L'invasion de l'Ukraine par la Russie a accéléré le développement des énergies décarbonées dans le monde entier. Les chiffres ne mentent pas : combinées ensemble, « toutes les sources d'électricité propres (renouvelables et nucléaire) ont atteint 39% de l'électricité mondiale, un nouveau record », le reste étant couvert par les énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon).
Pour son quatrième rapport annuel « Global Electricity Review », Ember s'est appuyé sur des données ouvertes du secteur de l'électricité dans 78 pays représentant 93% de la demande électrique mondiale.
L'Union européenne mène la danse
En 2022, les énergies éoliennes et solaires ont tiré leur épingle du jeu, en atteignant « un record de 12% de l'électricité mondiale », selon ce rapport. C'était 5% en 2015. Plus de 60 pays en tirent plus de 10% de leur courant désormais. L'Union européenne mène la danse, avec 22% d'électricité d'origine renouvelable et une croissance de 24% du solaire par rapport à l'année précédente.
Cette percée a permis de limiter le recours au charbon, qui a cependant augmenté de 1,1%, la demande d'électricité continuant à croître. « Malgré ces progrès, le charbon est resté la plus grande source d'électricité au monde, produisant 36% de l'électricité mondiale en 2022 », souligne le rapport.
« Le début de la fin de l'âge fossile »
La persistance du recours au gaz et au charbon pour répondre à la demande d'électricité a eu pour corollaire de faire « grimper les émissions (de gaz à effet de serre) à un nouveau record », de 12 milliards de tonnes d'équivalent CO2 en 2022 (+1,3%). Les experts du rapport considèrent malgré tout que l'année 2022 pourrait être celle du « pic des émissions liées au secteur électrique et la dernière année de croissance de l'énergie fossile » dans ce secteur.
Pour 2023, ils anticipent « une faible baisse de la production fossile (-0,3%), avec des baisses plus importantes les années suivantes à mesure que le déploiement éolien et solaire s'accélèrera ». « En cette décennie décisive pour le climat, c'est le début de la fin de l'âge fossile », estime l'analyste et coauteure du rapport, Małgorzata Wiatros-Motyka, citée dans le communiqué.
L'Allemagne doit installer « 4 à 5 éoliennes chaque jour » au cours des prochaines années pour couvrir ses besoins L'Allemagne débranchera samedi ses trois derniers réacteurs et fait le pari de réussir sa transition verte sans l'énergie atomique. L'invasion de l'Ukraine aurait pu tout remettre en question : privée du gaz russe dont Moscou a interrompu l'essentiel des flux, le pays s'est retrouvée exposée aux scénarios les plus noirs, du risque d'arrêt de ses usines à celui d'être sans chauffage en plein hiver. « Il y aurait peut-être eu une nouvelle discussion si l'hiver avait été plus difficile, s'il y avait eu des coupures de courant et des pénuries de gaz. Mais nous avons passé un hiver sans trop de problèmes », grâce à l'importation massive de gaz naturel liquéfié, note Jochen Winkler, maire de la commune de Neckarwestheim, où la centrale du même nom vit ses dernières heures. Le rythme actuel de progression des renouvelables ne satisfait toutefois ni le gouvernement, ni les défenseurs de l'environnement et l'Allemagne n'atteindra pas ses objectifs climatiques sans un sérieux coup de collier. L'équation est encore plus complexe compte-tenu de l'objectif d'arrêter toutes les centrales à charbon du pays d'ici 2038, dont un grand nombre dès 2030. Le charbon représente encore un tiers de la production électrique allemande, avec une hausse de 8% l'an dernier pour compenser l'absence de gaz russe. L'Allemagne doit installer « 4 à 5 éoliennes chaque jour » au cours des prochaines années pour couvrir ses besoins, a prévenu Olaf Scholz. La marche est haute comparée aux 551 unités posées en 2022.
(Avec AFP)
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