Jérusalem : L'OCI condamne et rejette la décision de Donald Trump

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(Crédits : Pool New)

par Ali Kucukgocmen

ISTANBUL (Reuters) - L'Organisation de la coopération islamique (OCI), réunie en sommet extraordinaire mercredi à Istanbul, a condamné et rejeté la décision du président Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale de l'Etat d'Israël.

Dans un projet de déclaration commune, consulté par Reuters, l'OCI juge que l'initiative américaine marque de facto le retrait de Washington de son rôle de médiateur dans le processus de paix au Proche-Orient.

L'OCI proclame dans ce texte "Jérusalem-Est capitale de l'Etat de Palestine" et "invite tous les pays à reconnaître l'Etat de Palestine et Jérusalem-Est comme sa capitale occupée".

Prenant la parole lors de ce sommet, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a présenté l'initiative américaine comme "un grand crime" qui bafoue le droit international et risque de transformer le combat politique en combat religieux.

Il a demandé qu'un projet de résolution soit présenté au Conseil de sécurité des Nations unies visant à déclarer la décision de Donald Trump nulle et non avenue.

"Jérusalem est et sera toujours la capitale de la Palestine", a-t-il lancé.

Il n'a pas exclu que les Palestiniens se retirent de certains organismes internationaux pour dénoncer l'initiative américaine.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a aussi appelé la communauté internationale à reconnaître Jérusalem comme capitale de la Palestine et a demandé au président américain de revenir sur une décision qui ne fait, selon lui, que récompenser "les actes de terreur" commis par Israël.

"J'invite tous les pays qui soutiennent le droit international à reconnaître Jérusalem comme la capitale occupée de la Palestine. Nous ne pouvons plus attendre", a-t-il dit. "Israël est un Etat occupant, Israël est un Etat terroriste".

Priée de commenter la prise de position de l'OCI, la porte-parole du département d'Etat américain, Heather Nauert, a déclaré que, malgré les "déclarations incendiaires" qui ont cours dans la région, Donald Trump était "attaché au processus de paix".

"Les déclarations que nous avons entendues ont, par le passé, empêché la paix", a-t-elle dit, priant les uns et les autres de s'intéresser à ce que Donald Trump avait réellement déclaré.

Selon elle, la décision du président américain n'aura aucune incidence sur les futures frontières de la ville qui dépendront de l'issue des négociations entre les Israéliens et les Palestiniens.

Interrogés sur l'hypothèse d'une reconnaissance de Jérusalem-Est comme capitale d'un futur Etat palestinien, Heather Nauert a déclaré que ce choix dépendrait des négociations entre les deux parties.

"Nous prenons position sur la manière dont nous percevons Jérusalem", a-t-elle dit. "Je pense qu'il revient aux Israéliens et aux Palestiniens de décider de comment ils veulent percevoir les frontières", a-t-elle dit.

"DROITS LÉGITIMES" DES PALESTINIENS

A l'ouverture de ce sommet, le chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu, avait également exhorté la communauté internationale à reconnaître Jérusalem-Est comme capitale d'un Etat palestinien.

"Premièrement, l'Etat palestinien doit être reconnu par tous les pays. Nous devons tous nous battre pour cela", avait-il dit.

"Nous devons encourager les autres pays à reconnaître l'Etat palestinien sur la base des frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale."

Sur Twitter, le président iranien, Hassan Rohani, présent à Istanbul, a estimé que les Etats-Unis n'avaient aucun respect pour les droits légitimes de la nation palestinienne.

Washington "n'est pas un médiateur honnête et ne le sera jamais" car les Américains "cherchent seulement à servir les intérêts des sionistes", a-t-il ajouté.

Plus tard, lors de son discours, Hassan Rohani a appelé tous les pays musulmans à unir leurs efforts pour défendre les droits des Palestiniens contre "le régime sioniste" dont l'arsenal nucléaire, a-t-il dit, est une menace pour le monde.

Le roi Abdallah de Jordanie, qui a signé un traité de paix avec Israël il y a vingt ans, s'est élevé contre tout changement du statut de Jérusalem ou de ses sanctuaires.

Israël a conquis Jérusalem-Est, partie arabe de la ville, lors de la guerre des Six-Jours en 1967 et l'a ensuite annexée, proclamant la ville réunifiée sa capitale. Les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de leur futur Etat.

La Turquie, en tant que présidente en exercice de l'OCI, avait invité à Istanbul les dirigeants de la cinquantaine de pays composant l'OCI pour définir une réponse commune à la décision de Donald Trump, annoncée il y a une semaine.

L'initiative américaine a indigné nombre de pays musulmans, mais peu de gouvernements sont allés aussi loin que la Turquie qui a averti que cette décision allait plonger le monde "dans un brasier sans fin".

(Avec Daren Butler et Parisa Hafezi à Istanbul, John Davison et Nadine Awadalla au Caire, Jeffrey Heller à Jérusalem, Guy Kerivel et Nicolas Delame pour le service français)