Séoul et le Pentagone pris au dépourvu par Trump

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Seoul veut des precisions sur l'arret des manoeuvres militaires[reuters.com]
(Crédits : Kim Hong-Ji)

SEOUL (Reuters) - En déclarant mardi que les Etats-Unis allaient cesser d'organiser des exercices militaires conjoints avec la Corée du Sud, Donald Trump a pris Séoul au dépourvu, mais aussi le Pentagone qui a semblé découvrir l'information.

Les services de la présidence sud-coréenne ont réagi en demandant des clarifications tandis qu'un porte-parole du Pentagone se disait incapable de préciser les propos du président américain.

Des experts américains de la défense se sont dits préoccupés par la possibilité que les Etats-Unis suspendent unilatéralement leurs manoeuvres sans concession explicite de Pyongyang.

"Je suis en quelque sorte stupéfié par tout ce qu'on a lâché et le peu qu'on a obtenu en échange", a déclaré un ancien responsable du Pentagone.

Lors d'une conférence de presse après son sommet historique avec Kim Jong-un à Singapour, le président américain a annoncé qu'il souhaitait mettre fin aux "jeux de guerre".

Donald Trump faisait référence aux exercices militaires que Sud-Coréens et Américains mènent régulièrement dans la péninsule et que la Corée du Nord considère comme une menace pour sa sécurité.

Trump a estimé que l'arrêt de ces exercices très coûteux permettrait de faire des économies et a dit qu'il allait en discuter avec les autorités sud-coréennes. Il a reconnu que ces manoeuvres pouvaient avoir un caractère provocateur et que la Corée du Nord souhaitait leur fin.

"Nous avons actuellement 32.000 soldats en Corée du Sud et j'aimerais pouvoir en ramener à la maison. Mais cela ne fait pas encore partie de l'équation", a ajouté Donald Trump.

La cessation de ces manoeuvres est subordonnée à l'évolution des négociations sur la dénucléarisation de la Corée du Nord.

"Nous devons établir le sens précis ou les intentions contenues dans les remarques du président Trump", a déclaré un porte-parole de la Maison bleue, la présidence sud-coréenne.

"J'ai été choqué lorsqu'il a déclaré que les exercices étaient 'provocateurs', un mot que l'on ne s'attend pas à entendre de la part d'un président américain", a dit un responsable sud-coréen qui s'exprimait sous le sceau de l'anonymat.

Donald Trump s'est entretenu mardi soir avec Moon Jae-in, son homologue sud-coréen, pendant une vingtaine de minutes, mais la transcription officielle de leur conversation ne mentionne pas la question des exercices militaires.

L'ÉTAT-MAJOR N'A PAS REÇU DE NOUVELLES CONSIGNES

Séoul a rappelé le mois dernier son attachement à la présence de soldats américains dans la partie méridionale de la péninsule coréenne et indiqué qu'elle ne serait pas évoquée dans un éventuel accord de paix avec le Nord.

Les troupes américaines sont présentes dans la péninsule depuis la Guerre de Corée, qui s'est achevée en 1953 par un simple cessez-le-feu, ce qui signifie que techniquement la Corée du Nord et la Corée du Sud sont toujours en guerre.

Trump a dit par le passé que les Etats-Unis devraient envisager de réduire leurs effectifs en Corée du Sud à moins que Séoul ne soit prête à supporter une plus grande part du coût de cette présence.

Donald Trump a toutefois indiqué que pour l'instant il n'envisageait pas de réduire ou de mettre fin à la présence militaire américaine en Corée du Sud.

L'état-major des forces américaines en Corée du Sud (USFK) a pour sa part indiqué ne pas avoir reçu pour l'instant de consignes concernant la fin des exercices militaires conjoints avec les Sud-Coréens.

"L'USFK n'a pas reçu de consignes actualisées sur la conduite ou la cessation des exercices d'entraînement", a dit le lieutenant-colonel Jennifer Lovett dans un communiqué.

"En coordination avec nos partenaires de la ROK (armée sud-coréenne), nous maintenons notre position militaire actuelle jusqu'à ce que nous recevions des consignes actualisées du département de la Défense et/ou du commandement indo-pacifique", a-t-elle ajouté.

A Washington, un porte-parole du Pentagone a expliqué que le "département de la Défense continuait de travailler avec la Maison blanche (...), nos alliés et partenaires, sur la manière de procéder après le sommet Etats-Unis/Corée du Nord".

"Nous fournirons de nouvelles informations lorsqu'elles seront disponibles."

(Hyonhee Shin; Pierre Sérisier, Nicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)