«Plus que quelques jours semaine et on passe à autre chose. » Ce responsable de l'UMP ne cache pas son soulagement alors que s'achève une des années les plus difficiles du quinquennat de Nicolas Sarkozy. L'affaire Woerth-Bettencourt, le conflit des retraites, les ratages d'un été sécuritaire, les records d'impopularité dans les sondages, un remaniement essoufflé sont autant de pages noires que la majorité espère tourner pour de bon avant la probable campagne pour la réélection du président sortant.
La ronde des voeux
Lors de ses voeux aux Français, vendredi prochain, puis lors des cérémonies qui se succéderont tout au long du mois de janvier, Nicolas Sarkozy veut essayer de se poser en président « protecteur » face aux dégâts économiques et sociaux de la mondialisation. Et pour appuyer ses efforts, la double présidence française du G8 et du G20 sera un atout de taille.
Priorités internationales
Le chef de l'État a d'ailleurs prévu de tenir une conférence de presse, sans doute le 24 janvier, pour définir les priorités de son action : nouvelle gouvernance mondiale, réforme du système monétaire international et lutte contre la volatilité des cours des matières premières. Nicolas Sarkozy sera à Washington le 10 janvier pour en discuter avec Barack Obama.
Nicolas Sarkozy a prévu aussi d'évoquer la question des financements innovants pour le développement, notamment lors du sommet annuel de l'Union africaine, fin janvier, à Addis-Abeba. Le 27 janvier, le président français participera, pour la deuxième année consécutive, au forum économique de Davos, là aussi pour y détailler ses ambitions pour le G20.
La fiscalité à réformer
Sur le plan national, Nicolas Sarkozy et son éternel Premier ministre, François Fillon, ont placé en tête des priorités pour 2011 une réforme de la fiscalité du patrimoine - destinée en partie à corriger dans l'opinion les méfaits de la loi Tepa de l'été 2007. L'impôt sur la fortune et le bouclier fiscal devraient donc être supprimés pour être remplacés par une taxe sur les revenus du patrimoine.
De la dépendance au chômage
La question de la dépendance, avec le projet de création, à l'horizon 2012, d'une nouvelle branche de la Sécurité sociale, sera évoquée par Nicolas Sarkozy dès le 20 janvier lors de ses voeux - décentralisés - aux professionnels de la santé. La lutte contre le chômage sera aussi un des axes du dernier acte du quinquennat, le chef de l'État ayant promis une décrue en 2011.
Marine Le Pen en embuscade
La partie s'annonce délicate pour Nicolas Sarkozy. S'adressant à la mi-décembre aux parlementaires de la majorité, François Fillon a prévenu que « le front » des adversaires de l'UMP serait « étendu » en 2012. « De l'extrême gauche à l'extrême droite, ils seront tous contre nous et tous contre le président de la République », a-t-il lancé.
Tout l'enjeu pour le chef de l'État repose sur ce double défi : reconquérir le terrain perdu au centre et à droite depuis 2007. À l'extrême droite, Marine Le Pen est déjà en embuscade.
Et à gauche ?
A gauche aussi, l'élection présidfentielle de 2012 est déjà dans toutes les têtes. Voeux de Ségolène Royal en Poitou-Charentes le 10 janvier, voeux de Martine Aubry rue de Solferino le 13 janvier, voeux de François Hollande en Corrèze le 15 janvier... Les présidentiables socialistes sont décidés à ne pas perdre une minute pour essayer de s'imposer en 2011 comme le candidat de 2012. Et cette année sera aussi celle du choix pour le champion des sondages, Dominique Strauss-Kahn. Le directeur général du FMI doit composer avec les attentes de ses camarades français et l'agenda chargé de 2011... et notamment avec la présidence française du G8 et du G20.
"Il a peur"
Le patron des députés UMP, Christian Jacob, a ironisé dans les colonnes du Parisien-Dimanche sur un DSK « en vraie difficulté. Pour être candidat à la présidentielle, il faut le vouloir (...) On a le sentiment qu'il est incapable d'assumer. Il a peur ! » a lancé ce proche du secrétaire général du parti présidentiel, Jean-François Copé. Pour le strauss-kahnien Jean-Christophe Cambadélis, membre de la direction du PS, Christian Jacob a démontré « que l'UMP craint DSK en général et la gauche en particulier ». Les sondages indiquent en effet une probable victoire du candidat de gauche face à Nicolas Sarkozy en 2012. Mais les intentions de vote au premier tour restent alarmantes pour un Parti socialiste pressé de se mettre au clair sur son projet et sur celle ou celui qui va l'incarner.
La course de lenteur des éléphants
Martine Aubry veut tenir le calendrier, en partie conçu pour permettre un atterrissage en douceur à Dominique Strauss-Kahn : élaboration du projet au printemps, dépôt des candidatures aux primaires en juin et compétition à l'automne. Mais Ségolène Royal, la « gazelle » de 2006, a une nouvelle fois pris les « éléphants » de vitesse, en déclarant sa candidature fin novembre. Ce qui pourrait conduire à une accélération du tempo, Martine Aubry étant décidée à ne pas lui laisser le champ libre. Pas plus qu'à François Hollande, qui se prépare pour le mois de mars.