AF-KLM : Le nom de Guillouard cité, pas de candidature officielle

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(Crédits : Regis Duvignau)

par Jean-Michel Belot et Jean-Baptiste Vey

PARIS (Reuters) - Le nom de Catherine Guillouard, PDG de la RATP, circule lundi dans la presse pour prendre la tête d'Air France-KLM, mais, selon deux sources proches du dossier, elle n'est pas aujourd'hui candidate.

La compagnie aérienne est dirigée actuellement à titre intérimaire par Anne-Marie Couderc depuis la démission de son PDG Jean-Marc Janaillac, début mai, après le rejet, par référendum, d'un projet d'accord salarial.

"Catherine Guillouard, PDG de la RATP, est pressentie pour prendre la tête du groupe", écrit lundi le quotidien Le Figaro, ajoutant que l'Etat serait en "première ligne" pour pousser cette Sciences Po-ENA de 53 ans, qui a passé dix ans chez le géant du transport aérien, de 1997 à 2007.

"Lundi dernier, Alexis Kohler, secrétaire général de l'Élysée, a d'ailleurs reçu Catherine Guillouard, qui avait refusé d'entrer dans le processus enclenché par le comité des nominations d'Air France-KLM", ajoute le quotidien.

Selon deux sources proches du dossier, Catherine Guillouard, ne serait en effet pas officiellement candidate.

"Elle n'est pas candidate, non! Mais comme son CV coche les cases, les gens pensent à elle", a déclaré l'une de ces sources à Reuters. "Beaucoup de gens rêvent qu'elle y aille!"

Une troisième source au fait des discussions a écarté pour sa part l'hypothèse d'un soutien de l'exécutif à une telle candidature, soulignant qu'il était difficilement envisageable de changer à nouveau de patron à la tête de la RATP, à peine un an après sa nomination.

Catherine Guillouard avait succédé à la tête de la régie de transports franciliens à Elisabeth Borne, nommée ministre des Transports en mai 2017.

"C'est vrai qu'on cherche toujours plutôt un spécialiste du transport aérien. La personne [Catherine Guillouard] n'est pas en cause. Elle est très bien, très sérieuse et connaît bien Air France. Mais on ne va pas changer le PDG de la RATP tous les ans !", souligne cette source.

"Le processus est en cours, il avance. Ce serait bien de boucler rapidement, mais encore faut-il trouver la bonne personne", ajoute cette même source, qui juge par ailleurs infondée l'information figurant dans l'article du Figaro, selon laquelle Emmanuel Macron lui-même devrait "prendre sa décision dans la semaine" sur ce dossier.

"Il n'y a pas d'autre nom (qui circule) à ma connaissance", ajoute par ailleurs l'une des sources citées.

D'autres profils pourraient toutefois susciter de nouveau l'intérêt, comme celui de deux Français expérimentés: Marc Rochet, ex-PDG d'Air Caraïbes, et Bruno Matheu, ex-directeur général délégué d'Air France, parti ensuite en 2014 chez la compagnie nationale des Émirats arabes unis (EAU) Etihad, qu'il a quittée en avril 2017.

UN POSTE RISQUÉ, GUÈRE ATTRACTIF POUR UN ÉTRANGER

Le cabinet de chasseurs de têtes Egon Zehnder a été chargé de trouver la perle rare, une mission d'autant plus difficile que la rémunération du PDG d'Air France-KLM est très inférieure aux standards internationaux du secteur, ce qui complique le recrutement de profils de haut niveau à l'étranger.

Vendredi, une source à l'Elysée avait déjà indiqué que ni le chef de l'Etat ni le secrétaire général de l'Elysée ne recevaient de possibles candidats pour Air France.

Un porte-parole de la RATP a déclaré pour sa part que Catherine Guillouard était "pleinement à sa tâche", se refusant à tout autre commentaire, tout comme une porte-parole d'Air France-KLM.

La semaine dernière, la candidature de Philippe Capron, directeur financier de Veolia, proposée par le comité de nomination d'Air France-KLM, avait suscité l'opposition du ministère de l'Economie, qui lui reprochait son absence d'expérience du transport aérien, et, selon la presse, de Delta Air Lines et China Eastern Airlines, actionnaires et partenaires de la compagnie.

Cette crise de gouvernance a par ailleurs relancé le débat sur le fait de savoir si le nouveau PDG d'Air France-KLM serait aussi président d'Air France, une modification inaugurée par Jean-Marc Janaillac à son arrivée en juillet 2016 alors que la compagnie française était déjà en crise.

La question d'une éventuelle sortie de l'Etat, qui détient 14% du capital d'Air France-KLM, ne semble pas non plus à l'ordre du jour, tant la valeur boursière de la compagnie a fondu en raison du long conflit avec les pilotes d'Air France et du scepticisme des investisseurs sur la capacité de la compagnie à se redresser.

Le groupe AccorHotels s'est porté candidat au rachat de tout ou partie de cette participation de l'Etat, afin de mutualiser les forces des deux groupes en matière de digital, de bases de données et de programmes de fidélité.

A 16h25, le titre Air France-KLM progressait de 6,6% à 7,36 euros, enregistrant la plus forte progression de l'indice SBF 120 (0,3%), après les chiffres de hausse du trafic de juin publiés ce lundi.

"C'est plutôt une bonne surprise, qui a été saluée dans plusieurs commentaires", explique un analyste à Paris à propos du trafic. Les grands concurrents d'Air France-KLM en profitent: Lufthansa gagne 2,59% et IAG, maison mère de British Airways et Iberia, 1,7%.

(Avec Pascale Denis, Gwénaëlle Barzic et Marc Angrand, édité par Gilles Guillaume)