Erdogan redemande aux Turcs d'enrayer la chute de la livre

reuters.com  |   |  478  mots
Erdogan redemande aux turcs d'enrayer la chute de la livre[reuters.com]
(Crédits : Henry Nicholls)

ISTANBUL (Reuters) - Le président turc Recep Tayyip Erdogan a renouvelé samedi son appel à ses concitoyens, leur demandant de vendre des dollars et des euros pour soutenir la livre au lendemain d'une forte chute de la devise turque liée à la détérioration des relations entre la Turquie et les Etats-Unis.

La livre turque, qui avait déjà perdu un tiers de sa valeur cette année en raison du contrôle accru du président Erdogan sur l'économie, a touché vendredi un nouveau point bas, perdant un moment jusqu'à 18% de sa valeur, sa plus forte baisse depuis 2001.

Le torchon brûle entre Washington et Ankara à propos du pasteur évangéliste américain, Andrew Brunson, soupçonné de terrorisme. Il est accusé par les autorités d'Ankara d'avoir soutenu le coup d'Etat manqué de juillet 2016, attribué par les autorités turques aux réseaux soutenant le prédicateur musulman Fethullah Gülen qui vit en exil aux Etats-Unis.

Après avoir passé près de 20 mois dans une prison turque, Andrew Brunson a été placé en résidence surveillée en juillet par un tribunal. Depuis lors, Donald Trump et son vice-président Mike Pence ont appelé à plusieurs reprises à sa libération. Ankara a déclaré que la décision incombait aux tribunaux.

En outre, le président américain a annoncé vendredi un doublement des droits de douane sur l'acier et l'aluminium turcs importés aux Etats-Unis, affirmant que les relations avec Ankara n'étaient "pas bonnes en ce moment".

"GUERRE D'INDÉPENDANCE"

S'exprimant devant ses partisans à Ünye, une ville sur la mer Noire, Recep Tayyip Erdogan a regretté que les Etats-Unis prennent le parti Andrew Brunson, plutôt que celui d'Ankara, leur allié stratégique dans l'Otan.

"S'il y a des dollars sous votre oreiller, retirez-les. S'il y a des euros, retirez-les. Donnez-les immédiatement aux banques et convertissez-les en livres turques. Et, ce faisant, nous menons cette guerre d'indépendance et luttons pour l'avenir. Parce que c'est le langage qu'ils comprennent", a déclaré le président.

La Turquie, qui abrite la base aérienne d'Incirlik, utilisée par les forces américaines au Proche-Orient, est membre de l'Otan depuis les années 1950. Elle abrite une partie importante du système de défense antimissile de l'Alliance atlantique contre l'Iran.

Dans une tribune parue dans le quotidien pro-gouvernemental Daily Sabah, le porte-parole du président Erdogan, Ibrahim Kalin, écrit que Washington pourrait perdre Ankara en tant qu'allié.

"Les Etats-Unis courent le risque de perdre la Turquie dans son ensemble. Tous les Turcs sont opposés à la politique américaine, qui ne tient pas compte des exigences légitimes de la Turquie en matière de sécurité", écrit le porte-parole. "Les menaces, les sanctions et les brimades contre la Turquie ne fonctionneront pas".

(Humeyra Pamuk; Danielle Rouquié pour le service français)