Transition écologique : l'UE et l'Australie s'entendent sur un partenariat autour des minerais stratégiques

Les premières actions de ce nouveau partenariat stratégique entre l'Union européenne et l'Australie seront mises en place au cours des six prochains mois. Cette coopération couvrira l'ensemble de la chaîne de valeur des minerais critiques et stratégiques, tels que l'exploration, l'extraction, la transformation, le raffinage, le recyclage, etc.
Mathieu Viviani
Pour l'Union européenne et la plupart des économies développés, les minerais sont aujourd'hui d'une importance cruciale pour opérer leur transition écologique et numérique.
Pour l'Union européenne et la plupart des économies développés, les minerais sont aujourd'hui d'une importance cruciale pour opérer leur transition écologique et numérique. (Crédits : Johanna Geron)

Un partenariat dans un domaine stratégique : les minerais, pierre angulaire des infrastructures liées à la transition écologique. Ce mardi, la Commission européenne a ainsi annoncé la signature entre l'UE et l'Australie d'un protocole d'accord posant les bases d'un partenariat autour « des minerais critiques et stratégiques durables ».

Du côté de la Commission européenne, le protocole d'accord a été signé par Valdis Dombrovskis, vice-président exécutif, et Thierry Breton, commissaire en charge notamment du commerce. Les signataires de la partie australienne sont la ministre australienne des Ressources, Madeleine King, ainsi que le ministre du Commerce et du Tourisme, Don Farrell.

À la suite de la signature du protocole d'accord, la Commission a indiqué qu'une feuille de route comportant des actions concrètes allait être élaborée, l'idée étant de mettre le partenariat stratégique en route, au cours des six prochains mois.

« Je suis convaincu que la signature de ce partenariat enverra un message fort à l'ensemble de l'écosystème des matières premières dans l'UE et en Australie. Elle stimulera la coopération, les investissements et les possibilités pour les entreprises » a salué Thierry Breton, dans le communiqué de la Commission européenne.

Et Valdis Dombrovskis d'ajouter : « Notre protocole d'accord met l'accent sur les chaînes de valeur intégrées, en stimulant la recherche et l'innovation pour les deux parties ainsi que sur la production durable. »

Un partenariat sur l'ensemble de la chaîne de valeur des minerais

« Ce partenariat vise en particulier à permettre à l'UE de diversifier ses approvisionnements en matériaux nécessaires aux transitions écologique et numérique, tout en contribuant au développement du secteur national australien des minerais critiques », précise le communiqué de la Commission.

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Par ailleurs, celle-ci indique que « ce partenariat couvrira l'ensemble de la chaîne de valeur des minerais critiques et stratégiques », tels que l'exploration, l'extraction, la transformation, le raffinage, le recyclage et le traitement des déchets d'extraction.

« Ce partenariat étudiera également la coopération dans les pays où l'UE et l'Australie ont des intérêts mutuels », indique en outre le communiqué de la Commission. Avec un accent particulier sur la réduction des incidences sur l'environnement et sur l'intérêt des communautés locales. Cette nouvelle coopération permettra également une synergie autour des technologies et services numériques en lien avec l'exploitation minière.

Déjà plusieurs partenariats noués par l'UE

Pour l'Union européenne et la plupart des économies développées, les minerais sont aujourd'hui d'une importance cruciale pour opérer leur transition écologique et numérique. Ce partenariat avec l'Australie n'est donc pas le premier que la Commission a mis en place ces derniers mois. Des accords ont, en effet, été signés avec le Canada et l'Ukraine en 2021, avec le Kazakhstan et la Namibie en 2022, avec l'Argentine, le Chili, la Zambie, la République démocratique du Congo et le Groenland en 2023, avec le Rwanda, la Norvège et l'Ouzbékistan en 2024.

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De son côté, la France a signé, le 1er mai dernier, une déclaration d'intention avec le Japon pour accélérer la coopération dans le domaine des métaux critiques, comme les terres rares.

Cette coopération bilatérale dans ce domaine, en particulier pour les terres rares et les minerais de batterie, passera notamment par le partage d'informations sur les marchés et sur les vulnérabilités d'approvisionnement, ou encore par des partenariats entre entreprises françaises et japonaises, avait indiqué Bercy. Les deux pays prévoient aussi de travailler sur des projets conjoints, y compris en pays tiers, pour l'extraction, la transformation ou le recyclage des métaux critiques. Enfin, la France et le Japon se sont engagés à agir pour la promotion de chaînes de valeur de standards environnementaux, sociaux et de gouvernance élevés pour ces projets.

L'AIE met en garde contre un risque d'approvisionnement en minerais critiques

Si l'engouement autour de ces matières premières s'intensifie, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a récemment mis en garde sur des problèmes d'approvisionnement. « La chute des cours des minéraux critiques » comme le cuivre, le lithium ou le nickel utilisés pour conduire l'électricité ou dans les batteries des véhicules électriques, les éoliennes et les panneaux solaires « masque le risque de tensions à venir sur l'approvisionnement », a ainsi alerté l'AIE, dans son deuxième rapport annuel sur les métaux publié vendredi 17 mai. En volume, les deux métaux les plus à risque de « tension » sur leur approvisionnement sont le lithium et le cuivre, qui affichent un « écart significatif » entre les perspectives de production et celles de consommation, selon le rapport.

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Or, l'AIE estime à « 800 milliards de dollars » le montant total des investissements miniers nécessaires dans le monde d'ici 2040 pour que la planète respecte l'objectif fixé par l'accord international de Paris sur le climat, de limiter à 1,5 degré le réchauffement des températures.

L'Australie veut devenir « une superpuissance » des énergies renouvelables

Mardi 14 mai, le gouvernement australien a dévoilé un budget colossal dédié au développement des énergies renouvelables pour le prochain exercice 2024/2025 du pays.

S'inspirant de la loi sur la réduction de l'inflation aux Etats-Unis, ce nouveau budget allouera l'équivalent de 13,9 milliards d'euros aux secteurs des panneaux solaires, des carburants bas carbone, à des réductions fiscales pour les minerais essentiels et à d'autres domaines prioritaires.

« Ce budget investit dans nos ambitions de superpuissance en matière d'énergie renouvelable », avait commenté le ministre australien des Finances (travailliste) Jim Chalmers.

(Avec AFP)

Mathieu Viviani

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Commentaires 2
à écrit le 30/05/2024 à 10:03
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Au nom de l'écologie on exploite des mines polluantes à l'autre bout de la planète ... la bonne transition ce serait au moins de réfléchir un peu !

à écrit le 29/05/2024 à 9:45
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La "transition écologique" n'est qu'une vision sectaire de l'avenir, un dogme qui imposera ses réformes pour l'intérêt de quelques uns ! Bref ! Nous demandons une "adaptation écologique" !

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