Le gouvernement reste ferme sur la réforme des retraites

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Le gouvernement reste ferme sur la reforme des retraites[reuters.com]
(Crédits : Benoit Tessier)

PARIS (Reuters) - Le gouvernement maintient le cap sur son projet de réforme des retraites malgré les avertissements des syndicats quant à la dégradation du climat social en France et la multiplication des appels à la grève pour le 5 décembre.

Invité de France Inter lundi, le ministre l'Economie et des Finances a maintenu l'objectif d'une refonte d'un système né en 1945 qu'il juge "à bout de souffle", "injuste", "fragile financièrement" et "extraordinairement complexe".

A l'adresse des enseignants, qui devraient être très mobilisés jeudi, Bruno Le Maire a toutefois promis que des discussions s'ouvriraient sur une revalorisation de leurs salaires afin qu'ils ne soient pas "perdants".

"On va intégrer les primes, ça va être bon pour un certain nombre de fonctionnaires. Pour d'autres, dont les enseignants, ça n'aura pas une grande incidence. Donc il faudra qu'il y ait une revalorisation. Nous en sommes conscients", a-t-il expliqué dans un geste d'ouverture.

Mais les protestations ne doivent pas "nous empêcher de mener à terme" ce projet de société, a souligné le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, dans Le Journal du Dimanche.

Le dirigeant de la CFDT, Laurent Berger, tout comme l'ex-secrétaire général de la CGT Bernard Thibault, ont mis en garde le gouvernement contre la dégradation du climat social en France, un climat plus tendu qu'en 1995, date d'une mobilisation d'ampleur qui avait contraint le gouvernement d'alors à reculer sur son projet de réforme des retraites.

"ILS ESSAIENT DE DIVISER"

Selon la CGT, plus de 2.000 appels à la grève ont été recensés dans le secteur privé pour le 5 décembre. Le mouvement devrait être aussi massif dans les transports, les services publics, l'enseignement ou encore les hôpitaux.

"Ce qu'on dit, c'est que le projet du gouvernement ne va pas améliorer le sort des retraités, il va l'aggraver", a dit à Reuters le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, citant l'exemple du régime unique instauré en Suède en 2001, qui, dit-il, a fait baisser le montant des pensions entre 2004 et 2018, les faisant passer de 60% du salaire de fin de carrière à 53% aujourd'hui.

"Tout le monde a bien compris, contrairement à ce qu'essaie de faire croire le gouvernement, que la réforme des retraites concernait (l'ensemble de la population)", a-t-il ajouté.

"L'exécutif et le président de la République savent maintenant qu'il va se passer quelque chose d'important le 5 décembre, mais plutôt que d'écouter, ils essaient de diviser, d'opposer, de faire peur aussi", estime-t-il.

Pour le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier, les salariés n'ont pas d'autres moyens aujourd'hui "pour se faire entendre que de dire : 'on arrête de travailler tous ensemble, le plus largement et le temps qu'il faudra'".

"A force de ne pas nous écouter, ça s'accumule et aujourd'hui on arrive à cette situation", dit-il à Reuters. Mais l'objectif du mouvement est de faire bouger les lignes, "ce n'est pas de bloquer pour bloquer".

Pour les syndicats à l'initiative du mouvement, le gouvernement doit écarter le projet de régime unique par points porté par le haut-commissaire à la réforme, Jean-Paul Delevoye, et améliorer le système existant.

Le haut-commissaire doit présenter les conclusions des dernières consultations avec les partenaires sociaux "le 9 ou 10 décembre", avant que le Premier ministre ne présente les grandes lignes du projet de réforme.

(Caroline Pailliez, édité par Sophie Louet)