Affaire Woerth : l'Inspection générale des finances saisie

Le ministre du Budget, François Baroin, souhaite "tout mettre sur la place publique" sur les accusations de conflits d'intérêts qui planent sur son prédécesseur.

Le ministre du Budget, François Baroin, a annoncé, ce mercredi soir lors du journal télévisé de France 2, sa décision de saisir l'Inspection générale des finances pour mener une enquête sur l'affaire Woerth-Bettencourt. L'actuel minsitre du Travail est soupçonné de conflits d'intérêts en raison de ses liens troubles avec l'héritiaire de L'Oréal.

Il s'agit de "tout mettre sur la place publique", expliqué François Baroin en précisant que le rapport de l'Inspection générale des finances devrait être disponible "dans une dizaine de jours".  L'Inspection générale des finances est un service d'inspection ministériel. Elle est composée de hauts fonctionnaires et est placée sous la tutelle du ministre de l'Economie, de l'industrie et de l'emploi et du ministre du Budget.

Un peu plus tôt dans la journée, Nicolas Sarkozy avait évoqué une réorganisation de l'UMP en pleine affaire Woerth qui cumule les fonctions de ministre (du Travail et auparavant du Budget) et de trésorier du parti recevant des dons privés, par exemple de Liliane Bettencourt, soupçonnée d'évasion fiscale. Eric Woerth pourrait devoir abandonner sa fonction de trésorier de l'UMP.

Le gouvernement a dénoncé à nouveau ce mercredi la hargne de l'opposition envers Eric Woerth. L'annonce de Nicolas Sarkozy  qui compte attendre octobre pour remanier le gouvernement vise à faire baisser la pression. Des rumeurs au sein de la majorité évoquaient un remaniement anticipé sous la pression de l'affaire Woerth.

La tourmente a néanmoins enflé pour le second jour consécutif à l'Assemblée nationale où la gauche a tenté de savoir si un micro-parti fondé par Eric Woerth dans son fief de l'Oise avait bénéficié de dons de l'héritière de L'Oréal. Le Premier ministre François Fillon a répliqué que l'acharnement du Parti socialiste était "indigne du grand parti de responsabilité" qu'il prétend être.

Auparavant, le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux avait fustigé ceux qui, faute d'avoir un projet pour la France, "se consacrent exclusivement à une chasse à l'homme." "La vérité, c'est que vous ne parviendrez jamais à salir l'honneur d'Eric Woerth, ni à détourner le gouvernement de son action de réforme, ni la solidarité de la majorité parlementaire", a-t-il affirmé. Les propos tenus la veille par l'ex-candidate socialiste Ségolène Royal, dénonçant le "système Sarkozy corrompu", ont alimenté la contre-attaque gouvernementale.

UN CHÈQUE AURAIT ÉTÉ VERSÉ

"Votre hargne sape les fondements mêmes de notre démocratie et notre République ne doit pas faire les frais d'une surenchère, d'une primaire au sein du Parti socialiste", a lancé le porte-parole du gouvernement Luc Chatel.

Mais les élus socialistes, qui ont demandé le même jour la création d'une commission d'enquête sur la gestion du dossier fiscal de Liliane Bettencourt, ont mis le doigt sur un nouvel aspect de l'affaire : la création par Eric Woerth d'un "parti de poche".

Selon le site Mediapart, l'ex-ministre du Budget, également trésorier de l'UMP, est à la tête dans l'Oise, où il est maire de Chantilly, d'une "Association de soutien à l'action d'Eric Woerth" qui a le statut de parti politique à part entière. Cette association aurait touché par exemple en 2008 19.650 euros de "dons de personnes physiques" ainsi que des subventions de l'UMP, dont Eric Woerth est en même temps trésorier.

Dans Le Nouvel observateur, à paraître vendredi, l'entourage de Patrice de Maistre confirme que le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt a signé un chèque de 7.500 euros, le maximum légal, au micro-parti Eric Woerth.

Trois autres chèques, de 4.600 à 7.500 euros, auraient été versés, mais seulement deux encaissés, selon cette source. L'un serait allé à Valérie Pécresse, tête de liste de l'UMP aux régionales de mars 2010 en Ile-de-France, et l'autre à l'association de financement de l'UMP et non à Nicolas Sarkozy lui-même comme le suggéraient des enregistrements pirates de Patrice de Maistre.

Le député PS Christian Paul a donc demandé au gouvernement de confirmer lors de la séance des questions d'actualité à l'Assemblée si ce chèque avait bien été encaissé. Réponse de François Fillon : "Il n'y a pas un membre du gouvernement qui soit en mesure de répondre à la question que vous posez parce que ce n'est pas son rôle."

Le Premier ministre a expliqué que les lois permettaient aujourd'hui à quelque 300 partis politiques d'avoir une existence et "d'être contrôlés par la commission de contrôle des comptes de campagne, seule compétente". "La République et la démocratie, ce sont des règles et des principes et vous les bafouez en permanence", a jugé le chef du gouvernement. "Nous ne laisserons pas la démocratie se laisser entraîner sur ces chemins de traverse."

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