L'armée israélienne dit combattre le Hamas dans les tunnels de Gaza

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Photo des chars israeliens qui font des manoeuvres a l’interieur de la bande de gaza, vus d’israel[reuters.com]
(Crédits : Evelyn Hockstein)

par Nidal al-Mughrabi et Emily Rose

GAZA/JÉRUSALEM (Reuters) - L'armée israélienne a dit mardi avoir engagé le combat avec le Hamas à l'intérieur du vaste réseau de tunnels construit par le mouvement islamiste sous les villes de la bande de Gaza, au lendemain du rejet par le Premier ministre Benjamin Netanyahu des appels à une pause humanitaire.

La destruction ou le contrôle des tunnels est un objectif prioritaire pour Israël alors que ses soldats élargissent leurs opérations terrestres dans l'enclave palestinienne, avec comme objectif affiché d'éliminer le Hamas après l'attaque qui a fait plus de 1.400 morts côté israélien le 7 octobre.

"Au cours de la journée écoulée, les forces de Tsahal ont frappé environ 300 cibles, y compris des postes de tir de missiles antichar et de roquettes enfouis, ainsi que des complexes militaires situés dans des tunnels souterrains appartenant à l'organisation terroriste Hamas", a indiqué l'armée dans un communiqué.

Les combattants du Hamas ont riposté en tirant des missiles antichar et avec des armes automatiques, a-t-elle ajouté. "Les soldats ont tué ces terroristes et ont demandé aux forces aériennes de frapper en temps réel des cibles et des infrastructures de la terreur."

D'après des témoins, les forces israéliennes ont également mené des frappes contre le nord-ouest de la bande de Gaza au cours de la nuit, avec attaques aériennes, maritimes et terrestres.

Le directeur de l'hôpital indonésien de Gaza a déclaré à Al Jazeera que plus de 50 Palestiniens ont été tués et 150 blessés lors de frappes israéliennes sur une zone densément peuplée du camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza.

Aucun commentaire n'a été effectué dans l'immédiat par l'armée israélienne.

L'armée israélienne a fait mouvement lundi en direction du principal axe routier reliant le nord et le sud de la bande de Gaza, ont déclaré des témoins, ajoutant que Tsahal semblait vouloir isoler la ville de Gaza en attaquant au nord-ouest, le long du littoral, et au sud de la ville.

Israël a dit avoir libéré lors de ces opérations une soldate qui avait été prise en otage par le Hamas le 7 octobre. Le groupe islamiste détiendrait encore près de 240 personnes, notamment dans les tunnels qui lui servent de refuge face aux bombardements aériens.

NETANYAHU INFLEXIBLE

Les brigades Ezzedine al Qassam, branche armée du Hamas, ont confirmé que des combats étaient en cours contre les soldats israéliens au sud de la ville de Gaza, et on dit avoir tiré des missiles antichars produits localement contre quatre véhicules militaires.

Elles ont également revendiqué des tirs de missiles contre des chars israéliens dans le nord-ouest de l'enclave.

Reuters n'a pas été en mesure de confirmer les informations faisant état de combats.

Selon les services de santé de Gaza, sous contrôle du Hamas, 8.525 personnes sont mortes depuis le début des bombardements israéliens le 7 octobre, dont 3.542 mineurs.

Gaza, minuscule territoire sur lequel s'entassent 2,3 millions de Palestiniens, est une des zones les plus densément peuplées au monde. Selon l'Onu, 1,4 million d'habitants ont été privés de logement par l'offensive israélienne.

Malgré les appels insistants de la communauté internationale, y compris les alliés occidentaux d'Israël, à une "pause humanitaire", voire à un cessez-le-feu, pour venir en aide à la population civile, Benjamin Netanyahu a exclu lundi soir de relâcher la pression.

"Les appels au cessez-le-feu sont des appels pour qu'Israël se rende au Hamas, au terrorisme, à la barbarie. Cela n'arrivera pas", a déclaré le Premier ministre dans un discours télévisé.

Selon des experts militaires, l'armée israélienne progresse lentement au sol pour limiter ses pertes, mais aussi pour laisser une porte entrouverte aux négociations en vue de la libération des otages du Hamas.

"CATASTROPHE DANS LA CATASTROPHE"

Mais plus l'opération militaire dure, plus les civils palestiniens pris au piège des combats souffrent.

Le porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en garde mardi contre une "catastrophe imminente" en matière de santé publique en raison de la dégradation rapide de la situation sanitaire.

"Une catastrophe de santé publique imminente se prépare en raison des déplacements massifs, de la surpopulation (dans le sud de la bande de Gaza), des dégâts causés aux infrastructures d'eau et d'assainissement", a déploré Christian Lindmeier pendant une conférence de presse à Genève.

Lundi, le bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) avait dénoncé l'arrêt des livraisons d'eau à l'enclave, après la coupure de la dernière canalisation alimentant le sud de Gaza depuis Israël "pour des raisons inconnues", et faute de réparations sur une autre canalisation qui dessert le centre du territoire.

Les habitants de Gaza ne reçoivent plus que 5% du volume d'eau potable habituel et sont contraints de boire de l'eau salée pour éviter la déshydratation, ce qui accroît le risque de mortalité infantile, s'est insurgé le porte-parole de l'Unicef, James Elder, pendant la même conférence de presse.

L'Onu a également déploré qu'un nombre très insuffisant de camions d'aide humanitaire puisse franchir la frontière avec l'Egypte pour venir en aide à la population. Quatre centres de stockage et de distribution d'aide ont été pris d'assaut par des habitants désespérés et ne sont plus en état de fonctionnement, a précisé lundi l'agence de l'Onu pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

"C'est une catastrophe qui s'ajoute à une catastrophe. Les besoins en matière de santé explosent et notre capacité à y répondre diminue rapidement", a déclaré le responsable des urgences de l'OMS dans la région, Rick Brennan.

(Reportage de Nidal al-Mughrabi, Yomna Ehab, Ali Swafta, James Mackenzie, Henriette Chacar, Dan Williams, Emma Farge, Jonathan Landay et Emily Rose; version française Tangi Salaün et Augustin Turpin, édité par Bertrand Boucey et Jean Terzian)