Lane (BCE) suggère une pause dans les mesures de soutien

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(Crédits : Gonzalo Fuentes)

par Balazs Koranyi, Francesco Canepa et Frank Siebelt

FRANCFORT (Reuters) - Philip Lane, l'économiste en chef de la Banque centrale européenne, a laissé entendre lors d'un entretien à Reuters que la BCE pourrait marquer une pause en matière de politique monétaire, soulignant qu'un rebond économique était en cours et que les marchés étaient stabilisés, même s'il faudra attendre des mois avant de pouvoir trancher sur la nature de la reprise.

La BCE a augmenté son soutien au crédit et à l'économie à trois reprises depuis le début de la crise du coronavirus en mars, en lançant notamment un nouveau programme d'achats de titres sur les marchés dont le montant a été porté le mois dernier à 1.350 milliards d'euros. Elle a également prolongé ces achats d'obligations sur les marchés jusqu'en juin 2021.

"Nous avons fait beaucoup. Nous avons cet horizon d'un an", a dit Philip Lane à Reuters cette semaine. "Cet horizon d'un an correspond à cela, au délai pour savoir véritablement si l'économie européenne sera en mesure de se redresser après ce choc."

Philip Lane a ajouté que les mesures prises par la BCE avaient contribué à stabiliser les marchés depuis mars et que les banques restaient "très liquides".

Même si certains indicateurs économiques récents ont dépassé les attentes, il a mis en garde contre un optimisme excessif, jugeant qu'il était trop tôt pour parler de reprise généralisée.

"Nous sommes entrés dans une période longue durant laquelle les indicateurs devraient être majoritairement positifs", a-t-il dit mais "ces semaines de rebond initial ne constituent pas vraiment une indication de ce qui se passera pendant l'hiver".

Philip Lane a aussi relativisé la probabilité que la BCE décide d'inclure les obligation d'entreprise notée en catégorie spéculative ("junk") dans son programme d'achats, un sujet débattu sur les marchés depuis le début de la crise.

Il a estimé peu probable une nouvelle série de dégradations des notes de crédit d'entreprises qui pourrait conduire la banque centrale à modifier sa position en la matière.

"Pour moi, les notes actuelles semblent correspondre à un équilibre raisonnable. Les données ne conduisent pas à conclure qu'il devrait y avoir beaucoup plus de dégradations", a-t-il dit.

Il a aussi rejeté l'idée selon laquelle la faiblesse persistante de l'inflation et l'envolée de l'endettement pourraient empêcher la BCE de resserrer sa politique à l'avenir car une hausse des taux rendrait le coût de la dette insupportable pour certains pays comme l'Italie.

Il a estimé qu'une dette élevée n'empêchait pas en soi une remontée de l'inflation.

"Nos indications sur l'évolution future de notre politique sont pleines de stratégies de sortie. Mais ce qui est vrai, c'est que la seul solution pour le prouver, c'est l'action", a-t-il dit.

(Version française Marc Angrand, édité par Jean-Michel Bélot)