Énergies vertes : l'Australie dévoile un plan d'investissement pour concurrencer les États-Unis et l'Europe

L'Australie a annoncé ce jeudi un plan visant à injecter des fonds publics dans l'industrie manufacturière et les énergies propres. De quoi rivaliser avec l' « Inflation Reduction Act » américain ou le « Net Zéro » européen. Le pays-continent, qui est l'un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre au monde par habitant, rejoint ainsi la course mondiale à la construction d'une économie plus propre et résiliente.
Les émissions de dioxyde de carbone par personne en Australie s'élèvent à 15,3 tonnes, dépassant les niveaux des États-Unis, selon les chiffres de la Banque mondiale.
Les émissions de dioxyde de carbone par personne en Australie s'élèvent à 15,3 tonnes, dépassant les niveaux des États-Unis, selon les chiffres de la Banque mondiale. (Crédits : STEPHEN COATES)

À son tour, l'Australie se dote d'un « plan climat ». Le Premier ministre, Anthony Albanese, a en effet dévoilé ce jeudi 11 avril un programme destiné à aider le pays à rivaliser avec ses partenaires mondiaux qui accordent des subventions massives aux nouvelles industries.

Baptisée « Future Made in Australia Act », cette loi, qui doit être adoptée cette année, a pour objectif de stimuler les investissements dans les ressources énergétiques renouvelables du pays, y compris la production de batteries, comme l'hydrogène vert, les métaux verts, de créer plus d'emplois et de garantir une économie compétitive, a-t-il expliqué à l'occasion d'un discours dans l'État du Queensland, dans le nord-est du pays, cœur des industries gazières et charbonnières du pays.

Premier exportateur mondial de minéraux tels que le minerai de fer et le charbon, l'Australie, riche en ressources, ne se contentera pas de jouer sur ses « atouts traditionnels », a souligné Anthony Albanese, mais offrira également de nouveaux produits et services à de nouveaux marchés. Cette loi marquera ainsi une rupture avec les politiques de libre-échange du pays-continent en matière de commerce et d'investissement, en vigueur depuis des décennies.

« Nous devons être prêts à rompre avec les vieilles orthodoxies et à actionner de nouveaux leviers pour faire avancer l'intérêt national », a déclaré le Premier ministre du Parti travailliste de centre-gauche.

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Créer une « surpuissance » des énergies vertes

Pour Tim Buckley, directeur du groupe de réflexion indépendant Climate Energy Finance, ce plan jette les bases pour faire de l'Australie un leader en matière de commerce et d'investissement dans le domaine du zéro émission et une « superpuissance » mondiale en matière d'énergie propre. Alors qu'environ 27% de la production économique australienne provient des exportations vers des partenaires internationaux, cette nouvelle loi pourrait avoir des effets d'entraînement et les aiderait à se décarboner également, a relevé l'expert auprès de l'AFP.

« La "Future Made In Australia Act" place l'Australie dans la course mondiale. Il s'agit du signal d'investissement et de la réduction des risques dont les capitaux privés ont besoin », a-t-il jugé.

Il a toutefois ajouté qu'il fallait davantage de détails pour s'assurer que les autorités locales, étatiques et fédérales travaillent ensemble à la mise en œuvre harmonieuse de cette loi.

L'Australie a en tout cas tout intérêt à prendre la route de la décarbonation. Le pays est l'un des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre au monde par habitant. À titre d'exemple, les émissions de dioxyde de carbone par personne s'élèvent à 15,3 tonnes, dépassant les niveaux des États-Unis, selon les chiffres de la Banque mondiale. Le pays s'est engagé à réduire ses émissions de carbone de 43% d'ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2005, en vue d'atteindre des émissions nettes nulles d'ici à 2050.

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Concurrencer les plans des autres puissances

Bien qu'aucun chiffre n'ait été donné, ce programme d'incitation financé par le contribuable vise à concurrencer les efforts d'autres pays. Et notamment les investissements massifs du président américain Joe Biden dans le cadre de son propre plan climat (baptisé « Inflation Reduction Act » ou IRA). Pour rappel, ce programme, adopté à l'été 2022, prévoit 370 milliards de dollars d'investissements pour financer la construction d'usines, d'éoliennes et de panneaux solaires sur le territoire américain, ou encore des primes pour l'achat de véhicules électriques à condition qu'ils sortent d'une usine nord-américaine.

L'IRA a déjà attiré des projets aux États-Unis et déclenché une course aux subventions partout dans le monde. Ainsi l'Union européenne, mais aussi la Chine, le Canada et le Japon, ont également investi dans leur base industrielle et leurs capacités de production. Si bien que « l'Australie ne peut pas se permettre de rester sur la touche », a mis en avant Anthony Albanese.

« Le fait d'être dans la course ne garantit pas notre succès, mais le fait de rester à l'écart garantit l'échec », a ajouté le Premier ministre.

Selon lui, les changements climatiques et économiques en cours sont « tout aussi importants que la révolution industrielle ou la révolution de l'information - et plus rapides et plus vastes que les deux ».

(Avec AFP)

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