Les services aux collectivités prennent l'eau en Bourse

Si le secteur des services aux entreprises connaît un fort rebond de son activité depuis trois ans, les services environnementaux, eux, sont à la peine.

 Les entreprises spécialisées dans les prestations destinées aux collectivités sont sous pression en Bourse. La crise a mis en exergue le caractère cyclique de cette activité d'autant plus que de nombreux pays mettent tour à tour des plans d'économies visant à réduire leurs déficits. Les titres des groupes tels que Veolia Environnement, Suez Environnement ou encore Sèche Environnement, n'ont pas été épargnés par ce retournement de conjoncture.

Véolia sous l'eau...

 On commence tout d'abord par Veolia Environnement. Le contexte économique toujours morose pénalise l'entreprise dont l'activité dépend énormément des contrats signés avec les autorités publiques. Une situation qui ne donne pas de visibilité très claire aux investisseurs alors que le poids de la dette reste un fardeau pour le groupe. Elle pénalise le groupe dans sa politique d'investissement. Malgré un retour des comptes dans le vert à l'issue du premier semestre 2012, Veolia ne parvient pas à convaincre les investisseurs. Le titre a même dévissé de 11% en séance du 2 août, pour s'approcher dangereusement de son plus-bas historique à 7,80 euros.

Le groupe souffre de « l'atonie de certains secteurs industriels, qui pèse sur l'activité de Veolia Propreté notamment en France, au Royaume-Uni et en Allemagne », une situation « qui demeure difficile en Europe du Sud ». Alors pour limiter l'impact de la dégradation de l'environnement, le groupe entend geler 500 millions d'euros d'investissements en 2012 et 2013 et porter son objectif de réduction des coûts bruts à 270 millions d'euros en 2013 et à 500 millions d'euros en 2015, soit une augmentation de 50 millions d'euros par an. Veolia, pourtant en avance sur le plan stratégique a constaté en avril, les impacts sur son activité de la dégradation de l'environnement économique. La situation était particulièrement difficile en Italie et que le groupe s'attend à subir des pressions tarifaires lors de renouvellements de contrats dans ses marchés matures. Mais quid des objectifs en termes de chiffre d'affaires pour l'année en cours ? Une inconnue qui n'a pas manqué d'alimenter la défiance des investisseurs envers un titre qui a chuté de plus de 60% l'an dernier et un groupe qui a signé en 2011 deux avertissements sur résultats. Dès décembre 2011, un programme de restructuration a avait été annoncé de façon à assainir le bilan. Le titre avait pris 56% sur les quatre premiers mois de 2012, Frérot avait plus ou moins réussi son pari, celui de convaincre les investisseurs du bien fondé de sa stratégie. Puis avec les inquiétudes grandissantes sur le front de la dette dans la zone euro, cette reprise du dossier a été annulée. Si le comportement de l'action reste encore incertain, la communauté financière s'accorde à dire que ce dégraissage est plus que nécessaire si le capitaine Frérot souhaite rester à la barre du paquebot Veolia. Fondamentalement, le titre se valorise correctement, avec un PER de 13x pour l'exercice en cours et de 10,7x pour l'année suivante et un ratio « valeur entreprise sur chiffre d'affaires » de 0,59x pour 2012... Malgré cette valorisation attrayante, le manque de visibilité sur la situation économique freine quelque peu les investisseurs à s'exposer sur des valeurs aux fondamentaux fragiles.

Suez Environnement ne fait pas mieux...

Suez Environnement, le concurrent direct de « Veo » ne se porte guère mieux. Début août, le groupe de services aux collectivités a abaissé sa prévision de résultats annuels et augmenté son objectif en matière de réduction des coûts en raison de la dégradation de l'environnement économique, notamment dans la zone euro. Suez environnement s'attend désormais à une stagnation de son chiffre d'affaires et de son résultat brut d'exploitation cette année alors qu'il prévoyait jusqu'à présent un chiffre d'affaires et des résultats « supérieurs ou égaux » à ceux de l'année précédente. Au premier semestre, le groupe a vu son résultat net part du groupe divisé par 5,5 à 40 millions d'euros. Comme Véolia, Suez souffre beaucoup en Italie, le groupe a dû passer quelque 58 millions d'euros de dépréciations pour sa participation dans sa filiale locale, Acea. Aussi, la facture de l'usine de dessalement de Melbourne a été salée pour le groupe. Le groupe a dû passer de nouvelles charges pour un montant de 52 millions d'euros. Il n'est pas étonnant que le parcours de l'action soit décevant depuis un an et encore plus depuis son introduction en Bourse. Victime collatérale des mésaventures boursières de Veolia mais aussi d'une conjoncture adverse en Europe, le titre Suez Environnement a concédé 23% de sa valeur en un an et près de 50% depuis son entrée en Bourse le 22 juillet 2008 à un prix de 17 euros. Cinq ans jour pour jour après son IPO, Suez Environnement avait inscrit un plus bas historique à 8,010 euros. Le dossier reste bien valorisé avec un PER de 14x pour 2012 d'autant plus que la dette de l'entreprise devrait se creuser en 2012 à 7,7 milliards puis 7,8 milliards en 2013, soit environ 3 fois l'EBITDA.

Séché, asséché en Bourse

Il ne faudra pas non plus compter sur Séché Environnement pour relever le niveau. Le groupe de collecte et de traitement des déchets n' pas connu un parcours des plus flatteurs avec un cours de Bourse qui a reflué de 48% en trois ans et de 77% en cinq ans. A l'instar de ses homologues Veolia et Suez Environnement, Seché souffre d'une dépendance aux cycles industriels comme en témoigne la croissance de son chiffre d'affaires, restée quasi nulle au deuxième trimestre. Ainsi, la société a été contrainte de réviser à la baisse ses objectifs financiers 2012, les qualifiant même d' « ambitieux ». Seché reste encore miné par l'épineux dossier Saur qui n'a toujours pas trouvé d'issue. Pour rappel, en 2007, Séché convola en justes noces avec Saur, le troisième opérateur des métiers de l'eau, pour créer le troisième acteur français des services à l'environnement, derrière Veolia et Suez. Seché acquiert Saur pour 2,3 milliards d'euros, dett e comprise. Un grosse somme pour une petite société comme Seché, qui souhaita quelques années plus tard racheter les fameux 18% de la CDC. Mais les banques n'ont pas suivi et refusaient de lui prêter les 180 millions d'euros nécessaires...

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