C'est sur une perte sévère que s'achève la semaine à la Bourse de New York. Et, malgré le vif rebond de la veille, cette séance du vendredi 29 avril plombe un peu plus la moyenne du mois qui s'affiche dans le rouge pour les principaux indices américains. Responsables au premier chef de ce plongeon, les valeurs technologiques. Mais pas seulement.
Selon des résultats définitifs à la clôture, l'indice Dow Jones a lâché 939,18 points, chutant de -2,77% à 32.977,21 points.
Le Nasdaq Composite, à dominante technologique, s'est effondré de -4,17% perdant 536,89 points à 12.334,64 points.
Le S&P-500, plus large, a perdu 155,71 points, soit -3,63%, à 4.131,79 points.
En avril, Wall Street a battu des records en territoire négatif
Sur le mois, le Dow Jones est en repli de presque -5%. Le Nasdaq en recul de plus de -13% et s'inscrit à son plus bas niveau depuis un an. Quant au S&P 500 avec une chute de presque -9% sur le mois, il accuse son pire mois depuis le début de la pandémie.
Pour ne rien arranger, les analystes n'avaient pas tous la même interprétation de la conjoncture et des raisons de ce plongeon.
« Un large éventail de vents contraires pèse sur les marchés, parmi lesquels un cycle de resserrement agressif attendu de la Fed, mais aussi des confinements en Chine, des pressions inflationnistes persistantes, une hausse des taux obligataires et la récente hausse du dollar américain », soulignaient les analystes de Schwab, interrogés par l'AFP.
Peter Cardillo, de Spartan Capital, estimait que les résultats de la tech étaient les principaux responsables de cette dégringolade :
« Je ne crois pas que cela ait vraiment à faire avec les nouvelles macro-économiques, ce sont plutôt les mauvais résultats d'entreprises comme Amazon ou Apple qui pèsent sur le reste du marché. »
Gros trou d'air pour Amazon (-14%)
Amazon, une des plus grosses capitalisations du Nasdaq, a perdu beaucoup de poids (-14,05% à 2.485,63 dollars) alors que le groupe de Jeff Bezos a accusé son premier déficit trimestriel depuis 2015.
Celui-ci est surtout dû à une révision à la baisse de la valeur de son investissement dans le constructeur d'automobiles électriques Rivian, valorisé 100 milliards de dollars en décembre 2021 alors qu'il n'avait encore sorti de ses chaînes de montage qu'un peu moins de 700 véhicules...
Mais le géant du commerce électronique voit aussi ses ventes pâtir de l'inflation et, en conséquence, a réduit ses prévisions pour le trimestre prochain.
Apple (-3,66%) ralentit et ses explications sont jugées trop floues
Apple qui a annoncé, après la clôture jeudi, des ventes record d'iPhones pour cette période de l'année, mais qui craint que les confinements en Chine et la suspension de ses activités en Russie ne pèsent sur ses résultats à venir, a lâché 3,66% à 157,65 dollars. Lors d'une conférence téléphonique de résultats, le top management -Tim Cook et son directeur financier- a présenté plusieurs raisons à ce ralentissement de la croissance qui pourrait s'accentuer au prochain trimestre: mais plusieurs analystes ont estimé ce discours trop flou sans parler de questions restées sans réponse.
Facebook chahuté également (-2,23%)
Même Facebook (Meta) qui avait terminé jeudi sur un bond de 17% après des profits meilleurs qu'espérés et une bonne tenue des utilisateurs, a cédé du terrain (-2,23%). A 193 dollars, la valeur de l'action reste un tiers en dessous de son pic de fin 2021.
Et pourtant la confiance des consommateurs est bonne
Les nouvelles macro-économiques, relativement rassurantes sur les dépenses et la confiance des consommateurs, n'ont pas conforté les indices.
Les dépenses des consommateurs ont augmenté de 1,1% en mars, une hausse en partie due à l'inflation. Leurs revenus ont aussi progressé, mais dans une moindre mesure (+0,5%).
La confiance des consommateurs s'est nettement améliorée à 65,2 points (+9,8%) même si elle reste à un niveau très bas, selon l'estimation finale de l'enquête de l'Université du Michigan.
En mars, l'inflation aux États-Unis signe sa plus forte hausse depuis 2005
Mais l'inflation, toujours à un nouveau très élevé, est le principal point de préoccupation. Ainsi, l'indice des prix des dépenses de consommation personnelle, mesuré par l'indice PCE, le plus surveillé par la Banque centrale américaine (Fed), a augmenté de 0,9% en mars, la plus forte hausse mensuelle depuis 2005, après avoir augmenté de 0,5% en février.
Au cours des 12 mois écoulés jusqu'en mars, l'indice des prix PCE a augmenté de 6,6%. Il s'agit de la plus forte hausse annuelle depuis 1982 et elle fait suite à une augmentation de 6,3% en glissement annuel en février.
Hors alimentation et énergie, l'indice a ralenti de façon marginale (-0,1 point de pourcentage), à 5,2%.
« La semaine prochaine, la clé sera la réunion monétaire de la Fed et la publication des chiffres du chômage pour avril », a indiqué Peter Cardillo.
De fait, les marchés s'attendent à une hausse d'un demi-point de pourcentage (0,50%) des taux d'intérêts directeurs de la Banque centrale comme l'a laissé entendre son président Jerome Powell qui a indiqué qu'un relèvement de cet ordre était "sur la table".
Du coup, les taux obligataires se sont nettement tendus, grimpant à 2,92% contre 2,82% la veille.
Le pétrole sanctionné malgré les bons résultats (ExxonMobil -2,24%, Chevron -3,16%)
Parmi les entreprises ayant annoncé leurs résultats vendredi, le géant pétrolier américain ExxonMobil (-2,24% à 85,25 dollars) a été pénalisé malgré un bond de son chiffre d'affaires et de ses bénéfices trimestriels. Les analystes s'attendaient à mieux et ExxonMobil a aussi dû passer une grosse charge liée à son retrait de Russie.
Autre bénéficiaire de la guerre en Ukraine, qui a fait flamber les prix du pétrole, Chevron a affiché un résultat net multiplié par quatre sur un an. Son titre a pourtant lâché -3,16% à 156,67 dollars.
Tous les secteurs du S&P ont conclu dans le rouge à commencer par les titres de biens de consommation non essentiels (-5,92%) et l'immobilier (-4,90%), suivis des technologies de l'information (-4,14%)
(avec AFP et Reuters)
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