Nissan exhorte Renault à lire en détail le dossier Ghosn

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Conseil de nissan ce lundi, pour renforcer la gouvernance[reuters.com]
(Crédits : Kim Kyung-Hoon)

par Naomi Tajitsu

YOKOHAMA (Reuters) - Le directeur général de Nissan a exhorté lundi les administrateurs de Renault à prendre connaissance du détail des accusations ayant amené le constructeur japonais à évincer Carlos Ghosn pour malversations financières.

Hiroto Saikawa, qui a également annoncé des initiatives pour améliorer la gouvernance du groupe automobile japonais dans le sillage de l'inculpation de Carlos Ghosn, a aussi déclaré à la presse que Nissan ne se fixait pas de date butoir pour se choisir un nouveau président du conseil d'administration.

Alors que Nissan a révoqué Carlos Ghosn dans la foulée de son arrestation au Japon le 19 novembre, le conseil d'administration de Renault a réitéré jeudi dernier sa décision de le maintenir en fonction tout en confiant provisoirement les rênes du groupe à un binôme composé de Philippe Lagayette à la présidence et de Thierry Bolloré à la direction générale.

"Nous espérons que le conseil d'administration (de Renault) écoutera nos explications", a dit Hiroto Saikawa à l'issue d'une réunion du conseil d'administration de Nissan.

Des sources proches du dossier ont dit à Reuters que Nissan avait transmis aux avocats du constructeur français ses informations au sujet de Carlos Ghosn. Renault refuse en effet que ses administrateurs soient informés directement du détail de ces accusations et insiste pour que ces échanges se fassent par avocats interposés, notamment pour des raisons juridiques liées au code de procédure au Japon.

"D'après ce que nous comprenons, les détails bruts de la malversation n'ont pas encore été communiqués à chacun des membres du conseil d'administration de Renault", a dit Hiroto Saikawa.

Nissan dit avoir transmis ces éléments aux administrateurs de Mitsubishi, le troisième partenaire de l'alliance, qui a aussi écarté Carlos Ghosn de sa présidence.

NISSAN NE PRÉVOIT PAS D'AG DANS L'IMMÉDIAT

Carlos Ghosn a été inculpé pour ne pas avoir déclaré l'intégralité de ses revenus entre 2010 et 2015 et l'enquête a été élargie aux trois années suivantes. Nissan a pour sa part été mis en examen pour publication de fausses déclarations financières.

Dans une lettre datée de vendredi, Renault, qui détient 43,4% du capital de Nissan, a demandé au constructeur japonais de convoquer une assemblée générale extraordinaire de ses actionnaires en raison de cette inculpation, selon une source proche du groupe français.

Hiroto Saikawa a écarté toute convocation d'une telle AG dans l'immédiat. Il a dit qu'il prévoyait de réunir les actionnaires une fois que le conseil d'administration aurait proposé des réformes fondées sur les recommandations, attendues fin mars, du comité spécial formé pour améliorer la gouvernance du groupe.

Nissan a aussi mis en place un comité consultatif chargé de proposer un nom pour la présidence du conseil d'administration.

"Nous ne devrions pas nous précipiter, nous devrions prendre notre temps (...) Je ferai tout (pour qu'un nouveau président soit bientôt désigné) mais je m'abstiendrai de fixer une date butoir pour cela", a déclaré Hiroto Saikawa.

Renault a refusé de réagir à ces différentes déclarations de Nissan.

Parallèlement, ont dit des sources à Reuters la semaine dernière, le gouvernement français est à la recherche de candidats pour succéder à Carlos Ghosn à la tête de Renault, alors que certains administrateurs ont exprimé des doutes sur le maintien d'un PDG incarcéré au Japon.

Selon les quotidiens Libération et Le Figaro, le président de Michelin Jean-Dominique Senard pourrait succéder à Carlos Ghosn à la présidence de Renault, avec l'appui de l'Etat français, premier actionnaire du groupe automobile. Thierry Bolloré serait confirmé dans ses fonctions de directeur général.

Michelin a refusé de s'exprimer sur le sujet.

Le titre Renault perd 0,45% vers 14h30 tandis que l'indice du secteur automobile européen cède 0,22% au même moment.

(Avec Maki Shiraki à Tokyo et Laurence Frost et Gilles Guillaume à Paris; Dominique Rodriguez et Bertrand Boucey pour le service français, édité par Catherine Mallebay-Vacqueur)