Toujours 25% de risque d'un Brexit sans accord

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(Crédits : Max Rossi)

par Jonathan Cable

LONDRES (Reuters) - A quelques mois de la sortie officielle de la Grande-Bretagne de l'Union européenne (UE), la probabilité d'un Brexit sans accord reste à 25%, selon des économistes interrogés par Reuters.

Il faudrait que les négociations débouchent sur une avancée décisive en l'espace d'une semaine si l'UE doit avaliser ce mois-ci le moindre accord sur une sortie programmée le 29 mars, ont déclaré mercredi à Reuters plusieurs sources officielles et diplomatiques.

La probabilité d'un échec donnée par l'enquête Reuters est donc de 25% ce mois-ci comme en octobre. Elle a varié de 20% à 30% depuis que Reuters pose cette question, soit depuis juillet 2017. Les probabilités données dans la dernière enquête varient de 5% à 75%.

"Les deux parties ont tout intérêt à faire en sorte que le Royaume-Uni ne sorte pas de l'UE en catastrophe en mars", dit Peter Dixon (Commerzbank).

Mais, observe Stefan Koopman (Rabobank), "le risque d'un Brexit chaotique augmente; on dirait que (la Première ministre britannique) Theresa May a décidé d'attendre que tout le monde ait le dos au mur pour prendre des décisions", ajoute-t-il.

"C'est une stratégie très risquée car le système complexe du parlement britannique rend la ratification particulièrement aléatoire".

Malgré tout, l'issue la plus probable reste la conclusion d'un accord de libre-échange entre Londres et Bruxelles, dénouement prédit par toutes les enquêtes menées par Reuters sur le sujet depuis le début.

Vient en second rand l'hypothèse d'un Brexit sans accord et des relations commerciales gouvernées par les principes de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Enfin, suivant un troisième scénario, la Grande-Bretagne rejoindrait l'Espace économique européen (EEE), qui regroupe l'UE à vingt-huit ainsi que l'Islande, la Norvège et Liechtenstein, soit trois des quatre pays de l'Association européenne de libre-échange (AELE), le quatrième, non membre de l'EEE, étant la Suisse. Dans ce cas de figure, la Grande-Bretagne contribuerait au budget de l'UE pour conserver son accès au marché unique.

Dernière hypothèse, l'annulation pure et simple du Brexit. Aucun des économistes interrogés ne considère qu'elle soit la plus vraisemblable.

PERTE DE VITESSE

Même si la récession post-référendum du 23 juin 2016 ne s'est jamais concrétisée, la croissance a ralenti outre-Manche et les 70 économistes interrogés par Reuters la voient à 1,3% cette année.

En prenant en compte leurs prévisions pour le Brexit, ces mêmes économistes voient la croissance remonter à 1,5% en 2019 et y rester en 2020, en deçà de ce qu'elle était avant le référendum. Les prévisions pour 2019 s'étalent de 0,5% à 2,2%.

"L'économie fait mieux que prévu en 2018, après un premier trimestre très faible, mais la dynamique s'essoufle en raison d'un investissement plombé par l'incertitude liée au Brexit", remarquent des économistes d'UBS.

"En supposant que Londres et Bruxelles scellent un Accord de retrait et que le Parlement le ratifie avant la fin mars, cette incertitude sera atténuée un moment; nous pensons alors qu'il y aura une accélération (de la croissance) du PIB".

Interrogés sur la probabilité d'une récession dans l'année qui vient, les économistes donnent un chiffre médian de 23%, à peu près celui du mois dernier. Elle remonte à 30% pour une récession qui surviendrait dans les deux ans.

L'inflation a bondi dans le sillage du référendum, en raison surtout d'une chute de la livre sterling, et elle devrait rester au-dessus de l'objectif de la Banque d'Angleterre (BoE), qui est de 2%, jusqu'à la fin 2019.

Dans la mesure où aucun accord n'est encore annoncé, la BoE attendra jusqu'à avril 2019 au moins avant de relever son taux d'intervention d'un quart de point à 1%, pensent les économistes.

Une nouvelle hausse n'interviendra pas avant le début 2020 et elle sera à nouveau d'un quart de point, ajoutent-ils.

(Enquête par Sarmista Sen et Sumanto Mondal; Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Blandine Hénault)