Les communications sont coupées au Soudan, Khartoum à l'arrêt

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Les communications sont coupees au soudan, khartoum a l'arret[reuters.com]
(Crédits : El Tayeb Siddig)

par Khalid Abdelaziz

KHARTOUM (Reuters) - Rues bloquées, magasins fermés, communications téléphoniques et internet coupées: la capitale soudanaise Khartoum était à l'arrêt mardi, au lendemain d'un coup d'Etat militaire qui a provoqué des manifestations pendant lesquelles au moins sept personnes ont été tuées.

Tous les grands axes de Khartoum et de sa soeur jumelle Omdurman, sur l'autre rive du Nil, sont bloqués soit par les militaires putschistes, soit par les manifestants qui réclament la restitution du pouvoir au gouvernement civil de transition.

Des appels à la grève générale sont diffusés par les haut-parleurs des mosquées, reprenant le mot d'ordre des Forces pour la liberté et le changement, dont les manifestations avaient précipité la chute d'Omar el Béchir en 2019 et qui ont appelé lundi soir la population à la désobéissance civile.

La nuit semble avoir été relativement calme en comparaison de l'ébullition qui s'était emparée lundi des rues de Khartoum après l'arrestation du Premier ministre Abdallah Hamdok et de la plupart des dirigeants des autorités de transition issus de la société civile.

Selon un responsable du ministère de la Santé, les affrontements entre jeunes manifestants et l'armée appuyée par des forces paramilitaires ont fait au moins sept morts et 140 blessés.

Après avoir ordonné lundi la dissolution du gouvernement civil et du Conseil de souveraineté avec lequel il partageait jusqu'alors le pouvoir jusqu'à la tenue d'élections, le chef des putschistes, le général Abdel Fattah al Burhan, a dissous mardi les organisations syndicales qui s'opposent au coup d'Etat, ont rapporté les chaînes panarabes.

PÉNURIES

Alors que l'armée a fermé les ponts qui relient Khartoum à Omdurman, les Soudanais peinent à accéder aux produits de première nécessité et des queues de plusieurs heures se sont formées devant les rares boulangeries ouvertes.

Les banques et les distributeurs automatiques sont fermés et les applications mobiles très largement utilisées par les Soudanais pour faire leurs achats sont inaccessibles.

"On paie le prix de cette crise", pestait un habitant d'Omdurman en tentant d'acheter des médicaments dans une pharmacie dont les étagères sont presque vides. "On ne peut pas travailler, on ne peut pas acheter de pain, aucun service ne fonctionne, on n'a pas d'argent."

Selon un habitant d'El Geneina, dans l'ouest du pays, la ville est aussi paralysée par un mouvement de désobéissance civile, l'ensemble des écoles, des magasins et des stations service étant fermés.

Le coup d'Etat s'est produit sur fond de désaccords entre militaires et civils sur le rythme de la transition démocratique et alors que la direction du Conseil de souveraineté, assumée jusqu'à lundi par le général Burhan, devait être transmise à une personnalité civile dans les prochains mois, dans le cadre de l'accord de partage du pouvoir conclu après la chute d'Omar el Béchir.

Les institutions régionales et les gouvernements occidentaux ont condamné le coup d'Etat, Washington annonçant notamment la suspension de son aide économique d'urgence, cruciale pour un pays au bord du gouffre.

(Ecrit par Michael Georgy, version française Tangi Salaün)