La police tchèque enquête sur le silence entourant la santé du président Zeman

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La police tcheque enquete sur le silence entourant la sante du president zeman[reuters.com]
(Crédits : Shannon Stapleton)

par Robert Muller et Jan Lopatka

PRAGUE (Reuters) - Une enquête de police a été ouverte mardi en République tchèque pour déterminer si la présidence n'a pas commis d'infractions en n'informant ni la population ni les plus hauts responsables du pays de l'état de santé du chef de l'Etat, Milos Zeman, hospitalisé en soins intensifs depuis le 10 octobre.

Le chef de cabinet du président, Vratislav Mynar, est particulièrement la cible des critiques que suscite le secret entourant la santé de Milos Zeman, qui est âgé de 77 ans.

Le président a été hospitalisé au lendemain d'élections législatives défavorables à son allié le Premier ministre Andrej Babis.

Alors que l'entourage du chef de l'Etat reste muet, le président du Sénat, Milos Vystrcil, a déclaré lundi, sur la foi d'un rapport médical qu'il a lui-même commandé, que le président tchèque était incapable d'exercer ses fonctions et ne pourrait pas reprendre ses fonctions officielles avant des semaines.

Or l'hôpital avait informé dès le 13 octobre Vratislav Mynar de la gravité de l'état du président, a souligné Milos Vystrcil, et la présidence n'a pas partagé l'information.

Vratislav Mynar a au contraire déclaré que le président avait signé un décret de convocation du Parlement pour la première fois depuis les élections des 8 et 9 octobre.

"Eu égard aux nouvelles informations diffusées par le Sénat, la police va lancer une enquête sur de possibles infractions, dans lesquelles des marques de crimes contre la République peuvent être détectées", a déclaré la police sur Twitter, sans faire de plus amples commentaires.

APPELS À LA DÉMISSION

Milos Zeman a été hospitalisé au lendemain de la défaite de son allié Andrej Babis face à une coalition de partis d'opposition revendiquant la formation du futur gouvernement après avoir remporté une majorité de sièges à la chambre basse.

Après la publication du rapport médical, le Sénat tchèque a entamé un débat sur l'activation d'une clause constitutionnelle transférant certaines prérogatives présidentielles à d'autres responsables politiques, notamment celle de désigner un nouveau Premier ministre.

La motion a de fortes chances d'être adoptée, les deux chambres du Parlement étant désormais contrôlées par l'opposition, mais elle ne devrait pas être approuvée avant que la nouvelle Chambre des députés se réunisse le mois prochain.

Les prérogatives du chef de l'Etat se partageraient entre le Premier ministre et le président de la chambre basse du Parlement.

Andrej Babis a promis une transition en douceur. Il a également estimé qu'il serait peut-être prématuré de priver Milos Zeman de ses fonctions mais sur Twitter, il a jugé "absolument inacceptable" le comportement de Vratislav Mynar et réclamé sa démission.

Petr Fiala, candidat de l'opposition au poste de Premier ministre, a partagé ce sentiment sur le réseau social.

Vratislav Mynar a déclaré que seul le président Milos Zeman pouvait mettre fin à ses fonctions et ajouté qu'il ne commenterait aucune déclaration émanant de responsables politiques.

(version française Jean-Stéphane Brosse)