"Chez nous, la femme de chambre serait en prison pour diffamation ! "

Choc, consternation, inquiétude. La Grèce, qui a bénéficié en 2010 d'un plan de sauvetage de 110 milliards d'euros de la part du FMI, de l'Union européenne et de la Banque mondiale, s'inquiète de la chute de Dominique Strauss-Kahn, ardent défenseur du sauvetage du pays. Les médias grecs et les ministres ont le sentiment d'avoir perdu un allié, surtout au moment où le pays espère une nouvelle aide internationale à hauteur de 60 milliards d'euros.
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Alors que les conséquences de l'arrestation et de l'emprisonnement de Dominique Strauss-Kahn sont encore difficiles à cerner, la Grèce s'inquiète. Comme en France, la presse et la plupart des responsables politiques sont sous le choc, abasourdis par le traitement "humiliant", selon un adjectif qui revient dans plusieurs articles de journaux, des Américains à l'égard du directeur du Fonds monétaire international.

"Les Grecs sont très choqués par l'image de DSK menottes au poignet", raconte une journaliste, qui précise que "les Grecs approuvent l'arrestation de DSK, mais condamnent qu'il ait été donné en pâture aux médias". Dans ce pays méditerranéen, la presse ne peut s'empêcher de comparer l'affaire DSK avec ses propres dysfonctionnements judiciaires. Et plusieurs journalistes de plaisanter : "si une affaire similaire arrivait chez nous, la femme de ménage serait en prison pour diffamation, et l'homme politique aurait pu prendre son avion !".

Craintes sur le second plan de sauvetage

La chute spectaculaire de Dominique Strauss-Kahn marque surtout une inquiétude : celle d'avoir perdu un allié. Economistes, éditorialistes et membres du gouvernement craignent que le FMI devienne, une fois DSK parti, plus libéral encore. Ils redoutent que les positions allemandes - austérité drastique et réticences - dominent désormais les débats en Europe. Les Grecs n'oublient pas que Dominique Strauss-Kahn avait insisté sur la nécessité d'entreprendre une sévère cure d'austérité à l'été 2010, mais ils avaient l'impression d'avoir trouvé en lui quelqu'un qui comprenait le fonctionnement de la Grèce. Selon certains éditorialistes, une influence grandissante de l'Allemagne en Europe serait une catastrophe pour tous les pays qui rencontrent des problèmes financiers.

Ils rappellent que DSK était l'homme qui avait réussi à convaincre la chancelière allemande, Angela Merkel, de se joindre aux pays européens et au FMI pour prêter les 110 milliards d'euros nécessaires pour éviter la faillite du pays en 2010. A l'heure où la Grèce espère obtenir un second plan de sauvetage d'environ 60 milliards d'euros, le sentiment d'avoir perdu un allié précieux domine chez les politiques et les médias. Selon un proche du Premier ministre Georges Papandréou, DSK défendait le pays à chaque réunion entre les créanciers internationaux. "Il y avait toujours un canal de communication ouvert pour discuter avec lui", rappelle cette source.

Un consensus impossible

Les récentes déclarations émanant de l'Union européenne ne sont pas de nature à rassurer la Grèce. Jean-Claude Juncker, chef de file des ministres des Finances de la zone euro, a réitéré mardi son appel aux partis politiques grecs à trouver un consensus sur la cure d'austérité, nécessaire pour obtenir la seconde aide internationale. Selon des hommes politiques et des journalistes, cette demande révèle une méconnaissance complète de la réalité grecque, un consensus étant "impossible" entre des partis aux positions radicalement opposées.

Ce mercredi, Angela Merkel a sacrifié à une rhétorique anti-européenne populaire en Allemagne. La chancelière a brocardé les pays du Sud peu travailleurs en appelant la Grèce, l'Espagne et le Portugal à "faire les mêmes efforts" qu'en Allemagne sur les retraites ("il faudrait que, dans ces pays, on ne parte pas à la retraite plus tôt qu'en Allemagne") ou les congés ("nous ne pouvons pas avoir une monnaie commune et certains avoir beaucoup de vacances et d'autres très peu"). Angela Merkel, qui est habituellement plutôt modérée dans ses déclarations, se serait-elle permis cette sortie avec un Dominique Strauss-Kahn toujours dans la partie ?

Commentaires 19
à écrit le 19/05/2011 à 1:01
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C'est presque certain, il n'y aura pas de second sauvetage pour la Grèce. Suite à la crise, la politique de DSK ne plaisait ni aux Américains, ni aux Chinois et ni aux Indiens; trop européenne à leur goût. Si complot il y à, il serait plus américain ...

le 19/05/2011 à 6:19
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La théorie du complot n'est en effet pas à exclure de ce côté là, n'en déplaise à Daniel Cohn Bendit qui n'a encore rien compris au fonctionnement du monde qui est loin d'être un fleuve tranquille comme il le croît !

le 19/05/2011 à 7:59
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Les américains disposent d'un droit de veto au FMI (accordé à partir de 15% des capitaux apportés au FMI). Donc la théorie du complot américain est absurde.

le 19/05/2011 à 8:39
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Très simpliste l'absurdité d'un complot américain!!!! Ils ont bien déclanché la guerre en Irak pour des raisons qui n'existaent pas!!!!!Alors tout est possible et comme par hasard, Strauss Khan donne sa démission et depuis il va être libéré sous caut...

à écrit le 18/05/2011 à 19:38
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Les entreprises françaises se battent pour vendre dans le monde des produits "made in France" bases sur la qualité et le savoir faire français...réputation construite dans le temps...que Mr DSK a piétiné sans vergogne?.quel mépris pour les français !...

à écrit le 18/05/2011 à 18:02
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Belle mentalite cette journaliste - si elle s'etait trouvee a la place de la femme de menage qu'aurait elle fait ?

à écrit le 18/05/2011 à 17:34
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oui j'ai adoré le titre !! et c'est exact en France , jamais une personnalité comme DSK jugé ou soupçonné de quoi que ce soit !! l'affaire sera tout de suite ignorée et quand à la victime , elle sera reconduite auprès des Psys pour des troubles psych...

à écrit le 18/05/2011 à 17:08
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en France aussi elle serait en prison !!!

à écrit le 18/05/2011 à 17:03
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Je comprends l'inquiétude des grecs. Avec DSK, ce n'était pas un plan de sauvetage, mais encore un prêt de plus pour continuer de vivre à crédit et en déficit. Il n'y a rien de libéral à être plus stricte, le libéralisme n'a de toute façon vraiment r...

à écrit le 18/05/2011 à 16:41
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la caste politico journalistique est choquée pas le peuple nuance non négligeable. Mais on comprend leur position car là bas c'est comme en France : magouilles camouflages et Cie

à écrit le 18/05/2011 à 16:36
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"eh patron est ce que tu as vu un si splendide désastre" Zorba le Grec

à écrit le 18/05/2011 à 16:14
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oh le beau titre !

à écrit le 18/05/2011 à 16:13
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Angela Merkel a raison. Chaque pays ne doit dépenser que ce qu'il gagne. La solidarité européenne ne doit pas fonctionner deux fois pour les mêmes raisons ! Même raisonement vis à vis de la mauvaise gestion des banques mondiales. Les Etats Unis ont...

à écrit le 18/05/2011 à 16:05
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Manifestement BHL et Jack Lang pensent comme vous. La bonne était comprise dans le prix de la chambre et pouvait être consommée sinon la prison pour elle était une peine bien minimale.

le 18/05/2011 à 18:38
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J'ai dit hier que j'étais d'accord avec les propos du député Debré concernant la moralité de ACCord -dont le directeur poussait de grands cris pour diffamation.

à écrit le 18/05/2011 à 16:00
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A force de voir cet homme que je n'aimais vraiment pas humilié et jeté en pâture aux média et à la justice, bafoué dans tous ses droits ,traité comme l'ennemi public numéro un par une Justice américaine aux comportements et à la procédure indigne d'...

le 18/05/2011 à 20:34
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Honteux ce commentaire......il s'agit bel et bien d'un crime.....la victime, elle surtout, a droit à un peu d'humanité......"faut pas pousser" effectivement

à écrit le 18/05/2011 à 15:47
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cHEZ EUX, LES PUISSANTS ONT DROIT DE CUISSAGE ?

le 18/05/2011 à 18:04
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C'est triste a dire mais cela doit s'averer exact ALA JOHN

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