Angela boude

Angela Merkel, de passage en Angleterre ce vendredi, a snobé ce vendredi David Cameron, qu'elle juge trop eurosceptique

Angela Merkel boude. La chancelière allemande, qui a rencontré ce vendredi Gordon Brown, a évité d'aller voir David Cameron. Alors que Nicolas Sarkozy s'était déplacé à Londres le mois dernier pour rencontrer celui qui demeure favori pour être le prochain premier ministre britannique, elle a préféré s'en tenir à un tête-à-tête avec l'actuel locataire de Downing Street.

La chancelière ne pardonne pas David Cameron d'avoir sorti son parti du groupe de droite du parlement européen (le Parti populaire européen, PPE). Pourtant, elle avait plaidé directement auprès de lui, estimant qu'il était essentiel que les conservateurs britanniques ne se marginalisent pas à Bruxelles. En vain. Les conservateurs ont préféré créer leur propre nouveau groupe, s'alliant à des petits partis marginaux et très anti-européens.

Cette snoberie diplomatique en dit long sur les difficultés à venir entre l'Europe et les conservateurs, si ceux-ci sont élus. L'euroscepticisme des Tories, pour ne pas dire leur europhobie, est très profondément enraciné. Aux yeux de l'aile dure des conservateurs, l'Union européenne est un projet franco-allemand cherchant à créer des "Etats-Unis d'Europe". Peu importe que ni Nicolas Sarkozy, ni Angela Merkel, ne soient en faveur de l'Europe fédérale; peu importe aussi que l'Europe à 27 soit avant tout dominée par les chefs d'Etat et de gouvernement; peu importe enfin que le Royaume-Uni soit déjà à la marge des institutions (ils ne sont pas dans l'euro, ni dans Schengen). Pour eux, l'Europe représente une menace. Un chiffre résume leur opinion: 40% des candidats conservateurs aux élections du 6 mai souhaitent une renégociation "fondamentale" de la place du Royaume-Uni dans l'Union Européenne. Un retrait complet n'est pas loin.

Face à eux, David Cameron est un pragmatique. Juste après l'adoption du traité de Lisbonne, il a mis les points sur les "i", précisant qu'il "ne chercherait pas à saboter l'Union Européenne" et en serait "un membre actif". Il a aussi donné ordre à ses troupes d'éviter le sujet, d'autant que l'électorat britannique s'en désintéresse. Politiquement, les Tories s'étant entredéchirés sur le dossier par le passé, il n'a aucune envie de remettre le sujet sur le devant de la scène. Bref, il aura autre chose à faire que de s'attaquer à l'Europe s'il devient premier ministre.

Il n'en reste pas moins que l'euroscepticisme des conservateurs est tel qu'ils pourraient devenir des partenaires difficiles. L'aile europhobe du parti est menée par William Hague, probable futur ministre des affaires étrangères. Celui-ci est très influent, et si David Cameron se retrouve en difficultés politiques après un ou deux ans de pouvoir, il pourrait être tenté de faire de l'Europe un bouc émissaire.

Du côté du Quai d'Orsay, on se rassure comme on peut. "On évite le sujet de l'Europe, pour se concentrer sur les affaires bilatérales", explique une source. Nicolas Sarkzoy, qui est venu spécifiquement pour voir David Cameron le mois dernier, est revenu plutôt rassuré: des projets de coopération dans le domaine de la défense en particulier semblent envisageables. Mais il faudra marcher sur des oeufs, d'autant que la régulation financière venant de Bruxelles est menée par un Français (le commissaire européen Michel Barnier).

 

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