Nucléaire : le gouvernement britannique envisage de construire une centrale sur une île du Pays de Galles

Le gouvernement britannique discute avec le japonais Hitachi pour lui racheter un site au Pays de Galles afin d'y bâtir une centrale nucléaire. Plus précisément sur l'île d'Anglesey, où des centrales ont déjà été en fonctionnement dans le passé et où un projet a été abandonné il y a quatre ans.
Sur l'île d'Anglesey, deux précédentes centrales nucléaires avaient fonctionné à partir des années 1970, avant leur fermeture au milieu des années 2010.
Sur l'île d'Anglesey, deux précédentes centrales nucléaires avaient fonctionné à partir des années 1970, avant leur fermeture au milieu des années 2010. (Crédits : Reuters)

Dans sa volonté d'accélérer le développement de l'énergie nucléaire, le Royaume-Uni veut construire de nouvelles centrales. Notamment une à Anglesey, une île au nord du Pays de Galles. L'organisme gouvernemental en charge de la relance du nucléaire dans le pays, Great British Nuclear, est ainsi « en discussions préliminaires avec Hitachi, propriétaire de terres à Wylfa, à Anglesey (...) pour lui acheter le site afin d'y bâtir une centrale » nucléaire avec un nouveau partenaire privé, affirme le quotidien financier FT.

« Wylfa fait partie de plusieurs sites potentiels qui pourraient accueillir des projets nucléaires civils », a confirmé un porte-parole du gouvernement britannique, joint par l'AFP ce lundi 12 février.

Un précédent projet, gelé depuis 2019 et porté par le géant industriel japonais Hitachi, devait déjà aboutir à la construction d'une centrale à Wylfa. Alors composée de deux réacteurs, elle devait disposer d'une capacité de production de près de 3 gigawatts, assurant 6% des besoins actuels en électricité du pays. Mais ces coûts étant jugés trop importants par l'industriel, décision avait été prise de mettre le projet en stand-by. Un an plus tard, faute d'accord financier avec le gouvernement britannique, le conglomérat industriel japonais y avait même définitivement renoncé. Pour rappel, deux précédentes centrales avaient fonctionné sur l'île à partir des années 1970, avant leur fermeture au milieu des années 2010.

Assurer 25% des besoins électriques via le nucléaire

Le projet a cette fois plus de chance d'aboutir. Le gouvernement britannique a en effet lancé en janvier une « feuille de route » en faveur du nucléaire. Objectif : « mettre au point la plus forte expansion du secteur en 70 ans, en simplifiant la réglementation et raccourcissant les processus pour bâtir de nouvelles centrales électriques » nucléaires, a rappelé l'exécutif ce lundi.

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Le gouvernement britannique mise sur le nucléaire pour parvenir à la neutralité carbone d'ici 2050, cette énergie n'étant pas émettrice de CO2 dans l'atmosphère. Mais c'est aussi sa sécurité énergétique que le Royaume-Uni compte assurer. Près de 16% de l'électricité britannique était générée par de l'énergie nucléaire en 2022, contre 38,5% pour le gaz, et 27% pour l'éolien. Londres espère couvrir un quart de ses besoins en électricité grâce au nucléaire d'ici à 2050.

Des projets de centrales dans les cartons

Pour cela, décision a été prise de construire de nouvelles centrales. Car il faut dire que la flotte existante est vieillissante. C'est pourquoi le gouvernement a annoncé le mois dernier, dans la fameuse feuille de route, qu'il « explorait la construction d'une nouvelle centrale électrique majeure », selon un communiqué, sans plus de détails. Elle viendrait s'ajouter aux deux projets déjà en cours et portés par l'énergéticien français EDF. À savoir Hinkley Point C, en construction mais très en retard et dont les coûts s'envolent, et Sizewell C, en développement.

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En parallèle de ces grosses infrastructures, le gouvernement britannique veut aussi s'appuyer sur de petits réacteurs modulaires. Baptisés SMR (pour small modular reactors), ils sont moins chers et donc plus faciles à financer. Reste qu'ils devraient encore nécessiter des années de développement. Six entreprises ont été retenues en octobre par l'exécutif comme finalistes lors d'un appel d'offres pour construire ces petits réacteurs nucléaires, dont la britannique Rolls Royce et EDF.

Fusion nucléaire: un réacteur expérimental britannique bat des records

Les centrales nucléaires actuelles reposent sur le procédé de la fission. Or, c'est surtout la fusion qui suscite d'immenses espoirs dans le monde entier. Et pour cause : si l'homme savait la contrôler, cette source d'énergie cocherait toutes les cases puisque l'électricité qu'elle pourrait délivrer serait quasi illimitée, décarbonée, sûre, et ne produirait quasiment aucun déchet radioactif. Mais elle est aussi critiquée comme un « mirage scientifique » ainsi que pour son coût par des mouvements écologistes comme Greenpeace. C

Cette technologie est basée sur la fusion d'atomes d'hydrogène pour donner de l'hélium, contrairement à la fission qui consiste à casser des noyaux d'atomes lourds en les bombardant de neutrons. Elle est encore en cours de développement depuis des décennies. Et d'ailleurs la semaine dernière, des scientifiques du Joint European Torus (Jet), un des plus grands réacteurs à fusion du monde situé près d'Oxford, ont annoncé avoir réussi à produire par fusion nucléaire la plus grande quantité d'énergie jamais obtenue par ce biais. Ils ont réussi à générer 69 mégajoules d'énergie en cinq secondes, dépassant le précédent record de 59 mégajoules qu'il avait établi en 2021. Ce nouveau record est « une étape significative » pour la fusion nucléraire, s'est réjoui dans un communiqué Eurofusion, consortium qui soutient et finance la recherche sur la fusion au niveau européen.

Il s'agissait de la dernière tranche d'expérimentation du Jet, qui a achevé son programme fin 2023, auquel ont participé 350 scientifiques de l'Union européenne, de Suisse, du Royaume-Uni et d'Ukraine. Ses expérimentations doivent notamment servir au développement du réacteur à fusion Iter, encore plus avancé que le Jet et en construction dans le sud de la France.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 13/02/2024 à 14:16
Signaler
Il est plus facile de gruger la constructeur d'une centrale nucléaire qui est un fonctionnaire représentant un état comme la France qu'une entreprise de construction de renouvelable qui est un privé qui n'est pas prêt à signer n'importe quoi, notamme...

à écrit le 13/02/2024 à 14:16
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Il est plus facile de gruger la constructeur d'une centrale nucléaire qui est un fonctionnaire représentant un état comme la France qu'une entreprise de construction de renouvelable qui est un privé qui n'est pas prêt à signer n'importe quoi, notamme...

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