"Les classements concentrent l'information sur une seule donnée"

Anne Marie Le Bévillon est adjointe au directeur de l'enseignement de la CCIP.

Latribune.fr : pourquoi avez-vous décidé de réaliser une enquête sur l?impact des classements des écoles de commerce en France ?

Anne Marie Le Bévillon : Il nous a semblé intéressant d?évaluer de façon fine quel rôle jouent vraiment les classements dans les choix des jeunes et dans le recrutement. On dit des classements publiés par la presse, qu?ils sont déterminants pour les futurs élèves des écoles de commerce et pour les recruteurs dans les entreprises. Et cela, sans véritable évaluation. Or, la sélection d?une école ou le recrutement d?un candidat nous paraissent plus complexes que ça. Notre objectif était de pouvoir mettre en relation l?impact de ces classements avec d?autres éléments, notamment qualitatifs.

On a l'impression en lisant votre enquête que, paradoxalement, ces classements masquent la réalité des écoles ....

Effectivement. On voit dans l?enquête qu?ils constituent une sorte de "barrage" par rapport à la diversité des écoles. Par leur effet simplificateur, ils concentrent l?information sur une seule donnée : la position des cinq premières grandes écoles et, d?ailleurs, les recruteurs soulignent, dans l?étude qualitative réalisée en amont, que celle-ci ne bouge jamais. Cet effet réducteur pénalise la perception, par les jeunes et les entreprises, des projets pédagogiques et académiques de chacune de ces écoles. Ainsi, hors les cinq premières qui, elles-mêmes, sont perçues par les recruteurs interviewés comme similaires en termes de contenus, les autres écoles sont perçues comme un ensemble finalement peu différencié. Et c?est dommage pour la connaissance de la diversité des enseignements.

Mais au fond, de quelles informations ont besoin jeunes et recruteurs ?

Notre enquête montre que ces besoins sont, plutôt, d?ordre qualitatif. Les jeunes déclarent être intéressés par les parcours internationaux, la qualité des enseignements et des professeurs et le réseau d?entreprises partenaires. Cela s?explique, dans l?enquête, par le fait qu?ils estiment qu?en entrant dans une école de commerce, ils ont une forme de garantie d?insertion et un salaire plus élevé qu?en sortant de l?université. Par contre, les jeunes des classes préparatoires accordent une importance plus marquée aux classements. Les recruteurs, eux, sont plutôt en attente d?informations sur les profils d?élèves sortant des écoles. Ils disent d?ailleurs, dans l?enquête que le premier critère de recrutement dans une école est l?expérience qu?ils ont eu avec un salarié issu de cette école. Le deuxième critère étant la relation de partenariat avec l?établissement. Autrement dit, une proximité qualitative.

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