Allergie à l'arachide : des résultats cliniques prometteurs pour un nouveau patch de DBV Technologies

Des résultats cliniques préliminaires prometteurs pour le Viaskin Peanut, le produit le plus avancé de DBV Technologies. Ce candidat médicament au traitement de l'allergie contre l'arachide fait actuellement l'objet de plusieurs études cliniques en cours en Europe et aux Etats-Unis.

La « biotech » a annoncé lundi que l?AP-HP (Assistance Public - Hôpitaux de Paris) avait souligné l?innocuité et l?efficacité du Viaskin Peanut sur des patients allergiques à l?arachide et ce, après six mois d?immunothérapie épicutanée lors du congrès EAACI (European Academy of Allergy and Clinical Immunology) qui s?est tenu cette année à Genève. L?efficacité du traitement a été démontrée au cours de l?étude Arachild, menée sur 54 enfants, âgés de 5 à 17 ans, et présentant une allergie à l?arachide confirmée.

Résultats encourageants
Les résultats montrent que 18,5 % des patients du groupe traité ont pu consommer au moins 10 fois plus d?arachide lors du test de consommation mené après 6 mois de traitement, contre aucun dans le groupe placebo. Par ailleurs, l?étude clinique de Phase Ib américaine sur Viaskin® Peanut a démontré que ce traitement par patch est sûr et bien toléré par les adultes, adolescents et enfants allergiques à l?arachide.

Cette étude a été menée dans cinq centres cliniques aux Etats-Unis : Duke University Medical Center, National Jewish Medical Research Center, Arkansas Children?s Hospital, CRI Worldwide et Aspen Clinical Research. Au total, 100 sujets allergiques à l?arachide, dont 70 avec une allergie non-sévère et 30 avec une allergie sévère, ont traités pendant deux semaines par Viaskin® avec des patchs contenant des doses de protéines ou par des patchs placebo. Il ressort que Viaskin® Peanut a été bien toléré et qu?aucun problème majeur d?innocuité n?a été rapporté lors de l?administration du traitement, et ce jusqu?aux plus fortes doses testées chez les différentes populations.

Allergie au lait de vache chez l'enfant

Les résultats annoncés ce jour par DBV Technologies sont plutôt encourageants. La société créée en 2002, développe et commercialise des produits pour le diagnostic et le traitement des allergies, notamment alimentaires. La « biotech » commercialise un produit de diagnostic prêt à l'emploi pour dépister l'allergie au lait de vache chez l'enfant, lancé en France en 2004 et appelé Diallertest®. DBV Technologies développe également une technologie originale de patchs électrostatiques, Viaskin® en vue de développer la voie cutanée dans l?immunothérapie spécifique, ou désensibilisation.

La « biotech » s?était introduite en Bourse, fin mars dernier afin de lever près de 50 millions d?euros. Une somme qui a pour but de financer le développement du Viaskin®, son patch révolutionnaire destiné à traiter les allergies alimentaires?

Désensibilisation

Un tout petit patch qui concentre tous les espoirs pour les millions de personnes souffrant d?allergies au lait de vache et à l?arachide? Contrairement aux allergies respiratoires, il est impossible de se faire désensibiliser, via des injections, des gouttes ou des comprimés comme c?est le cas pour des allergies alimentaires. Alors Viaskin®, le procédé original breveté par DBV Technologies devrait « révolutionner les traitements d?allergies » par la « peau sans passage massif dans la circulation sanguine », ce qui minimise considérablement les risques de réaction allergique généralisée. Le marché auquel s?attaque DBV Technologies est vaste puisque les allergies constituent le quatrième fléau mondial selon l?Organisation Mondiale de la Santé Elles concernent près de 500 millions de personnes à travers le monde, principalement dans les pays développés. Les modifications de l?environnement et des modes de vie, le développement de l?hygiène et la diminution des infections bactériennes chroniques, l?urbanisation, la pollution, les changements d?habitudes alimentaires sont autant de facteurs qui semblent avoir favorisé la progression rapide des allergies. Rien que pour l?allergie à l?arachide, elle concernerait déjà 1% des Français.

En attendant 2017?

Le traitement répond ainsi à un besoin médical fort et n?a pas de concurrent qui pourrait entraver son développement. Il pourrait être commercialisé au prix de 2 000 euros par an et par patient. Une somme qui convient d?être multipliée par deux ou par trois, telle est la durée du traitement. Le PDG de DBV Technologies, Pierre-Henri Benahamou, estime à « plus de 5 millions de dollars le potentiel de ventes du Viaskin®, dans ses trois premières applications à savoir le traitement des allergies à l?arachide, au lait de vache pour l?enfant et aux acariens pour les jeunes enfants. DBV ne compte pas en rester là, la biotech souhaite élargir sa technologie aux allergies aux oeufs, aux fruits de mer?Mais pour voir le Viaskin être disponible au grand public, il faudra attendre encore cinq longues années. DBV ne commercialise pour l?instant qu?un patch de l?allergie au lait du jeune enfant. C?est que pour obtenir le feu vert des autorités compétentes pour la vente du Viaskin®, la « biotech » doit encore finaliser une batterie d?études cliniques de phases II et III sur le Vieux Continent comme aux Etats-Unis. Le produit le plus avancé, le patch Viaskin Peanut (contre l'allergie à l'arachide) va entrer en essai clinique de phase II en Europe et aux Etats-Unis, avec le soutien des National Institutes of Health (NIH). Mais ce patch pourrait voir sa mise sur le marché être accélérée puisque la Food and Drug Administration a reconnu le Viaskin® Peanut comme programme « Fast Track ». Une étape qui réduit un peu plus le risque d?échec du produit?

Une « biotech » reste une « biotech »

Le projet de DBV Technologies a beaucoup d?atouts : une technologie inédite et saluée par plusieurs publications scientifiques, des investisseurs « prestigieux » à ses côtés. Lors de l?introduction en Bourse, DBV Technologies n?était pas seul, ses partenaires et non des moindres, avaient accompagné la « biotech ». L?actionnaire historique Sofinnova était de la partie tout comme Innobio et d?autres industriels de premier plan (ALK Abelló, Shire Laboratories). Ils avaient apporté 8 millions d?euros au pot commun. Depuis la création de DBV en 2002, ces investisseurs ont injecté près de 29 millions d?euros à travers plusieurs levées de fonds. En outre, le Fonds stratégique d?investissement avait participé à cette introduction en Bourse moyennant un ticket d?entrée de 15 millions d?euros, soit près deux fois plus que les actionnaires historiques. Seul point noir du dossier, le moindre retard dans le développement de sa technologie de rupture ou dans la signature des partenariats stratégiques pourrait ébranler les projets de DBV. Comme pour toutes les « biotechs », le parcours boursier du titre DBV Technologies sera marqué par de nombreux mouvements erratiques et ce, jusqu?à la commercialisation des premiers produits, c'est-à-dire en 2017. D?ici cette date, il faudra s?armer de patience?Depuis ses premiers pas boursiers, le titre DBV Technologies a cédé un peu plus de 15%. Le dossier s?en tire beaucoup mieux que d?autres « biotechs » ou « medtechs » qui se sont introduites en même temps que la société basée à Bagneux. Adocia, la « biotech » lyonnaise qui revisite des médicaments existants, a par exemple perdu plus de 30% depuis son entrée en Bourse, en février dernier.

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