Qui sont les porteurs de la flamme olympique ?

Portraits de cinq des 11.000 relayeurs dont les parcours résonnent avec les valeurs olympiques.
Champion du monde de paratriathlon en 1998-1999, Nicolas Bachoffer a gravi les 3.900 mètres d'altitude du Kilimandjaro (Tanzanie) en 2008.
Champion du monde de paratriathlon en 1998-1999, Nicolas Bachoffer a gravi les 3.900 mètres d'altitude du Kilimandjaro (Tanzanie) en 2008. (Crédits : DR)

Benjamin Ducasse, l'air du dépassement de soi

Ce violoniste, diplômé du conservatoire de musique de Paris, a accompagné la chanteuse américaine Melody Gardot en tournée en France et a joué sur le court Philippe-Chatrier, à Roland-Garros, avant les finales 2023 avec l'orchestre Divertimento. La terre ocre de la porte d'Auteuil fait le lien avec son autre passion. « J'ai toujours été sportif dans l'âme mais, étant musicien, mes parents préféraient que je n'en fasse pas trop afin de préserver mes bras et mes mains ». Il s'est cassé la colonne vertébrale à l'âge de 19 ans, en sautant une bosse à skis. « C'était une connerie, dit-il, mais j'ai gardé le goût du défi sportif. »

L'actuel directeur du conservatoire de Deuil-la-Barre (Val d'Oise) s'est battu pour réapprendre à marcher en béquilles. Elles le soutiendront pendant le relais de la flamme car son accident l'a privé de l'équilibre statique. « Elles me représentent plus que tout », dit Benjamin Ducasse, qui accueille cette expérience comme une nouvelle aventure et le privilège de montrer l'effort physique et le dépassement de soi en exemple. Le même leitmotiv l'anime en tant que référent pédagogique du projet Démos (dispositif d'éducation musicale et orchestrale à vocation sociale) dans le départ de la Seine-Saint-Denis, un territoire défavorisé placé au cœur des Jeux.

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Isabelle Oriol, cœur battant des urgences

Chaque journée de travail aux urgences de l'hôpital de Brignoles (Var) est « une compétition » pour Isabelle Oriol, aide-soignante de 50 ans, dont trente-deux passées dans cet établissement où elle se sent chez elle. Ce n'est pas qu'une expression : elle est née entre ces murs et y a mis au monde ses enfants. « J'y suis très épanouie », lance-t-elle gaiement. La direction de l'hôpital a nominé sa fidèle employée pour le relais de la flamme en récompense de ses valeurs « humanistes » et de son engagement quotidien aux côtés des patients. Au travail, « tout le monde est au courant » de l'honneur qui lui est fait.

Elle précise d'ailleurs qu'elle n'a jamais manqué un jour, sauf pour ses accouchements, et raconte, visiblement honorée, que le journal de l'hôpital, Au fil des saisons, lui a consacré un petit article. C'est avec « une immense fierté » qu'elle représentera « tous les professionnels de santé ». Après ses gardes de douze heures, souvent « difficiles et intenses », Isabelle décompresse par l'effort : direction la zumba, le pilates ou le yoga. Ses parents, ses enfants et son mari, éducateur auprès d'une équipe de football, ont hâte d'assister à son relais. Tout comme elle, que l'athlète Marie-José Pérec ainsi que la patineuse Surya Bonaly ont inspirée lors des éditions qu'elle a dévorées à la télévision.

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Nicolas Bachoffer, le handicap au sommet

Autonomie, confiance en soi, sociabilisation : le sport a beaucoup apporté à Nicolas Bachoffer, touché par la poliomyélite à l'âge de 9 mois. Pendant sa jeunesse, dans les années 1970, « le handicap était regardé de travers car inconnu du grand public ». La pratique sportive lui a servi de tremplin pour avoir « une vie normale », car, d'après lui, « un handicapé qui fait du sport donne une image positive et dynamique à un valide qui le regarde ». Le sexagénaire a été champion du monde de paratriathlon en 1998-1999 puis il a gravi les 3.900 mètres d'altitude du Kilimandjaro (Tanzanie) en 2008. « Quand je suis rentré à la maison, une photo de moi prise au sommet de la montagne, après six jours de galère, a fait le tour du Pays basque », se souvient-il, ému.

C'est cette même idée de partage qui rend d'avance savoureuse sa participation au relais de la flamme. « Je veux vraiment que les gens se retrouvent à travers moi ». Dès que l'on en parle autour de lui, les poils de Nicolas Bachoffer « se hérissent ». Pour ce président bénévole d'une association handisport et d'un club de basket féminin, organisateur d'animations dans le cadre du sport partagé, « qu'on le veuille ou non, les Jeux olympiques représentent la performance et le résultat. Mais je veux aussi incarner d'autres valeurs qui n'ont rien à voir avec le chronomètre ».

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Séverine Bernard, sous le signe du père

La flamme olympique éclaire la famille de Séverine depuis plus d'un demi-siècle : son père, Henry Bernard, a porté la flamme à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône) lors des Jeux d'hiver à Grenoble en 1968. Cet ancien champion de France du lancer du marteau a mis le pied à l'étrier à sa fille, qui a atteint la finale des championnats de France en 1993 et établi un nouveau record régional, ce qui lui a donné l'opportunité d'entrer en sport-études. « Porter la flamme à mon tour, c'est la continuité d'une tradition familiale », confie-t-elle. C'est son mari qui a envoyé sa candidature comme un hommage à Henry, décédé en janvier 2023. « Il aimait regarder le sport à la télévision et se réjouissait que la France accueille les JO. Habitant à Marseille, on aurait pu assister aux épreuves organisées près de chez nous », regrette Séverine.

Cette admiratrice de la discobole Mélina Robert-Michon a enseigné des mots de base du vocabulaire sportif en langue des signes à des enfants sourds et malentendants qu'elle accompagne : Jeux olympiques, match, compétition, gagner et perdre, encourager, félicitations et bien sûr, flamme. Avec un clin d'œil pour les sports entrant au programme de Paris 2024 : « Je continue à me former pour trouver comment décrire les nouvelles disciplines ».

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Vincent Feuillade, meurtri par les attentats

Ancien nageur, Vincent Feuillade s'est mis au trail pour évacuer l'insurmontable douleur causée par les attentats de novembre 2015, qui lui ont enlevé son jeune frère Romain. Participer au relais de la flamme depuis chez lui, en Savoie, jusqu'à leur ville de naissance, Paris, est un symbole et un hommage. « Nous avions huit ans d'écart et n'habitions pas la même région alors, quand on arrivait à se voir, on faisait la fête plutôt que disputer un match de football », raconte Vincent à propos de son frère disparu, qui aimait moins le chlore de la piscine que les paniers de basket.

Des Jeux olympiques, Vincent Feuillade conserve le souvenir de matches de handball et de volley, d'épreuves de natation à Barcelone, en 1992. Il garde aussi en mémoire le 100 mètres de l'Équato-guinéen Éric Moussambani à Sydney, huit ans plus tard : le nageur qui s'entraînait dans la mer et voyait un bassin de 50 mètres pour la première fois, avait mis deux fois le temps de tous ses concurrents à finir ses longueurs. Vincent retient d'abord qu'il avait « fait de son mieux ». Il participera au relais avec sa femme, dans « un esprit de famille », car c'est elle qui a dû lui annoncer la mort de son petit frère. « Il est toujours avec nous », dit-il difficilement, étreint par le chagrin.

Thomas Pesquet, Anne-Sophie Pic, Jamel Debbouze... le peloton des personnalités

Un grand nombre de personnalités figurent parmi les 11.000 porteurs sélectionnés par le comité d'organisation (Cojop), les sponsors et les territoires. Parmi les champions olympiques, honneur au plus âgé d'entre eux : le médaillé d'or en cyclisme à Londres (1948) et désormais centenaire, Charles Coste. Le nageur Florent Manaudou, parmi les premiers de cordée à Marseille, la gymnaste Émilie Le Pennec et le handballeur Michael Guigou porteront aussi la flamme. Beaucoup de sports seront représentés par des athlètes d'hier et d'aujourd'hui : le football (Arsène Wenger, Guy Roux, Jean-Pierre Papin), le tennis (Ugo Humbert), l'escrime (Enzo Lefort), la natation (Aurélie Muller, Jérémy Stravius), le rugby (Anthony Jelonch, Philippe Saint-André), la boxe (Sarah Ourahmoune)...

Pour la société civile, il faudra compter sur l'astronaute Thomas Pesquet, les chefs Thierry Marx, Anne-Sophie Pic, Alexandre Mazzia ou Juan Arbelaez, les artistes Jamel Debbouze, Jean-Pascal Zadi, l'animateur Denis Brogniart ou encore Miss France 2024, Ève Gilles. Laura Flessel, Camille Lacourt, Pascal Gentil et Manuela Montebrun ont été désignés capitaines des relais collectifs tandis que Laure et Florent Manaudou, Dimitri Pavadé (saut en longueur) et Mona Francis (paratriathlon) sont les capitaines des ambassadeurs du relais. Reste une inconnue, de taille : l'identité du ou des derniers relayeurs. Un secret très bien gardé. 

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Commentaires 6
à écrit le 09/05/2024 à 19:33
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Quel cirque...

à écrit le 09/05/2024 à 10:31
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Ils sont payés par coca cola ou Qatar Airways? Pas étonnant qu une majorité de français se détournent de ça … malgré le battage médiatique et dans les entreprises.. pour faire adhérer et federer faut associer .. les politiques comme les entreprises ...

à écrit le 09/05/2024 à 10:30
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Ils sont payés par coca cola ou Qatar Airways? Pas étonnant qu une majorité de français se détournent de ça … malgré le battage médiatique et dans les entreprises.. pour faire adhérer et federer fait associer .. or force est de constater que les Fra...

à écrit le 09/05/2024 à 9:10
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Avec tout ce qui ce passent autour, il n'y a plus de fierté mais que du cirque ! ;-)

à écrit le 09/05/2024 à 9:07
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Patrick Bruel, Jamel Debbouze, Marine Lorphelin, Soprano, Sabrina Ouazani, Virginie Ledoyen, Renaud Capuçon, Ben Mazué, Alexis Michalik, Alice Diop, Juan Arbelaez, Lassana Bathily ! Vous avez vu j'ai fais le taf hein... :-) LOL ! ^^

le 09/05/2024 à 10:05
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Merci. Je ne savais pas tout cela. Je suis mieux maintenant.

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