Près d'un maire sur deux ne se représentera pas en 2020

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Pres d'un maire sur deux ne se representera pas en 2020[reuters.com]
(Crédits : Regis Duvignau)

PARIS (Reuters) - Près d'un maire sur deux songe à "abandonner tout mandat électif" et ceux qui ont été élus pour la première fois en 2014 sont 60% à l'envisager, ce qui augure d'un important renouvellement aux élections municipales de mars 2020, selon une étude du Cevipof rendue publique jeudi.

L'enquête du Centre de recherches de Sciences-Po, intitulée "Les maires de France : entre résignation et incertitude", a été réalisée en ligne, en lien avec l'Association des maires de France, du 12 octobre au 3 novembre auprès de 35.357 maires, dont 4.657 ont répondu à la totalité du questionnaire transmis.

"A l'enthousiasme du succès électoral succède aujourd'hui chez bon nombre de maires une certaine fatigue psychologique face aux attentes de plus en plus élevées des citoyens", note l'étude, même si elle ne conclut pas à "un malaise généralisé".

A la question "Prévoyez-vous d'abandonner votre mandat à la fin de celui-ci?", 48,9% répondent par l'affirmative, 51,1% par la négative.

La première raison avancée est la volonté de se concentrer sur sa vie personnelle et familiale (70,8%), quels que soient l'âge, la situation matrimoniale de l'édile ou la taille de la commune.

Des élus l'expliquent à 52,5% par le sentiment d'avoir rempli leur devoir civique, particulièrement dans les communes de moins de 5.000 habitants.

A 36,7%, ils citent les "difficultés à satisfaire les demandes" de leurs administrés.

"Les élus peuvent ressentir un malaise dans la représentation sociale de leur fonction qui n'est plus seulement perçue comme un savant mélange de lien social, de proximité démocratique et de solidarité mais de plus en plus comme une relation entre citoyen 'contribuable' et maire 'fournisseur de services'", explique Martial Foucault, directeur du Cevipof.

UNE DÉCENTRALISATION MAL VÉCUE

Nombre d'entre eux critiquent aussi les regroupements intercommunaux et s'inquiètent d'une moindre marge de manoeuvre, parlant d'une "dépossession" politique et administrative. Au 1er janvier 2018, 35.294 communes étaient regroupées en 1.263 ensembles intercommunaux.

Ils sont 33,9% à estimer ne plus/pas avoir les moyens financiers de leurs actions.

"Les tensions actuelles entre l'exécutif national et les collectivités territoriales font écho aux traumatismes vécus par plusieurs maires en matière de recentralisation financière mais aussi en termes d'effets de réformes précédemment adoptées ou d'annonces autour de la suppression de la taxe d'habitation", relève l'étude.

Au total, 75% des maires jugent défavorablement les changements introduits par la loi de 2015 sur la nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRe), qui marquait l'acte III de la décentralisation avec le renforcement des compétences des régions et des établissements publics de coopération intercommunale.

En matière de réformes institutionnelles, la réorganisation des services déconcentrés de l'Etat est vécue de manière négative par 68% des maires.

Pour 15,3% des élus, c'est le sentiment d'être "inutile" qui guide leur décision de ne pas se représenter; 14,8% invoquent le manque de personnel, 7,3% le voeu de s'engager dans le monde associatif, 4,4% le "manque d'influence" dans l'équipe municipale.

Le 101e congrès des maires de France se tient du 20 au 22 novembre prochains à Paris sur le thème "Servir le citoyen et agir pour la République".

(Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)