Forte hausse des violences contre les journalistes dans le monde

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Forte hausse des violences contre les journalistes dans le monde[reuters.com]
(Crédits : Osman Orsal)

PARIS (Reuters) - Les violences visant les journalistes ont fortement augmenté cette année dans le monde, atteignant un niveau "inédit" avec notamment la mort de 80 d'entre eux, dénonce Reporters sans Frontières (RSF) dans son bilan annuel publié mardi.

"Qu'il s'agisse d'assassinats, d'emprisonnements, de prises d'otages ou de disparitions forcées, les violences commises contre les journalistes en 2018 dans le monde sont en nette hausse", souligne l'organisation de défense de la liberté de la presse.

Sur les 80 journalistes tués dans l'exercice de leurs fonctions en 2018, plus de la moitié ont été "sciemment visés et assassinés", souligne RSF.

Parmi les victimes figurent 63 journalistes professionnels, soit une hausse de 15% par rapport à 2017, une évolution préoccupante après trois années de baisse, poursuit l'organisation basée à Paris.

"Les assassinats très médiatisés de l'éditorialiste saoudien Jamal Khashoggi ou du jeune journaliste de données slovaque Jan Kuciak ont mis en lumière la détermination sans limite des ennemis de la liberté de la presse", accuse-t-elle.

L'Afghanistan a été en 2018 le pays le plus meurtrier, avec 15 journalistes tués, mais des pays en paix comme le Mexique (neuf décès) et les Etats-Unis, après la fusillade sanglante contre la rédaction du Capitol Gazette, ne sont pas épargnés.

La mort n'est pas le seul risque auquel les journalistes sont exposés: 60 d'entre eux ont été pris en otage cette année, trois ont disparu et 348 autres sont emprisonnés, des chiffres là aussi en hausse.

"Les violences contre les journalistes atteignent un niveau inédit cette année ; tous les voyants sont au rouge", déclare Christophe Deloire, le secrétaire général de RSF, dans le communiqué de présentation du rapport.

"La haine contre les journalistes proférée, voire même revendiquée, par des leaders politiques, religieux ou des businessmen sans scrupules a des conséquences dramatiques sur le terrain (...)", souligne-t-il.

"Démultipliés par les réseaux sociaux, qui portent à cet égard une lourde responsabilité, ces sentiments haineux légitiment ces violences et affaiblissent, un peu plus chaque jour, le journalisme et, avec lui, la démocratie."

Le constat dressé par RSF n'est pas nouveau. Lors de la publication de la dernière édition du Classement mondial de la liberté de la presse, en avril dernier, l'organisation pointait déjà du doigt la volonté des régimes autoritaires d'exporter leurs contre-modèles en visant, à travers les journalistes, la liberté d'informer.

(Tangi Salaün)