
Après l'Espagne, qui a annoncé cette semaine une cure d'austérité budgétaire sans précédent, le Portugal a également annoncé, jeudi, des mesures draconiennes pour accélérer la réduction de son déficit public.
José Socrates, le Premier ministre portugais, socialiste, a dû notamment se résoudre a revenir sur ses engagements de ne pas augmenter les impôts. "Ces mesures supplémentaires sont fondamentales pour défendre notre économie (...) ainsi que pour renforcer notre crédibilité sur les marchés internationaux et défendre l'Europe et la zone euro", a-t-il affirmé lors de la conférence de presse qui a suivi le conseil des ministres à l'issue duquel ces nouvelles mesures ont été présentées.
Le Portugal est en effet vu comme l'un des plus vulnérables à la contagion de la crise grecque. Il a été la cible ces dernières semaines de la défiance des marchés. L'agence Standard&Poor's a baissé la note souveraine du pays et l'agence Moody's a annoncé son intention de le faire.
TVA à 21%, surtaxe sur les ménages et les entreprises
Les nouvelles mesures portugaise prévoient une hausse de la TVA de 1 point de base, ce qui la porte à 21% pour le taux normal, une surtaxe de 2,5% sur les bénéfices des grandes entreprises supérieurs à 2 millions d'euros et une surtaxe extraordinaire, de 1 ou 1,5% selon le niveau de revenu, qui frappera les ménages.
Les hommes politiques devront donner l'exemple : du président aux élus locaux et aux gestionnaires d'entreprises publiques, leurs salaires baisseront de 5%.
Cette cure de rigueur devrait permettre de réduire le déficit public à 4,6% du PIB en 2011, selon les estimations du gouvernement, contre des estimations précédentes à 5,1%. Pour cette année, le Premier ministre a confirmé viser un déficit ramené à 7,3%, contre 9,4% en 2009.
Sous la pression des marchés et de la zone euro, un premier plan d'austérité avait déjà été approuvé. Le gouvernement avait reporté, à contre-coeur, de grands projets d'infrastructures, notamment la construction d'un nouvel aéroport à Lisbonne. Les salaires des fonctionnaires, dont le nombre a été réduit, avaient été gelés jusqu'en 2013, et de nombreuses prestations sociales plafonnées.
Côté recettes, un vaste plan de privatisations doit contribuer à freiner la dette du pays, qui devrait atteindre 86% du PIB cette année, soit plus de 142 milliards d'euros.
Protestations
Le secrétaire général de la centrale syndicale CGTP, Carvalho da Silva, a qualifié les mesures annoncées jeudi de "très violentes" et a appelé à la mobilisation. Il a rappelé que, contre toute attente, le Portugal avait enregistré "la plus forte croissance de l'Union européenne" (+1% du PIB) au 1er trimestre.
Par ailleurs, pour faire adopter ce nouveau tour de vis, le Premier ministre socialiste, dont le gouvernement est minoritaire au Parlement, devra obtenir l'accord du principal parti d'opposition, le PSD (centre-droit). Il s'est entretenu dès jeudi avec son chef de file, Pedro Passos Coelho.
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