Ferrand élu sans surprise président de l'Assemblée

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Richard ferrand elu president de l'assemblee nationale[reuters.com]
(Crédits : Gonzalo Fuentes)

PARIS (Reuters) - Le député La République en Marche (LaRem) du Finistère Richard Ferrand a été élu sans surprise mercredi président de l'Assemblée nationale au premier tour de scrutin, en remplacement de François de Rugy parti au gouvernement.

Deux jours après avoir été désigné par sa famille politique, ce proche d'Emmanuel Macron l'a emporté avec une courte majorité de 254 voix sur 484 suffrages exprimés.

En 2017, François de Rugy avait été élu avec un score plus confortable de 353 voix, bénéficiant de l'absence de candidat du MoDem, le principal allié de LaRem à l'Assemblée où il compte une quarantaine de députés.

Afin d'exister davantage au sein de la majorité, le parti présidé par François Bayrou a cette fois présenté un candidat, Marc Fesneau, qui a obtenu 86 voix, bénéficiant visiblement des votes des élus centristes du groupe UDI, Agir et Indépendants.

"La fronde a commencé dans cette majorité hétéroclite", a raillé sur Twitter le député socialiste Luc Carvounas.

Sur LCP, la présidente du groupe socialiste, Valérie Rabault, a pour sa part ironisé sur le "score d'humilité" obtenu par Richard Ferrand, à qui il a manqué 58 bulletins pour faire le plein parmi les troupes de LaRem.

Quelques voix de sa famille ont manqué à la candidate des Républicains Annie Genevard, qui a obtenu 95 suffrages. Mathilde Panot, de La France insoumise, a récolté 17 voix, Ericka Bareigts, du groupe Socialistes et apparentés, avec 31 voix.

"J'ai parfaitement conscience que mon élection est plus le fruit de réalités politiques majoritaires que l'issue de nos compétitions de talent", a reconnu Richard Ferrand dans son premier discours de président.

"C'est avec une profonde humilité mêlée de gravité que je me suis présenté à vos suffrages", a dit l'élu de 56 ans, qui s'est présenté en "fidèle amoureux de la République".

"PERTINENCE" ET "IMPERTINENCE"

De Jean-Louis Debré à Philippe Seguin en passant par Laurent Fabius et Henri Emmanuelli, Richard Ferrand a rendu hommage à ses prédécesseurs, saluant également François de Rugy, nouveau ministre de la Transition écologiste, "placé face aux enjeux vitaux de sauvegarde de notre planète."

"Je serai garant de cette pluralité de conviction et d'action", a-t-il promis aux présidents de groupes.

Au terme de 15 mois de travaux denses et parfois émaillés de débats animés, le nouveau président a demandé à ses pairs de veiller "à ce que les passions légitimes qui nous animent ne dégradent pas l'idée que nos compatriotes peuvent se faire de nous collectivement, à ce que la pertinence soit toujours mieux entendue que l'impertinence."

Celui qui fut le rapporteur de la réforme constitutionnelle, dont l'examen a été reporté sine die cet été, a promis sans attendre une réforme du règlement intérieur de l'Assemblée.

L'élection de Richard Ferrand ouvre à LaRem la séquence de la désignation du nouveau président du groupe. Le dépôt des candidatures court de ce mercredi soir à jeudi soir 20h00 (18h00 GMT), en vue d'un vote interne à bulletins secrets mardi matin.

Plusieurs députés ont fait part de leur intérêt, comme Laetitia Avia, Gabriel Attal et Gilles Le Gendre. Les noms de Brigitte Bourguignon, Roland Lescure, Florent Boudié circulaient aussi mercredi dans les couloirs du Palais-Bourbon.

"Pas plus de cinq candidats, ce serait bien pour éviter l'éparpillement, privilégier une logique d'équipe sur une logique individuelle", a dit à Reuters un député LaRem de la jeune génération. "L'intérêt c'est l'unité de la majorité, l'utilité des réformes."

Alors que l'exécutif vit une rentrée difficile sanctionnée dans les sondages d'opinion, les élus de la majorité ont aussi entendu les impatiences du MoDem, symbolisée par la candidature de Marc Fesneau au "perchoir".

"Ces crispations qui naissent ne sont pas bonnes", estime un parlementaire LaRem. "Les députés MoDem font partie de la majorité, ils ont leur sensibilité. Beaucoup de mes collègues ne connaissent pas ceux du MoDem et les regardent parfois avec défiance quand il y a une diversité d'opinion."

(Elizabeth Pineau avec Simon Carraud, édité par Nicolas Delame)