointe les difficultés de ce secteur qui se place au quatrième rang mondial en termes de ventes, derrière les Etats-Unis, l'Allemagne et le Japon. Il compte plus de 1.000 entreprises, emploie près de 65.000 salariés pour un chiffre d'affaires de plus de 15 milliards d'euros en France.

«La France a une recherche de qualité, mais le transfert de la recherche vers le monde économique et industriel ne marche pas bien», a déclaré lors d'une conférence de presse Jacques Lewiner, le directeur scientifique honoraire à l'Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles (ESPCI) de Paris, qui a présidé la mission en charge du rapport.

Lenteur et complexité de l?administration

«Alors que le dispositif médical (DM), un secteur très hétérogène qui regroupe des produits variés allant du simple pansement à la valve cardiaque, représente un marché de plus de 200 milliards d'euros par an à travers le monde pour une croissance annuelle de 6%, la France souffre d'un retard, avec à la clef un déficit de sa balance commerciale dans ce secteur à hauteur de presque un milliard d'euros», précise le rapport qui met en cause la lenteur et la complexité du parcours administratif qui attend les chercheurs déposant un brevet, une collaboration insuffisante entre les diverses disciplines -médecine et ingénierie-, et l'absence d'entreprises de taille intermédiaire dans ce secteur en France.
Résultat, les transferts technologiques sont peu efficaces. «Nous produisons sept fois moins de brevets que l'Allemagne», a précisé Vincent Chriqui, le directeur général du Centre d'analyse stratégique. En France, 600 brevets sont enregistrés chaque année.

Une fuite des start-up innovantes est envisageable

Pour redresser la compétitivité du secteur, le CAS préconise une série de mesures, notamment la simplification du système de valorisation de la recherche, le développement des échanges entre la recherche et les entreprises du dispositif médical tels que les produits de santé hors médicaments, si la France «ne veut pas voir les start-up innovantes partir à l'étranger», précise le rapport.
Autres mesures formulées par le CAS: la mise en place de fonds adaptés, la simplification des processus administratifs, la création d'un guichet de «chercheur entrepreneur» et le développement de formations mettant en contact entrepreneurs, ingénieurs et monde médical, sur le modèle de ce qui se pratique à l'université américaine de Stanford.

Des défauts partagés par de nombreux secteurs

Malheureusement, comme le souligne de nombreux rapports sur la compétitivité française, un certain nombre de secteurs industriels et technologiques souffrent de la faible valorisation de la recherche, due essentiellement au cloisonnement des mondes scientifiques et économiques. «Un système innovateur est un ensemble hétérogène d?entreprises, d?individus, d?organisations de recherche, d?universités, de prestataires de services, d?investisseurs et d?administrations. Les grands écosystèmes innovateurs s?appuient sur des dynamiques vertueuses de fertilisation croisée, d?attractivité croissante pour les entreprises, la recherche, les individus. Ces systèmes se caractérisent par une surconcentration de ressources», précisait une note récente du think tank de Terra Nova, qui regrettait le déficit français d?écosystèmes innovants malgré le lancement des pôles de compétitivité en 2005.

Commentaires 10
à écrit le 24/10/2012 à 9:55
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Dans les années 80, les chercheurs rechignaient à travailler avec les industriels pour des raisons idéologiques. A l'heure actuelle, aucun chercheur ne peut se passer de contrats avec les fondations ou industriels, l'état ne fournissant pas assez de ...

à écrit le 24/10/2012 à 1:35
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Lire les propositions de Terra Nova en la matière me fait rire. Ils parlent de stabilité fiscale et autres non interventions brutale de l'état... Ces gens sont schizophrènes, opportunistes ou malhonnêtes?

à écrit le 23/10/2012 à 22:06
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UN problème important, non évoqué, est que les grandes écoles, qui forment la plupart des cadres des entreprises, sont séparées des universités et donc de la recherche; la plupart des cadres n'ont jamais eu le moindre contact avec la recherche pendan...

à écrit le 23/10/2012 à 20:49
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Et donc encore une fois on va éluder la question pourtant centrale de la compétitivité prix... On se demande vraiment pourquoi on délocalise toute notre industrie en Chine et en Inde : parce qu'ils ont la meilleure recherche peut-être ?

le 24/10/2012 à 0:06
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Vous sous entendez que la recherche française est meilleure ? Attention a ne pas sous-estimer la recherche chinoise leur vitesse de rattrapage est halucinant. Le nombre des brevets déposes est en augmentation constante et a déjà dépasse la France . A...

le 24/10/2012 à 0:31
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A la place de se bouffer en Europe, on ferait bien de se regrouper et favoriser des écosystèmes : formations, recherches, pôles technologiques ou industrielles, attractivité à la place de dormir. Ou de nourrir les banques.

le 24/10/2012 à 7:27
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àTahiti6 : je ne pense pas que nous sommes les meilleurs, je constate seulement que chaque fois qu'on explique une délocalisation d'entreprise c'est le coût du travail qui est mis en avant, pas l'effort de recherche local ou d'innovation. Faut-il tan...

le 24/10/2012 à 8:04
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La france est classée 24 ième en matière d innovation , la suiise 1 ere ...juste une remarque : un thésard gagne 1500 e net , en suisse 3000 e

le 25/10/2012 à 10:42
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@Joli discours: peut-être aussi parce que les grandes sociétés ont leur siège social implanté en Suisse ... ne pensez-vous pas ? (Alors que les fruits de leur recherche remonte de toutes les succursales qu'elles ont ici et là).

à écrit le 23/10/2012 à 17:22
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inciter nos étudiant des grandes écoles (commerce, ingenieurs,lettres...) à poursuivre en doctorat comme en allemagne et d'autres pays anglosaxons. Ainsi nos futures cadres d'entreprises et decideurs politiques s'interresserons plus au monde de la re...

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