Selon l'analyse chartiste, qui s'appuie sur la déduction statistique de l'évolution des cours, l'once d'argent se dirigerait tout droit vers les 58 dollars d'ici à la fin de l'année. Le métal a pourtant déjà fortement progressé, passant de 17 dollars il y a un an, à 41,975 dollars lundi. L'once a touché un record historique à l'instar de l'or, qui bondissait à plus de 1.476 dollars.

Les tensions géopolitiques, avec notamment les bombardements continus de l'OTAN en Libye et une dégradation de la situation politique en Syrie ont nourri l'attrait pour ces valeurs refuges.

Mais pour l'argent, le niveau de 41 dollars est démesuré par rapport à la traversée du désert du métal blanc ces dernières années. Délaissé par la photographie, le métal semblait boudé des industriels. Ce qui a bien changé. « De nouvelles applications sont apparues récemment, qui devraient entraîner une multiplication par deux de la demande dans les 10 ans à venir » note Nikolaus Keis, analyste chez UniCredit. Le traitement des eaux usées, la fabrication de textiles, la conservation des aliments ainsi que certains secteurs médicaux ont de plus en plus recours à ce métal. Mais c'est surtout la fabrication de panneaux solaires qui semble doper la demande d'argent ; depuis la catastrophe de Fukushima, le recours aux énergies renouvelables, dont l'énergie solaire, se fait plus urgent qu'auparavant.

Rempart contre l'inflation

L'argent est aussi utilisé dans la bijouterie, ainsi que pour sa fonction monétaire : au même titre que l'or, l'once d'argent représente un rempart contre l'inflation. La perte de valeur des monnaies, et surtout du dollar dans lequel l'argent est libellé comme toutes les autres matières premières, a pour effet de renchérir son prix. De ce fait, les investisseurs se ruent sur l'argent, notamment par le biais de produits ad hoc : les ETF adossés à de l'argent, qui connaissent un fort succès depuis le début de l'année, et stockent de plus en plus d'argent.

« Les investisseurs ont conscience du fait que l'argent est sous-évalué : le potentiel de hausse est encore important, alors que pour l'or, c'est nettement moins évident », explique Harry Sebag, analyste marché chez Saxo Banque. L'argent a bondi de 32 % depuis le début de l'année, contre seulement 1,5 % pour l'or. Et l'objectif de la plupart des experts se situe vers 50 dollars par once, contre 1.500 dollars pour l'once d'or. Ce qui laisse un potentiel de hausse de 30 % pour l'argent, et de seulement 1 % pour l'or.